Le Quotidien

Pour réaliser ce dossier, j'ai commencé par lire un incontournable de l'éducation spécialisé : Joseph Rouzel. En effet, le titre d'un de ces ouvrages est en lien direct avec mon thème : « Le quotidien en éducation spécialisée ». (étayer)

a. Joseph Rouzel : un auteur engagé de l’action sociale

Joseph Rouzel est né à Rennes en 1949.

Il entame une réflexion dans sa jeunesse autour du sens du monde car ce dernier ne lui convient pas. Il se rassemble ensuite en communauté pour vivre en autarcie avec des amis.

A la naissance de son premier enfant, le sujet de l’éducation lui pose question. Depuis 1975, date où il a commencé sa formation d’Educateur Spécialisé, il est engagé dans l'action sociale et responsable d'un lieu d'accueil dans le Gers avec sa femme.

Il a exercé pendant de nombreuses années comme éducateur spécialisé. Après le DEES, il a travaillé auprès de populations très marginalisées: psychotiques et toxicomanes.

Diplômé de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, titulaire d'un DEA de psychanalyse, doctorat d'études philosophiques et psychanalytiques en cours, il est aujourd'hui formateur à l'IRTS de Montpellier et psychanalyste en cabinet.

Depuis plusieurs années Joseph Rouzel expérimente l'écriture des pratiques sociales. Il est journaliste de la presse spécialisée (VST, Lien Social, Empan...). Il est l'auteur de : « Parole d'éduc » (Eres, 1995) et « Ethnologie du feu » (L'Harmattan, 1996). Il a aussi écrit : « Le travail d'éducateur spécialisé » (Dunod, 1997) ; « Le quotidien dans les pratiques sociales » (Théétète, 1998) ; « L'acte éducatif » (Eres, 1998) ; « La pratique des écrits professionnels en éducation spécialisée » (Dunod, 2000). Il a créé et dirige des collections chez deux éditeurs (Erès et Champ Social) ouvertes à la réflexion des travailleurs sociaux.

Il anime aussi de nombreuses formations dans le domaine de l'éducation spécialisée, du travail social et de la psychanalyse et intervient dans des colloques et journées de réflexion en France et à l'étranger.

b. Théorie et pratique : une union indispensable

L'origine grecque du mot « théorie » est théoria, exercée par des théoricoï, guetteurs envoyés tous les matins sur les collines qui entourent Athènes pour observer ce qu’il se passait dans la journée. Le soir venu, ils descendaient de leurs perchoirs et rendaient compte aux Sénateurs de ce qu'ils avaient vu.

« C'est à la lumière de ses différentes « « théories » (points de vue) que les « politiques » (ceux qui s'occupent de la cité) décident et agissent.» (Rouzel, année, p.13).

Aujourd’hui, le « rendre-compte » ou l'évaluation sont aujourd'hui la base du travail social. On part d'observations du quotidien puis on en émet des hypothèses et des analyses en s’appuyant sur des théories et des concepts développés par des théoriciens. L'auteur nous dit ici que le savoir théorique, du fait de tous les comptes que l'on doit rendre à qui de droit, prend le pas sur le savoir-faire au quotidien. Pour lui, le quotidien est la base de notre pratique. « Il faut, de mon point de vue, envisager un retournement à 180 degrés pour partir de la pratique et non de la « théorie ». (Rouzel, année, p. 5).

Pour lui, l'éducation spécialisée au quotidien ne peut et ne doit pas naître d'une seule théorie mais d'un « bricolage » entre divers discours, théories, pratiques : il donnera, dans son livre, naissance à « l'éducation spéciale » : « Il s'agit d'envisager ici la naissance d'un discipline (l'éducation spéciale), au carrefour de la philosophie, des sciences (dites) humaines, des sciences (dites) sociales et de la psychanalyse. » (Rouzel, année, p.6). Ceci pour donner consistance à l'acte éducatif au quotidien.

Il y a 3 étapes pour 4 temps dans ce « bricolage » pour construire une pratique éducative :

- L’expérience sur le terrain (la pratique)

- L’élaboration (praxis)

- La transmission (le praticable)

Sans l'alliance de ces 3 étapes, la pratique éducative s'éteint.

« Un savoir advient au fil des séances, qui est produit par chacun dans ces efforts pour élaborer des situations issues de sa pratique. Mais ce savoir n'a rien d'individuel : il profite à l'équipe, je dirai même qu'il produit l'équipe. » (Rouzel, année, p.12).

Un grand philosophe Allemand du XXe siècle, Martin Heidegger a écrit, en 1927, « Sein und Zeit », traduisant « L'être et de le temps », en rupture totale avec la pensée philosophique de l'époque. Ce dernier essaie de montrer qu'il ne s'agit pas seulement de penser la philosophie mais de la vivre. Il va donc chercher à allier théories philosophiques et pratiques du quotidien. « Quelle préoccupation avons-nous du quotidien dans notre vie ? » (Rouzel, année, p21). Encore une fois, J. Rouzel nous indique qu’on ne peut pratiquer sans théorie et qu’on ne peut théoriser sans pratique.

c. La routine : un quotidien bousculé ou l’inattendu dans l’ordinaire du quotidien

Ici, J. Rouzel évoque sa première fois en tant que travailleur social et les souvenirs que les situations faisaient remonter.

Sa première réaction est de penser que la vie est comme un jeu de carte, on tire parfois le mauvais jeu. Cela procure une perte de repères, l'étrangeté avec laquelle on ne se familiarise que dans la parole et le langage au quotidien. « La parole est l'asile que nous partageons. »( Rouzel, année, p 43).

L’auteur rappelle l’origine du mot allemand « Unheimlich » institué par Freud signifiant le non-familier; l'étrange. Freud évoque cette notion dans son concept de l'inquiétante étrangeté (source d'angoisse). En Allemand, ce mot est l'opposé de « Heimlich » qui signifie le quotidien organisé, la maison. Pour Freud ce sont des opposés mais qui peuvent se recouper. L'étrange, quand il débarque dans le quotidien dérange.

Dans le quotidien, il y a deux éléments opposés :

– la routine

– l'imprévu

L'éducateur travaille

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