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La farce du Maistre Panthelin

Dissertation : La farce du Maistre Panthelin. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Novembre 2015  •  Dissertation  •  7 840 Mots (32 Pages)  •  902 Vues

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La Farce de Maistre Pathelin — fiche en vue de dissertations

Introduction : « Notre première comédie » ?

Célèbre, alors que le reste du théâtre médiéval est largement tombé dans l’oubli, cette pièce est à tort ou à raison considérée comme notre première comédie, comme le rappelle le titre de Michel Rousse, « Pathelin est notre première comédie » dans Mélanges de langue et littérature médiévales offerts à Pierre Le Gentil, Paris, 1973, p. 753-758. (BU, cote XD 5613).

Rabelais connaissait Pathelin par cœur, et il en a utilisé plusieurs fragments ou citations dans ses textes (voir Gustave Cohen, « Rabelais et le théâtre », dans Etudes sur l’Histoire du Théâtre en France au Moyen Age et à la Renaissance, Paris, Gallimard, 1956, p. 271-326.).

Les critiques littéraires et théâtraux, anciens comme nouveaux, se sont enthousiasmés pour Pathelin en ce sens. Ainsi Charles de Sainte Beuve dès 1828 voit en Pathelin un « admirable éclair de génie comique, qui… présage à la France Tartufe et la gloire de Molière »[1], et déclare cette pièce comme la seule à sauver du répertoire dramatique médiéval ; et selon Émile Littré, à la « jovialité » de l’argument s’ajoute une admiration pour la forme : « L’auteur du Pathelin sait écrire »[2].

  • Une telle unanimité doit (toujours) conduire à s’interroger ! C’est d’ailleurs le sens de l’article de Michel Rousse mentionné supra.

Aussi, voici les questions problématiques suscitées par cette œuvre :

  • En quoi La Farce de Maistre Pathelin mérite-t-elle d’être considérée comme un modèle du genre dramatique de la farce ?
  • Que nous apprend-elle sur le théâtre du Moyen Age ?
  • Et sur le théâtre en général — coexistence des tons sérieux et joyeux ; fonctions respectives du geste et du langage ?

Date, manuscrits, éditions, adaptations : du Moyen Age à aujourd’hui

Le texte original de la Farce de Maitre Pathelin a été composé au XVe siècle (c’est donc un texte en Moyen Français). Les premières versions de ce texte nous sont parvenues par trois manuscrits. Deux ont été copiés au milieu des années 1470 : le manuscrit La Vallière, et le manuscrit Bigot) ; le troisième, un peu plus tard, vers 1490, c’est le manuscrit Taylor. Les noms donnés à ces manuscrits sont ceux de leurs derniers propriétaires, de riches collectionneurs.

Le texte a toute de suite connu une très grande célébrité : une trentaine d’éditions, publiées entre 1485 et 1550, nous sont parvenues ; cela signifie, étant donné la difficulté de conservation des textes médiévaux, qu’il y en a eu beaucoup plus.

Les premières éditions imprimées, qu’on appelle aussi plus brièvement des imprimés (et des incunables quand elles ont été imprimées avant 1501), ont été la plupart du temps utilisées comme supports pour les éditions aujourd’hui les plus accessibles de Pathelin : je suivrai et je citerai donc dans cette fiche l’édition/traduction de Jean Dufournet, parce qu’elle est la seule accessible à la fois en ancienne langue et en traduction à la BU d’Amiens, sous la cote X 190/462.

L’édition de Dufournet a choisi pour support un imprimé du XVe siècle composé par l’éditeur lyonnais Guillaume Le Roy, en 1485 ou 1486. Cet imprimé contient une version du Pathelin très étendue (certaines répliques ont été allongées, et certains, noms précisés par rapport aux versions manuscrites). Mais il lui manque 5 feuillets (on dit que cet imprimé est corrompu). L’éditeur a donc dû utiliser pour ces feuillets manquants le texte de l’édition parisienne de Pierre Levet (1489), voire le texte des manuscrits.

Mais les meilleures éditions scientifiques de ce texte (avec texte original et traduction en regard) sont celles de Michel Rousse[3] et de Darwin Smith[4], malheureusement très difficilement accessibles pour vous. Ces savants ont suivi le texte tel qu’il était proposé par les manuscrits médiévaux, La Vallière pour Rousse et Bigot pour Smith. Or ceux-ci contiennent les plus anciennes versions de ce texte, qui sont aussi les plus fidèles à ses conditions de représentation et à sa réception au moyen âge.

Vous pourrez toutefois consulter à Amiens plusieurs traductions et dossiers de qualité liés à Pathelin, aux références suivantes :

  • A la bibliothèque de l’ESPE, 842.2 FAR : traduction du texte et dossier pour le collège bien fait (dir. Michel Rousse).
  • L’édition de Jean-Claude Aubailly (Paris, SEDES, 1979), est également très complète, et elle donne un exemple de la célébrité de Pathelin, en présentant ses suites, le Nouveau Pathelin ; et le Testament Pathelin, qui ont été écrits et joués dès le XVe siècle aux côtés du texte original. Cote XD 10/734.
  • Voir aussi la première édition scientifique de Pathelin, par un américain passionné d’ancien théâtre européen, Richard Holbrook (support : l’édition de 1487 par Pierre Levet) : F 3154.
  • Voir enfin, l’édition d’André Tissier (tome 7 sur 13, 10 tomes présents à la BU : voir référence en fin de fiche).

Du XVIe siècle à aujourd’hui, le Pathelin a donc continué à être régulièrement édité. Mais il a surtout été récrit et adapté à maintes reprises. Et ce sont ces adaptations qui ont été jouées le plus souvent sur les scènes françaises. Mais ces adaptations ne se contentent pas de traduire le texte médiéval en français moderne. Elles en modifient les personnages et l’action, et de ce fait, elles en infléchissent la forme et le sens, vers la « comédie de mœurs » à la Molière que les critiques du XIXe siècle déclaraient y trouver. Cela est-il nécessaire, quand on prend en compte les divers sens possibles de la pièce originale médiévale ? À vous d’en juger !

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