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La Farce Normande

Mémoires Gratuits : La Farce Normande. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Janvier 2013  •  936 Mots (4 Pages)  •  997 Vues

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Oh ! J’en ai fait, j’en ai fait des farces, dans mon existence. Et on m’en a fait aussi, morbleu ! et de bien bonnes. Oui, j’en ai fait, de désopilantes et de terribles. Une de mes victimes est morte des suites. Ce ne fut une perte pour personne. Je dirai cela un jour ; mais j’aurai grand mal à le faire avec retenue, car ma farce n’était pas convenable, mais pas du tout, pas du tout. Elle eut lieu dans un petit village des environs de Paris. Tous les témoins pleurent encore de rire à ce souvenir, bien que le mystifié en soit mort. Paix à son âme !

J’en veux aujourd’hui raconter deux, la dernière que j’ai subie et la première que j’aie infligée.

Commençons par la dernière, car je la trouve moins amusante, vu que j’en fus la victime.

J’allais chasser, à l’automne, chez des amis, en un château de Picardie. Mes amis étaient des farceurs, bien entendu. Je ne veux pas connaître d’autres gens.

Quand j’arrivai, on me fit une réception princière qui me mit en défiance. On tira des coups de fusils ; on m’embrassa, on me cajola comme si on attendait de moi de grands plaisirs ; je me dis : « Attention, vieux furet, on prépare quelque chose. »

Pendant le dîner la gaieté fut excessive, trop grande. Je pensais : « Voilà des gens qui s’amusent double, et sans raison apparente. Il faut qu’ils aient dans l’esprit l’attente de quelque bon tour. C’est à moi qu’on le destine assurément. Attention. »

Pendant toute la soirée on rit avec exagération. Je sentais dans l’air une farce, comme le chien sent le gibier. Mais quoi ? J’étais en éveil, en inquiétude. Je ne laissais passer ni un mot, ni une intention, ni un geste. Tout me semblait suspect, jusqu’à la figure des domestiques.

L’heure de se coucher sonna, et voilà qu’on se mit à me reconduire à ma chambre en procession. Pourquoi ? On me cria bonsoir. J’entrai, je fermai ma porte, et je demeurai debout, sans faire un pas, ma bougie à la main.

J’entendais rire et chuchoter dans le corridor. On m’épiait sans doute. Et j’inspectais de l’œil les murs, les meubles, le plafond, les tentures, le parquet. Je n’aperçus rien de suspect. J’entendis marcher derrière ma porte. On venait assurément regarder à la serrure.

Une idée me vint : « Ma lumière va peut-être s’éteindre tout à coup et me laisser dans l’obscurité. » Alors j’allumai toutes les bougies de la cheminée. Puis je regardai encore autour de moi sans rien découvrir. J’avançai à petits pas faisant le tour de l’appartement. – Rien. – J’inspectai tous les objets l’un après l’autre. – Rien. – Je m’approchai de la fenêtre. Les auvents, de gros auvents en bois plein, étaient demeurés ouverts. Je les fermai avec soin, puis je tirai les rideaux, d’énormes rideaux de velours, et je plaçai une chaise devant, afin de n’avoir rien à craindre du dehors.

Alors je m’assis avec précaution. Le fauteuil était solide. Je n’osais pas me coucher. Cependant le temps marchait. Et je finis par reconnaître que j’étais ridicule. Si on m’espionnait, comme je le supposais, on devait, en attendant le succès de la mystification préparée, rire énormément de ma terreur.

Je résolus donc de me coucher. Mais le lit m’était particulièrement suspect. Je tirai sur les

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