Autobiographie , autofiction

Sujet : l’écriture de soi est un choix que l’auteur fait pour raconter une histoire qui est très souvent la sienne

De nombreuses œuvres littéraires sont à classer dans le parcours "soi-même comme un autre” titre du livre de Paul Ricoeur écrit en 1990. Mais “cette entreprise ambitieuse n’est pas aisée” souligne-t-il dans sa préface. La forme littéraire que sont le roman autobiographique, les mémoires, l'autoportrait ou encore le journal intime permet et autorise l’auteur à exister au travers d’une histoire qui est parfois la sienne ou celle d’un autre. Il peut dès lors y glisser à volonté tout son moi vécu ou romancé dans un profond désir de sincérité dans son lien au lecteur, ce qui oeut en faire toute la complexité de l’écriture de soi.Mais ce récit de soi peut aussi lui permettre de se découvrir, de mieux se connaître, se questionner, questionner le monde.Toutes ces oeuvres abordant, au travers de ce type d’écrits, des sujets majeurs permettent également de laisser une trace de soi. Est-ce que ce choix d'écriture ou l’auteur se retrouve à la fois le personnage et la narrateur apparaît comme un avantage où un inconvénient? Dans un premier temps, nous questionnerons la forme autobiographique puis ensuite celle de l’autofiction.

Le mot autobiographie est formé de trois racines grecques, auto : soi-même, bio : la vie, Graphein : écrire. Il s’agit d’un récit du passé qu'une personne fait de sa propre vie.

Dans l’autobiographie, l'auteur prend un engagement de sincérité, et en retour attend du lecteur qu'il le croit. Il doit raconter sa vérité en s’exposant tel qu’il est. Cette forme d’écrit se caractérise par la présence de trois “je”, celui de l’auteur, du narrateur et du personnage principal. Dans l'autobiographie, ils se confondent même s’ils sont séparés dans le temps. Rousseau, dans “Les confessions” l”exprime pleinement : “je forme une entreprise qui n’eut jamais d'exemple et dont l'exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme ce sera moi.” Ce sentiment de pleine sincérité peut parfois être difficile à tenir. Certaines difficultés peuvent nuire à cette vérité du récit comme le souci de plaire au lecteur. Dans “Les confessions” qui témoignent des souvenirs et des réflexions de Rousseau de l’enfance à l'âge adulte, l’auteur dit vouloir compléter son récit par “quelques ornements indifférents”, son mentir-vrai (ajouter de la fiction dans la réalité). On peut également y ajouter la problématique de la mémoire ou certains souvenirs les années passants restent incomplets et partiels comme chez Montaigne dans ses essais “des cannibales” se plaint de sa mauvaise mémoire. De même que la difficulté de revenir sur un souvenir douloureux comme dans “L’amant de la Chine du Nord” où Marguerite Duras utilise la troisième personne du singulier au lieu du “je” pour décrire son enfance douloureuse. Il existe bien d’autres obstacles encore à ce profond désir de sincérité comme la persistance du décalage entre le “je” présent et du “je” passé, la censure morale (pudeur) ou l’auto-censure…

Pour autant, malgré ces entraves possibles, les motivations a utilisé la forme autobiographique pour raconter une histoire peuvent être diverses. La volonté de laisser un témoignage, de lutter contre l’oubli ou même celle d'accéder à la postérité. Primo Levi, écrivain et docteur en chimie italien rendu célèbre par son premier livre “Si c’est un homme” écrit en 1947, témoigne de manière poignante de la vie dans le camp d’Auschwitz. Il laisse ainsi aux lecteurs, la possibilité de réaliser un devoir de mémoire et ainsi lutter contre l’oubli de cette période historique tragique, en reconnaissant les souffrances des victimes mais aussi de sa propre existence. Cela peut aussi être la volonté dans cette forme d’écrit de vouloir s’analyser pour mieux se connaître, c'est-à-dire, de dresser une image de soi et de son évolution ou même d’élaborer un bilan de sa vie. Dans “Les mots” titre d'une œuvre autobiographique publiée en 1964, Jean-Paul Sartre évoque ses souvenirs d’enfance. Il y compare ses ambitions passées avec la carrière qu’il a eu et il y révèle ainsi la persévérance qu’il lui a été nécessaire mais aussi ses désillusions.

Simone de Beauvoir, quant à elle, utilise l’autobiographie dans ses nombreux ouvrages pour se donner la possibilité de défendre un point de vue ou transmettre un message. Dans “Les mémoires d’une jeune fille rangée”, Simone de Beauvoir retrace au travers de ses écrits la construction de son identité dans sa jeunesse et les mouvements de la libération des femmes. En se livrant sur ses propres expériences, elle peut ainsi transcrire

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