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Dissertation sur les Oeuvres de François Villon

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Par   •  27 Novembre 2024  •  Dissertation  •  1 933 Mots (8 Pages)  •  152 Vues

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 Dissertation de Littérature du Moyen-âge

François Villon, poète du XVe siècle, incarne une figure emblématique de la littérature médiévale. Il se distingue par la singularité de sa poésie, une poésie marquée par un profond sentiment d'angoisse et de désespoir, issus d'une existence tumultueuse et souvent tragique. Dans Œuvres complètes, le motif du carnaval est omniprésent mais cohabite souvent avec l’expression d’un profond désespoir. C’est du moins ce que pense Jean Dufournet, spécialiste de la littérature médiévale. Selon lui, « le carnaval, par lequel se meuvent êtres grotesques et figures grimaçantes, est le seul moyen pour Villon non pas de cacher son désespoir mais de l’exprimer ». Nous commencerons par définir les éléments clés de ce propos qui structurerons notre analyse. Le carnaval renvoie ici à l’idée de fête, de mouvement, de liberté. Dans le cas de Villon, c’est un espace qui permet le dévoilement de vérités cachées sous des masques tout en se libérant des conventions. Les êtres grotesques et les figures grimaçantes sont deux éléments liés : d’une part les être grotesques représentent des personnages caricaturaux, absurdes et ridicules qui permettent la critique sociale émise par le poète et d’autre part les figures grimaçantes indiquent des personnages déformés avec une double facette à la fois comique et tragique. D’après Dufournet, Villon utilise ce carnaval comme outil, il ne cherche pas à dissimuler ce sentiment de douleur profonde qu’est le désespoir mais plutôt à le rendre manifeste. En d’autres termes, Villon se servirait d’une variété de personnages tous plus saugrenus les uns que les autres afin d’exprimer son désespoir. Ainsi, cela renforce l’idée que Villon met en scène un carnaval de personnages dans le but d’exprimer le tourment de son âme mais cela met de côté l’idée qu’il cherche aussi à dévoiler la réalité cachée de son temps en donnant voix à des êtres marginalisés. Dans quelle mesure la poésie de Villon n’est-elle pas seulement l’expression de son désespoir mais de bien d’autres aspects mis en scène par une polyphonie des voix ? Il s’agira d’abord de montrer que Villon exprime son désespoir par le biais d’un univers carnavalesque. Dans un deuxième temps, nous évoquerons les autres thèmes abordés par l’auteur. Enfin, nous verrons que le poète donne voix à d’autres personnages tout en parlant de lui-même afin de dévoiler la réalité cachée de son époque.

Dans un premier temps, Villon exprime son désespoir par le biais d’un univers carnavalesque. Il mêle éléments festifs et tragique pour exprimer un sentiment de désespoir profond dans un espace lui permettant de transgresser les conventions.

Tout d’abord, plusieurs éléments carnavalesques sont présents dans l’œuvre de Villon. Ce dernier a recourt à un langage festif, à des jeux de mots qui rappellent les plaisirs du carnaval. Dans certaines strophes, il évoque même des scènes de festins, de convivialité où  les plaisirs de la vie tels que le vin et la viande sont célébrés. Nous pouvons citer les trois premiers vers du huitain XXXII du Testament : « Bons vins ont, souvent embrochez/ Saulces, brouestz et groz poissons/ Tartes, flans, oefz fritz et pochetz ».  Le caractère carnavalesque de l’œuvre est également renforcé par le rire et le grotesque qui prennent le dessus sur le sérieux. Plusieurs personnages comme les malfrats, les ivrognes, le ribaud ou encore certains personnages ecclésiastiques sont présentés de manière grotesque et ridicule. Ces personnages sont décrits avec humour et ironie dans des situations parfois cocasses, le but étant de rendre le récit plus léger. Par exemple, dans les huitains V, VI et CXXV du Testament  Villon se moque de Jean Cotard, procureur en cour d’Eglise. Il évoque son comportement dépravé et souligne son goût pour l’alcool dans une oraison qu’il lui consacre « sur tous c’estoit ung bon archer » (v.1249). Les dons réalisés par le poète dans Le Lais et Le Testament prêtent aussi au rire. Il réalise une série de lègues incongrus, drôles, insultants ou même absurdes à des personnes qu’il ne connait parfois pas ou très peu.

De plus, le carnaval est un espace de liberté qui permet la subversion des conventions. Villon renverse les codes et ce dès le choix d’une écriture testamentaire. Ce type d’écriture qui relève de l’administratif donne naissance à un document rédigé indiquant les dernières volontés de la personne qui l’écrit. C’est en effet ce que l’auteur fait puisqu’il donne d’abord son identité, son statut social « L’an quatre cens cinquante six/ Je, Françoys Villon, escollier » (huitain I du Lais) puis il se recommande à Dieu et émet ses dernières volontés, il précise les conditions de son inhumation et ses exécuteurs testamentaires. Cependant, il va reprendre le genre du testament pour le modifier afin de le rendre plus long et d’en faire une parodie. Au fil de ce testament sont même insérés des pièces poétiques venant interrompre le flux des dons et rendant la poésie de Villon plus singulière.

Enfin, le carnavalesque permet l’expression du désespoir du poète. François Villon est un être tourmenté, marqué par un profond désespoir et une grande tristesse. Ces éléments sont marqués par la forte présence du champ lexical du désespoir : « je plains » (v.169), « povre » (v.273), « me grementant » (v.281), « douleur » (v.284), « regrecte » (v.431), « tristesse » (v.432). Il dresse un autoportrait dépréciatif de sa propre personne et va même jusqu’à indiquer attendre sa mort dans le Testament « Se pour ma mort le bien publicque » (v.121/ huitain XVI). La lamentation est très fréquente, il se plaint de sa vie passée, de ses erreurs, de ses études, de ses amis perdus… De même, de nombreux éléments font référence à sa misère et à sa tristesse.

Ainsi, l’univers carnavalesque permet à Villon d’exprimer son désespoir. Cependant, d’autres thèmes sont abordés également par le biais de ce même intermédiaire.

Dans un deuxième temps, il est important de souligner que Villon n’exprime pas seulement son désespoir mais qu’il aborde bien d’autres thèmes.

Tout d’abord, l’importance de la figure de Dieu est essentielle. Celui-ci est mentionné à plusieurs reprises, ce qui fait écho à la société christianisée de l’époque « ou nom du Père/ Du Filz et du Saint Esperit » (v. 65/66 du Lais), « Dieu » (v.16/ 32/ 793/ 1358 du Testament), « Jhesus » (v.23/ 904 du Testament).  Bien qu’elle ne soit pas forcément liée à une croyance, cette figure divine reste importante. La mention de Dieu inclue une quête de la rédemption, une réflexion sur la moralité, un dialogue avec le Divin ou encore une critique de la société. Dans la Ballade des pendus, l’un des textes le plus connu de François Villon, ce dernier met en scène des pendus qui s’adressent aux humains. Les pendus, victimes de leurs sorts implorent Dieu pour obtenir pardon et compassion. Ici se pose des questions de l’ordre de la rédemption, du jugement divin et de la fatalité de la vie.  

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