Critique du documentaire Chronique d'une mort oubliée de Pierre Morath

Le 25 avril 2012 à Nyon, le festival «Vision du Réel» présentait le documentaire de Pierre Morath «Chronique d’une mort oubliée». Le réalisateur, ancien coureur de fond reconverti au septième art, présente un film inspiré d’un fait divers morbide: l’oubli d’un mort durant deux ans et demi. Le documentaire retrace la chronologie des évènements, de la mort à la découverte du corps et tente de répondre à la question: comment et pourquoi personne ne s’est préoccupé de l’absence d’un homme, pourtant connu de tous? En arrière-plan se cachent des questions plus profondes qui de nos jours méritent d’être posées: que devient notre organisation sociale? Administrative? Et nos familles? Notre société est-elle devenue trop égoïste... ?

Disons-le d’emblée, le film peut séduire, malgré son faible budget.

Tout d’abord, on ressent la très grande recherche du documentariste au niveau des informations, des témoignages, notamment celui de la famille, plus précisément celui de la fille, qui, pour la première fois, parle devant la caméra. Les diverses émotions éprouvées à travers les photos et films du mort et de sa famille sont accentuées par une bande sonore d’assez bonne qualité.

Le travail de postproduction n’est ni excellent ni médiocre. Les cartons, le tempo des musiques et les images entre autres celle du train qui passe marquent fortement la notion de temps et vous permettront, spectateur, à la sortie de la séance une prise de conscience du cours des évènements.

Cependant, le film présente des défauts, notamment à l’échelle de la réalisation. En effet, à plusieurs reprises, les déstabilisations de la caméra pourront vous gêner. Il y a un autre problème: pendant les interviews, les personnes ne nous nous regardent pas, mais semblent être attirées par quelque chose venant de l’hors champ. La déception est donc, à l’évidence, au niveau vidéo. Personnellement, je juge cela acceptable. Rappelons que c’est un documentaire adapté pour la télévision, avec des moyens et un temps limité. L’auteur le dit lui-même: «c'est un petit budget comparer à ceux de nos voisins français, pour un documentaire au format télévision, nous disposions de 300'000 francs en comparaison pour mon prochain Documentaire au format Cinéma nous disposerons de 1'200'000 francs!» Cela explique ses nombreuses imperfections.

Pour conclure, malgré ses quelques défauts ce documentaire parle de thématiques importantes: la mort, l’oubli, deux choses que la plupart des gens craignent et qui sont des fatalités, et les relations sociales.

Ce film réalisé à partir d’une histoire vraie, agrémentée de nombreuses informations plaira à tous les coups aux personnes intéressées par ses thématiques et les documentaires, mais décevra ceux qui recherchent l’esthétique! Dans tous les cas, ce documentaire vous fera réfléchir.

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