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La vérité et la connaissance

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Par   •  13 Octobre 2017  •  Cours  •  3 181 Mots (13 Pages)  •  768 Vues

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INTRODUCTION :

Depuis le début de la décennie 2000, certains auteurs ont signalé un dangereux changement de cap dans notre rapport collectif aux faits : on parle aujourd'hui d'un monde de la "post vérité" (la réflexion commence entre autres avec la parution du livre On Bullshit de Harry Frankfurt en 2004). Dans cette nouvelle ère qui est la nôtre, ce que les Américains appellent le bullshit est au-delà de la vérité et du mensonge ! Le menteur admet en son for intérieur que la vérité existe, il la violente mais cette violence même est une reconnaissance de sa valeur ;  le bonimenteur (l'expression est de Patrick Boucheron, professeur d'histoire de la pensée politique au Collège de France) a déplacé ou détourné le problème, il ne tente pas de convaincre que ce qu'il dit est vrai mais que c'est lui qu'il faut écouter ou regarder. Pour ce qui concerne à la vérité, il l'ignore ! On a déplacé (au sens analytique) l'objet depuis le "fait", dont on verra qu'il est fondé sur une enquête qui se veut la plus objective possible, vers celui qui parle. C'est presque comme si nous étions revenus à une situation "archaïque" où la vérité est fonction de celui qui parle et non pas de ce qu'il dit (ce que Marcel Detienne appelle un "maître de vérité"). Mais "presque comme si" ce n'est pas "identique à", car en réalité si le déplacement est bien revenu vers l'énonciateur du discours,  c'est au prix de la liquidation totale de la catégorie "vérité" ! Dans ce cauchemar régressif de notre temps, les réseaux sociaux, les théories du complot, et une hypertrophie narcissique généralisée, ont joué un rôle non négligeable.

La philosophie s'oppose radicalement à cette construction.

Deux mots sur le titre un peu obscur...

Pourquoi la raison, parce que c'est l'outil fondamental que se donne la philosophie et les sciences, mais cette raison ne fonctionne pas pour elle-même, elle nous sert à comprendre, appréhender quelque chose qui nous est extérieur : la réalité (ou le réel). Le rapport entre les deux porte le nom de connaissance, et nous la voulons la plus vraie possible.

I. LA CONNAISSANCE ET LE RAISONNEMENT 

Le point de départ de la démarche rationnelle commence lorsque l'on cesse de dire que quelque chose est vrai parce qu'on le pense (opinion) ou qu'on le dit (argument d'autorité), mais parce que ce que l'on énonce ou écrit semble correspondre de manière adéquate à une réalité. C'est le point de départ de toute démarche philosophique ! La vérité repose sur des critères qui ne sont plus purement subjectifs, la vérité repose sur des conditions qui nous sont extérieures et sur lesquelles nous pouvons nous mettre d'accord, leur accorder notre assentiment : ce que l'on appelle des conditions objectives.

Mais sur quoi portent nos connaissances ? Quelles sont ces choses que nous appelons "vraies"?

Leçon 1 : Définir la vérité

Il nous faut distinguer les deux approches de la vérité : soit au sens strict selon le grec aletheia (dévoilement de ce qui est oublié ou caché) ou alors, selon une autre comme le mot grec epistémè (le chemin qui nous mène à la connaissance) nous le laisse entendre. Tout au long de ce thème, nous affirmerons qu'il est impossible de prétendre à un dévoilement absolu de la vérité, mais que notre compréhension du monde peut être plus ou moins adéquate (a minima dans un sens purement pragmatique). Il va donc s'agir de connaître en approchant de plus en plus, plutôt que de dévoiler et révéler.

a. La vérité = ce qui est

Elle serait quelque chose qui ne dépend absolument pas de nous mais correspond à la réalité profonde du monde qui nous entoure. Mais dans ce cas-là elle nous serait largement inaccessible puisque nous n'avons accès à ce monde que par l’intermédiaire de nos sens limités et imparfaits, et de notre intelligence limitée et imparfaite elle-aussi. Nous n’accéderons jamais pleinement à la vérité de "ce qui est".

b. La vérité = une connaissance +/- adéquate de ce qui est

Nous définissons la vérité comme une connaissance, c'est à dire un rapport entre notre pensée, notre raison, notre intellect et ce qui est. Et ce rapport peut être plus ou moins adéquat, plus ou moins exact. La question n'est donc plus d'atteindre à une forme d'illumination totale, mais à une meilleure connaissance du monde.

Transition. Dans ce cas, à quel type de connaissance pouvons-nous espérer parvenir ? Comment pouvons-nous espérer y parvenir ? Et quel type de certitudes ces connaissances nous donnent-elles ?

Leçon 2 : La connaissance pure

N'existe-t-il pas une forme de connaissance qui possède une valeur de vérité absolue, qui soit toujours vraie quelles que soient les circonstances, en dehors donc de toute expérience ? Un type de connaissance qui soit donc vrai a priori ? Un type de raisonnement qui prouve de manière irréfutable ?

Une réponse nous vient immédiatement à l'esprit : les mathématiques et la logique !

A. Le raisonnement par déduction : l'exemple des mathématiques

Nous allons partir d'un exemple pour remonter aux principes qui le fondent. Cet exemple n'est pas rigoureux au sens de l’arithmétique pure (les opérations sur l'ensemble N des entiers naturels) ! Mais il suffira à nous faire comprendre les bases du raisonnement mathématique :

Nous voulons prouver que la proposition "1+1=2" est vraie dans tous les cas (oui, je sais, cela vous semble évident ! Pourtant cela ne va pas de soi).

Pour cela nous partirons de 8 règles (certaines ne seront pas utilisées mais sont reprises par commodité à des fins de compréhension) :

R1 : un nombre noté 0 existe, il appartient à un ensemble noté N.

R2 : tout nombre x appartenant à l'ensemble N a un successeur note S(x).

R3 : 0 n'est le successeur d'aucun nombre.

R4 : x = x

R5 : S(x) + y = x + S(y) (y et x appartiennent à N)

R6 : x + 0 = x

R7 : x = y <=> y = x

R8 : on définit par notation que S(0) = 1 et que S(S(0)) = 2

S(z) + S(z) = S(z) + S(z) (règle 4)

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