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Madame Du Chatelet, Femme Des Lumières

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Par   •  5 Avril 2012  •  3 959 Mots (16 Pages)  •  1 977 Vues

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Madame Du Châtelet. La femme des Lumières

Une femme de science

Aucune femme n’aura pour veiller sur sa gloire, un admirateur aussi prestigieux que Voltaire. Il est vrai que c’est grâce à sa relation amoureuse avec le grand écrivain que Madame Du Châtelet est restée dans les esprits. Mais elle mérite bien plus qu’une place de simple maîtresse de grand homme. Animée par une exigence impérieuse de comprendre le monde et d’être utile à ses contemporains, elle fut une élève précoce, d’une intelligence vive, douée pour la philosophie comme pour les sciences. Elle travailla beaucoup et s’initia à l’univers scientifique en prenant des leçons avec les esprits les plus éclairés. Émilie lira tout ce qui compte d’important en physique et sera une grande adepte de Newton. Il est vrai qu’elle n’inventa pas de théorème et que son intention était de rendre accessible au plus grand nombre les travaux scientifiques qu’elle considérait comme majeurs. Elle participera aux grands débats en essayant de se placer au-dessus des querelles, même si les revirements philosophiques que connut sa pensée eurent parfois le don d’agacer Voltaire. Femme passionnée par l’amour, la vie et l’étude, mais longtemps décriée par ses contemporains, elle chercha dans tous ses ouvrages à incorporer les travaux de ses aînés afin d’aider un large public à saisir les subtilités et les difficultés des textes scientifiques. Une vraie femme témoin de son temps, active et curieuse, une vraie femme des Lumières, la seule peut-être qui incarne, en France, le cœur, l’œil et l’esprit de son siècle.

Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet École française du xviiie siècle, Choisel, château de Breteuil © Henri-François de Breteuil / cliché Philippe Sébert

Jamais une femme ne fut si savante qu’elle, et jamais personne ne mérita moins qu’on dît d’elle : c’est une femme savante. Elle ne parlait jamais de science qu’à ceux avec qui elle croyait pouvoir s’instruire, et jamais n’en parla pour se faire remarquer.

Voltaire, « Préface historique », in I. Newton, Principes mathématiques de la philosophie naturelle, traduit du latin par feu la marquise Du Châtelet, Paris, 1759.

Passions et apprentissages

Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil naît à Paris le 17 décembre 1706. Son père, Louis Nicolas, est « Introducteur des Ambassadeurs » à la cour de Louis XIV. Il choisit de lui donner la même éducation qu’à ses deux frères aînés et fait venir au domicile familial des précepteurs qui lui enseignent le latin, les mathématiques, les langues étrangères, le cheval, la gymnastique, le théâtre, la danse, le chant… À 12 ans, elle lit couramment l’allemand, l’anglais, le grec, le latin. Trois ans plus tard, Locke, Descartes et Leibniz n’ont plus de secrets pour elle. Comprendre l’univers et ses lois est un dessein qu’elle formalise très tôt. Si sa première passion est pour l’étude, son deuxième grand amour sera pour les vêtements, les diamants, les pompons, les chaussures, le maquillage, qu’elle acquit lors de sa première visite à la cour de Versailles en 1722. Son père, amoureux des belles lettres, organise dans son hôtel parisien un petit cercle littéraire. Elle y côtoie, notamment, Fontenelle qui lui donne des leçons scientifiques. Et Voltaire, bien avant qu’il ne devienne la grande passion de sa vie, en 1733. Son mariage avec Florent Claude, marquis Du Châtelet, le 20 juin 1725, lui donne un rang élevé à la cour. Son mari est militaire. Ce mariage arrangé ne sera guère encombrant dans la vie d’Émilie. Elle aura trois enfants,

conservera une réelle amitié pour ce mari si différent d’elle et s’efforcera, tout au long de sa vie, de le ménager et de sauvegarder les apparences. En 1732, alors que son époux part pour la guerre de la Succession de Pologne, elle décide de quitter Semur-en-Auxois et s’installe à Paris. Elle prend alors des leçons de mathématiques avec le grand savant, Moreau de Maupertuis. Séduite dès leur première rencontre, elle devient sa maîtresse. Mais il se lasse de cet amour trop envahissant et laisse à son ami Clairaut, newtonien comme lui, le soin de compléter son éducation. Alexis Claude Clairaut est un grand mathématicien et physicien connu dans toute l’Europe. En 1743, il publie la Théorie de la figure de la Terre où il traduit en langage mathématique les lois de la mécanique céleste que Newton exprime en langage géométrique. Bon vivant, aimant les femmes, il trouve en Madame Du Châtelet une élève brillante et une protectrice utile. Ils collaboreront jusqu’à la mort d’Émilie. Madame Du Châtelet fréquente la cour par obligation. Elle ne tient pas de salon personnel et privilégie les tête-à-tête avec Clairaut ou Maupertuis. Elle se rend au café Gradot, célèbre café (situé quai des Écoles), interdit aux femmes. Émilie sera obligée de se déguiser en homme afin de participer aux conversations de ses amis.

Pierre Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759) 1741 BNF, Estampes et photographie, N3

Mathématicien, astronome et physicien, Maupertuis devient membre de l’Académie des sciences en 1723. Après un court séjour en Angleterre, il rédige, en 1732, Sur les lois de l’attraction, où il présente pour la première fois aux Français les thèses de Newton et démontre en quoi la gravitation universelle est un principe physique qui n’admet pas d’exception. Dans son autre texte, Discours sur les différentes figures des astres, il s’oppose à la méthode de Descartes qui repose sur des postulats métaphysiques. Seules l’induction et l’expérience fondent la nouvelle méthode analytique. Afin de déterminer si la Terre est élargie à l’équateur ou aplatie aux pôles, l’Académie des sciences décide de mesurer un arc de méridien à l’équateur et au cercle polaire et de comparer les résultats. Le 2 mai 1738, Maupertuis part en expédition en Laponie afin de démontrer aux cartésiens que la Terre est aplatie aux pôles. Clairaut est aussi présent. En 1741, il demande à Daullé de réaliser une gravure le représentant en costume de Lapon, la main posée sur le pôle. Un quatrain de Voltaire l’accompagne : « Ce globe mal connu, qu’il a su mesurer, Devient un monument où sa gloire se fonde, Son sort est de fixer la figure du monde, De lui plaire et de l’éclairer. »

Madame Du Châtelet BNF, Arsenal, fol-H. 5044 (1)

Émilie et Voltaire

Le poète et la physicienne

De

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