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Le Rire : peut-on rire de tout ?

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Par   •  23 Mai 2012  •  Dissertation  •  1 524 Mots (7 Pages)  •  1 637 Vues

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2) Peut-on rire de tout ?

La question est caricaturale mais toujours on ne peut plus d’actualité. Parce qu’elle engage toute la société, cette interrogation est cruciale et nous sommes loin d’en avoir fait le tour, d’autant qu’elle est plus complexe qu’il n’y paraît.

Faites d’ailleurs le test : spontanément, nous sommes tentés, nous, enfants d’un pays dont la devise pose la liberté comme première et primordiale, de répondre « oui ». Oui, il faut rire de tout. Parce que cette capacité engage notre liberté, parce que c’est vital, parce que c’est la preuve que nous sommes en démocratie…mais rapidement, surviennent les problèmes.

Puis-je, moi, vraiment rire de tout ? Tout me fait-il rire ? La réponse tend vers la négation : je n’ai pas envie de rire lorsqu’il m’arrive quelque chose de grave ; pas plus que lorsque mes proches ou des milliers d’individus sont touchés. Tous les sujets ne me font pas rire parce que, avant, ils m’auront heurté d’une manière ou d’une autre : est-ce que la pédophilie est un sujet qui se prête chez moi à l’humour ? En soi, même, est-ce un sujet qui prête à rire ?…pas évident. Plus encore, il y aura des gens avec lesquels je pourrai rire de certains sujets et d’autres non : la sexualité est un sujet de prédilection avec les amis, moins avec les parents ! Choisir son interlocuteur limite donc le champ des possibles du rire.

Viennent ensuite les problèmes d’ordre éthique : ai-je le droit (d’un point de vue moral) de rire de tout ? N’est-ce pas considérer que rien n’a d’importance ? Or n’y a-t-il pas chez moi (et par extension chez l’autre) des sujets qui comptent, des choses qui nous tiennent à cœur et dont je n’aurais pas envie que l’on se moque ? Famille, religion, sexualité, histoire personnelle ou collective, maladie, mort…sont autant de sujets dont je ne rirai pas facilement voire dont je ne veux pas rire, parce que c’est sérieux, dur, triste ou méchant…

Or la hiérarchie des valeurs n’est pas la même pour chaque individu : certains vont se moquer de leur histoire, d’autres ne seront pas touchés par la question religieuse…alors mettre des barrières aussi larges, ne revient-il pas tout simplement à se priver de rire ? S’il faut prendre des gants avec les uns et les autres, puis-je encore trouver un terrain d’entente pour un « rire ensemble » ?

Voyons, à la lumière d’éléments récents, comment se posent encore dans nos sociétés modernes les limites du rire.

a) Le rire et la censure

Vous croyiez que la censure n’existait plus aujourd’hui en France ? Détrompez-vous !Des faits récents vont à l’encontre de cette assertion rassurante mais erronée.

Commençons par rappeler que l’humour est, par excellence, quelque chose de diachronique. Il n’existe pas d’humour pérenne : toute forme d’humour s’inscrit dans le temps, dans une époque ou dans une génération. Ce qui faisait rire nos parents ne nous fait plus rire aujourd’hui (sans pour autant nous choquer, d’ailleurs, simplement, nous ne jugeons plus cela drôle).

Plus encore, nous sommes dans une société où les groupes ethniques mais aussi sociaux, politiques et religieux sont si importants que le rire transversal n’est presque plus envisageable. Plus encore, la tendance est à se moquer des tenants des autres groupes, créant ainsi des tensions malsaines (que seul le rire pouvait jusqu’à présent apaiser !). Celles-ci vont jusqu’à des dépôts de plainte et personne ne rit plus !

Ce problème engage toute la société et l’ensemble de ses valeurs clés : liberté, bien sûr mais aussi tolérance, bienveillance…la seule issue moderne qui a été trouvée à cette lutte des clans dans l’humour c’est l’autocensure. Si le pouvoir ne censure plus comme il le faisait au temps des Lumières, c’est bien parce qu’il n’a plus à le faire : les humoristes se restreignent, rechignent à pousser plus loin leur verve humoristique de peur de heurter, de blesser voire d’être sanctionnés.

Ecoutez les sketchs de Desproges et voyez si un humour pareil est encore audible aujourd’hui sur des chaînes de télévision ou à la radio ! La question n’est pas même ici de savoir si cela ferait rire les jeunes générations mais simplement de savoir si ce serait audible[1] !

Il restait quelques trublions sur nos antennes qui n’avaient peur ni de Dieu ni du diable et qui coûte que coûte disaient ce qu’ils pensaient, que cela plaise ou non… et cela n’a pas plu.

Les humoristes de France Inter ont fait l’objet en juin 2010 de vives remontrances puis d’un licenciement (non-reconduction de leur contrat) pour des propos diffamatoires

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