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Comment Grandgousier traita humainement Touquedillon prisonnier

Commentaire de texte : Comment Grandgousier traita humainement Touquedillon prisonnier. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Octobre 2015  •  Commentaire de texte  •  1 985 Mots (8 Pages)  •  1 663 Vues

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L. A 3 : Chapitre 46 : « Comment Grandgousier traita humainement Touquedillon prisonnier »

À la suite d'une querelle entre les gens de Picrocole et ceux de Grandgousier, Pichrocole a déclaré la guerre à son voisin, le père de Gargantua. Frère Jean des Entommeurs, compagnon de Gargantua, a capturé Touquedillon, capitaine de Picrochole. On amène le prisonnier à Grandgousier. Utilisant le ton d'un traité de morale politique, Rabelais montre avec le personnage de Grandgousier que le premier devoir d'un souverain est de maintenir la paix et non de faire la guerre.

PBQ : Comment Rabelais dresse-t-il ici le portrait type du « bon prince » ?

I Tout d'abord par l'exemple de Grandgousier

A. En effet, Grandgousier se comporte comme un souverain humain

Son attitude est contraire à ce qu’on attendrait qu’un souverain fasse d’un prisonnier. Il pourrait emprisonner Touquedillon, ou le tuer. Il n'en fait rien.

· Au contraire il lui rend sa liberté l. 19 « allait vous en ». L'emploi de l'impératif montre qu'il

use de son autorité non pas pour punir mais pour inviter Touquedillon à reprendre sa liberté. À la fin de son discours Grandgousier lui demande même son avis : « lui demanda s'il voulait demeurer avec lui ou s'il préférait retourner auprès du roi ». La conjonction de coordination « ou » soul. le choix laissé par Grandgousier. Devant l’indécision de Touquedillon Grandgousier prend la décision lui-même, décision qui lui semble la meilleure pour Touquedillon, à savoir de retourner auprès de son roi au plus vite.

· Il ne demande pas non plus de rançon l. 23 « je vous en dispense totalement » et il ne lui

confisque aucun bien « je veux que l’on vous rende armes et cheval » l. 23-24

· Il fait même donner à manger à Touquedillon l. 41- 42 « tandis qu'on préparait une collation pour le dit Touquedillon ».

· Il justifie sa clémence par des liens de fidélité et d'amitié l. 25 : « c'est ainsi qu'il faut agir entre

voisins et anciens amis »→C’est sur de telles valeurs que la paix peut être maintenue.

· Grandgousier est magnanime : il reconnaît les torts des gens de Pichrocole et des siens comme

le souligne l’utilisation du déterminant possessif « son » l. 30 et de la coordination « les vôtres et nôtres » l. 29 -30. La précision qu'il fait l. 30 par le tiré « – j'entends » montre son souci d'être bien compris et de ne pas attiser la querelle.

B. C'est aussi un roi clairvoyant

· Il rappelle à Touquedillon que l'origine de cette guerre est sans fondement. Veut minimiser le

conflit qui l’oppose à Pichrocole. En effet faire la guerre pour un simple vol de fouaces, ce n'est pas raisonnable. On le voit par l'emploi d'adjectifs et de nom tels que « n'est pas une véritable guerre » l. 26, « elle n'est que superficielle » l. 27, « elle n'entre pas au plus profond de nos cœurs » l. 27-28. Aux termes de guerre il oppose « réparer une faute commise » l. 29-30. Pour Grandgousier, ce différend entre les gens de Picrochole et les siens ne justifie pas la guerre.

· Sa clairvoyance apparaît aussi à travers les leçons qu'il donne à Touquedillon :

– À plusieurs reprises Grandgousier exhorte Touquedillon à suivre et à appliquer son raisonnement. Il utilise pour cela des expressions qui tiennent lieu de principes et de maximes : l. 67 : « qui trop embrasse mal étreint » ; « en perdant le bien public, on perd aussi le sien propre » l. 22 et l. 25 « c'est ainsi qu'il faut agir entre voisins et anciens amis ». Rabelais veut nous donner une leçon de morale politique.

– « ne le conseillez jamais en songeant à vos intérêts personnels » : cet impératif exhortatif permet à Grandgousier de transmettre sa sagesse au capitaine de Pichrocole. Il appuie ce conseil par une formule en forme de proverbe qui donne plus de poids à son conseil : « en perdant le bien public, on perd aussi le sien propre » l. 22. Pour Grandgousier la patrie (représentée ici par l'expression « bien publique ») doit passer, pour l'homme d'État, avant son intérêt particulier. Il s'agit ici d'une critique à tous les mauvais conseillers dont s’entourent souvent les princes, mauvais conseillers qui n'agissent que pour satisfaire leurs ambitions personnelles.

· Autre conseil l. 32 « vous auriez dû n’en pas tenir compte ». Le conditionnel passé permet à

Grandgousier d'adresser à la fois un conseil et un reproche à Touquedillon et à Pichrocole, à savoir qu'en matière politique il faut être avisé, et ne pas agir trop vite.

→On voit que la portée des propos de Grandgousier ne se limite pas à la guerre picrocholine : les maximes qu'il énonce valent comme des règles générales qui ne visent pas uniquement à dénoncer l'attitude de Picrochole mais celle de tous les gouvernants mus par un désir de conquête. D'ailleurs le fait que Grandgousier s'adresse à Touquedillon en employant la deuxième personne du pluriel de politesse laisse la possibilité aux lecteurs de s'identifier au destinataire du discours.

C. De plus, il se conduit conformément aux préceptes de l'Évangile

Grandgousier s'appuie pour gouverner sur les préceptes des Évangiles et notamment sur :

– l'amour « de son prochain » l.8 « de son frère chrétien » : L'emploi du terme « prochain » fait directement écho aux préceptes du Christ selon lequel il convient d’aimer son prochain comme soi-même.

– Grandgousier se donne pour premier commandement de ne pas offenser Dieu l. 37 «lui que je supplie de m'arracher à la vie et

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