Fiche de lecture : Ces enfants empêchés de penser, Serge Boimare

Fiche de lecture                 " Ces enfants empêchés de penser"

de Serge Boimare

2008  Editions Dunod, Paris

175 pages

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J'ai choisi ce livre, qu'on vient de m'offrir, pour mieux connaître les difficultés des enfants que je rencontre dans le cadre d'un stage en ITEP.  Serge Boimare propose dans cet ouvrage, une analyse des troubles des apprentissages et une médiation par la culture pour des enfants en grande difficultés à l'école.

Serge Boimare était instituteur, il s'est spécialisé dans les difficultés d'apprentissage pour devenir psychopédagogue puis directeur du centre psychopédagogique Claude Bernard de Paris.

"Ces enfants empêchés de penser"

De la peur d'apprendre à l'empêchement de penser (p 3 à 8)

15% des enfants d'une classe n'arrivent pas à accéder aux savoirs fondamentaux sans avoir de déficience intellectuelle.

Causes : sociales, psychologiques, médicales, culturelle...  

Manifestations : des enfants qui ne veulent ou ne peuvent pas se confronter aux exigences des apprentissages. Des enfants qui ne peuvent pas s'appuyer sur leur pensée pour apprendre et qui sont empêchés dans l'élaboration de leur réflexion.

L'introspection réactive chez eux des inquiétudes excessives, des sentiments difficiles, insécurisant. Ces craintes déstabilisent le fonctionnement intellectuel et l'enfant les remplace par des idées d'insuffisance ou de toute puissance.

Cela entraine des troubles du comportement : agitation, opposition, endormissement...

Deux points faibles :

-Produire des images : des représentations suffisamment fiables, précises, variées pour accéder aux savoirs et aux élaborations intellectuelles. Cela provoque une rupture entre le code (la lecture) et le sens. Entre le perceptif et le représentatif.

-Résistance à la contrainte : la confrontation avec la frustration n'est plus assez fréquente chez les enfants et elle est nécessaire au processus d'apprentissage.

L'empêchement de penser pour échapper au doute (p9 à 18)/ la phobie du doute

Lorsque les deux points faibles se cumulent , les enfants développent des stratégies pour éviter de penser. Ils trouvent un équilibre en mettant en place une organisation psychique ou intellectuelle où le doute n'a pas de place.

 la curiosité est accaparée par des préoccupations primaires personnelles, c'est un frein pour accéder au symbolique.

Les stratégies pour apprendre sont parasitées par la phobie du doute. Lorsque la réflexion provoque un parasitage,  l'enfant cherche à éviter le temps de la construction, de la recherche. Le moment indispensable de suspension ( de doute) avant que la réponse ne soit trouvée.

Il y a deux stratégies : le conformisme de pensée  (les enfants qui ne savent faire que le même style d'exercice) et l'association immédiate ( ceux qui donnent la réponse avant d'avoir compris la consigne, ils devinent, ne prennent pas le temps de l'hypothèse) , très fréquente chez  les enfants hyper matures.

Les conséquences sur le comportement : les contraintes nécessaires aux apprentissages vont provoquer des sensations corporelles désagréables suite à un retour vers le monde interne trop insécurisant. Ils vont avoir des douleurs, s'agiter, se dévaloriser, se sentir persécutés. Ces comportements aident les enfants à éviter la remise en question qui accompagne l'élaboration de la pensée. Le doute est un frein à la toute puissance d'un enfant.

 Le langage permet à la pensée de se structurer. Les enfants en échec ont souvent un langage oral pauvre, des difficultés à raconter, expliquer, argumenter, ils le font plutôt dans un cercle familier, sur un sujet connu.

Lorsque le langage et la pensée n'ont pas de liens, il est difficile d'évoquer, de restituer.

Exemples d'empêchement de penser : (p19)

Djamel : agité, échecs scolaires, bonne lecture

Corinne : connaît et applique les règles mais aucune curiosité, créativité.

Kévin : violence, grossièreté, sentiment de persécution soutenu par le père, mauvaise lecture, vision binaire ( tort/raison ; vrai/faux )

Julien : dyslexique , bonne volonté, deux parents profs, difficultés d'écriture, bouc émissaire.

Olivia : surdouée , a sauté une classe mais en échec, trouble du comportement.

L'aide scolaire n'aide pas ces enfants, elle accentue la recherche de stratégies d'évitement.

( p39 à 48)

On a justifié leurs difficultés par des insuffisances de compétences ( attention, mémoire...).Ils ont accumulés des lacunes qui les ont empêchés d'accéder à des apprentissages dans les classes supérieures.

Face au malaise suscité par la réflexion et l'évitement, ils ont restructuré leur monde interne en développant des stratégies anti apprentissage variées : dormir, bouger , faire du bruit, se fabriquer une carapace de certitudes, refuser la règle, associer vite pour ne pas réfléchir.

Pour l'auteur, le trouble de l'attention ou de la mémoire n'existent pas, ils ne sont que les conséquences d'une désorganisation de la pensée qui provoque l'agitation, une absence d'image, de la frustration, et des stratégies qui empêchent d'accéder aux niveaux supérieurs des fonctions exécutives.(p116)

Une autre pédagogie pour se réconcilier avec les apprentissages (p50 à 123)

Pas de rattrapage ou d'entrainement scolaire mais un enclenchement des rouages de la pensée.

3 temps en psycho- pédagogie :

-  Un temps de lecture de textes mythiques / écoute / perception/évocation

Les textes de mythologie, chevalerie sont axés sur les valeurs , la morale, le bien, le mal, ils ouvrent le débat.

- Un temps d'échange / respect du temps de         parole /compréhension/opinion/ressenti/argumentation

Le débat contradictoire  implique l'attente de la prise de parole, le retour vers le monde intérieur, la recherche d'arguments, l'élaboration d'un argumentaire, la maitrise de l'expression orale, la confrontation au point de vue de l'autre.

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