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Corpus "corps tatoués" (synthèse de culture générale)

Dissertation : Corpus "corps tatoués" (synthèse de culture générale). Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Janvier 2019  •  Dissertation  •  1 304 Mots (6 Pages)  •  1 115 Vues

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« Corps tatoués »

L’esthétisation du corps a toujours existé et témoigne d’évolutions interactives entre l’individu, son corps et la société. Le tatouage, ce symbole décoratif indélébile réalisé en injectant de l’encre dans la peau, connaît notamment un succès sans précédent dans les pays occidentaux depuis quelques années. Cette pratique illustre le fait qu’esthétiser son corps est surtout une manière d’inscrire celui-ci dans la société, de le rendre unique. Dans les sociétés traditionnelles cependant, les tatouages renvoyaient plutôt à une vision religieuse, culturelle et collective. Les fonctions assignées au tatouage sont-elles donc aujourd’hui les mêmes qu’auparavant ? Telle est la question soulevée par le corpus composé de quatre documents : un article de Philippe Liotard, une interview de David Le Breton, un témoignage de Primo Levi et une photographie d’Angelina Jolie. Après avoir recensé les formes et l’origine de ces marques corporelles, nous dégagerons les causes de l’engouement actuel pour cette pratique.

Le marquage corporel prend des formes variées. Philippe Liotard, dans un article du Courrier de l’Unesco, en 2001, intitulé « Corps d’identité », cherche à expliquer les raisons qui poussent ses contemporains à emprunter ces ornementations aux pratiques primitives. S’il s’attache surtout à l’ornementation corporelle en vogue actuellement, il évoque au passage d’autres formes plus agressives, comme les piercings, les scarifications et autres modifications spectaculaires qui se généralisent, comme les implants transdermiques. David Le Breton, quant à lui, dans une interview accordée au journal La Croix, à l’occasion d’une exposition organisée au Musée du Quai-Branly, évoque l’évolution de ces pratiques corporelles au cours de l’histoire et les valeurs qu’elles prennent actuellement. Il établit toute une typologie de marquages selon le niveau d’intervention sur le corps humain. Ainsi, il distingue les ajouts comme les implants, les suppressions, comme l’excision ou la perforation et enfin les remodelages complets de certaines parties du corps. Dans un tout autre registre, l’écrivain Primo Levi, dans l’ouvrage-témoignage intitulé Si c’est un homme, écrit en 1947, raconte comment son corps fut marqué, contre son gré, lors de son arrivée au camp d’Auschwitz. Celui-ci ne fait allusion qu’au seul tatouage, répété sur tous les corps du camp, sous forme de chiffres bleus, et permettant de numéroter les déportés. La portée symbolique de l’immatriculation est évidente : morts en sursis, que cela soit par extermination ou élimination, les déportés cessent d’être des individus caractérisés par une identité propre pour ne devenir que de simples numéros. Enfin, la photographie des tatouages de l’actrice américaine Angélina Jolie prise lors de la sortie de son dernier film en décembre 2017, nous introduit dans une dimension artistique évidente, avec un travail précis et des significations personnelles, ce qui suggère la recherche d’un visuel soigné et esthétique. De plus, le marquage corporel en Occident se caractérise par des emprunts divers mais souvent exotiques ou primitifs. Liotard rappelle ainsi la provenance lointaine de ces pratiques, venues des îles du Pacifique ou du Japon. De même, la photographie d’Angelina rappelle, elle aussi, l’origine asiatique de ces tatouages, ici de Chine, du Cambodge et de Thaïlande d’après la description. Le Breton, lui, remonte à l’historique du tatouage : la Grèce antique connaissait déjà le tatouage dans notre civilisation occidentale et les pratiques amérindiennes ont fasciné Christophe Colomb, de même que les ornementations de Tahiti ont envoûté les grands explorateurs. D’ailleurs, l’étymologie du terme « tatau » révèle bien les origines indigènes du mot et, encore aujourd’hui, les plus grands tatoueurs proviennent des communautés japonaises ou amérindiennes, à en croire le sociologue. Ce dernier n’hésite pas à dénoncer les emprunts hétéroclites, vidés de leur sens initial, qui réduisent la tradition à être simple pourvoyeuse de motifs. Enfin, ces pratiques s’inspirent de traditions jugées barbares ou au mieux primitives. Liotard et le Breton rappellent l’origine dévalorisante des tatouages que le monde chrétien a d’ailleurs longtemps interdits pour ne pas porter atteinte au corps sacré, car œuvre de Dieu. Liotard évoque même le mépris qui a longtemps accompagné de telles pratiques puisqu’elles ont été considérées comme un signe de retard de civilisation et ont servi de justification aux     ambitions de conquête de l’Occident. Ces valeurs négatives du marquage ont été exploitées par la France au XIV° siècle pour stigmatiser les mendiants ou les galériens, tous les exclus de la société. Ce même déshonneur est sous-jacent dans le témoignage de Levi car le tatouage est une infamie que les prisonniers portent à vie et qui marque irrémédiablement leur corps. Les tatouages d’Angelina Jolie et notamment le dragon ne rappelle-t-ils pas ceux portés par les membres des mafias asiatiques ? Ceci souligne bien qu’à l’origine, ces tatouages tribales sont réservés aux exclus ou aux truands en marge de la société.

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