École du regard

Ecriture personnelle

« Il faut regarder, c'est tellement difficile de regarder » dit Henri Cartier-Bresson

Le photojournalisme est un moyen d’expression, un art et un plaisir à la fois. Regarder est le fait de porter le regard vers, sur quelque chose, quelqu'un. Difficile est un adjectif qui signifie que ce n’est pas facile à réaliser, que cela exige des efforts.

L'école du regard est un lieu où l'on apprend le savoir-faire de photographe et les compétences pour faire des images satisfaisantes.

Le photojournalisme est-il forcément associé à une école du regard ?

Je pense qu’il est associé à une école du regard dans la mesure où un photojournaliste ne peut pas faire de bonnes photos s'il ne sait pas regarder.

Être photojournaliste, c'est avoir un minimum de culture, de connaissances du terrain sur lequel on va se trouver. Un amateur peut également prendre des photos intéressantes mais le cadre sera différent. Un photographe prend beaucoup de risques pour vivre ces événements. Il y a donc encore des possibilités, mais c'est une responsabilité qu'il nous est difficile de prendre. L'Irak par exemple est le lieu où il y a le plus de journalistes tués.

Une photo est un instant pris dans l’histoire et n’a pas de but narratif. Elle est là pour montrer les faits et non pas servir de propagande.

Pour être un bon photojournaliste, je pense qu’il faut une formation préalable, un amateur à beau apprécier ses photos, elles n’auront rien à voir avec celles d’un photojournaliste. Prenons l’exemple de la photo de Stéphane Mahé « Le crayon guidant le peuple » du 11 janvier 2015. Enormément de monde se situait au même endroit, au même moment mais c’est ce photographe qui a pris l’instant décisif. Le cliché réalisé lors de la marche républicaine a fait le tour du monde. Cette photographie d'un homme installé sur Le Triomphe de la République et brandissant un crayon symbolise l’espoir d’un monde meilleur et d’une liberté d’expression qui ne devrait pas être remise en cause par certains. Cette photo rejoint forcément celle de Martin Argyroglo, jeune photographe indépendant dont l'image fait le tour du monde également et la une de « l’Obs ». De fait, comme celle de Stéphane Mahé, l'image de Martin Argyroglo nous rappelle "La Liberté guidant le peuple" d'Eugène Delacroix.

Ensuite, une photographie de professionnel va permettre de sensibiliser la société ce qui va lui donner le pouvoir de changer l’histoire. En effet, le cliché de Nick Ut lors de la guerre du Vietnam a permis d’accélérer sa fin. Je pense que voir des enfants ayant survécu comme ils ont pu à ce terrible désastre mérite que l’on prenne des mesures afin que cela s’arrête. Nick Ut a fait plus que son travail de photojournaliste, il a accompagné Kim Phuc à l’hôpital, le devoir de la sauver étant primordial. Personne ne mérite de perdre la vie, ou de vivre avec les traces aussi lourdes que celles de Kim Phuc après avoir été terriblement brûlée. Elle a fait même beaucoup plus que de survivre à cette guerre, elle a pardonné aux bombardiers de son village. Je pense que cette photo a été l’élément déclencheur d’une réflexion à la condition des enfants qui ont vécu le pire mais qui ont trouvé la force de pardonner.

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