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Autrui et moi, quelle relation ?

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Par   •  2 Octobre 2023  •  Cours  •  3 447 Mots (14 Pages)  •  185 Vues

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LA RECONNAISSANCE DE SOI PAR AUTRUI ET LA RECONNAISSANCE D’AUTRUI

Autrui est, à la fois, le même et l’autre : → le même, c’est-à-dire le semblable : il est comme moi un être humain, un sujet, une conscience. Au-delà ou en-deçà de ses différences, même le plus éloigné, le plus étranger est une personne humaine. Autrui et non pas seulement l’autre. Car, l’autre, ce peut être le radicalement différent, l’objet, l’animal ou le Tout Autre : Dieu. Autrui, lui, est un autre moi.

                                                                       → L’autre : semblable à moi mais pas identique à moi. L’autre, même le plus proche (l’ami ou le parent) n’a pas la même histoire, les mêmes émotions au même moment. Subsistent toujours entre autrui et moi des différences. L’autre, dit Sartre, est « le moi que je ne suis pas » ; la négation, ici présente, constitue la séparation irréductible, l’impossible fusion.

A la fois le même et l’autre, autrui, c’est littéralement l’alter-ego, non pas un double ou un clone mais celui en lequel je dois me reconnaitre sans pour autant dissoudre son altérité. Cette ambivalence porte en creux la difficulté de la relation à autrui : entre distance et proximité, entre familiarité et étrangeté, un jeu difficile à maintenir, une juste mesure, délicate à trouver- ce que montre l’apologue des hérissons de Schopenhauer.

I  AUTRUI ET LA RECONNAISSANCE DE SOI

A) LE POINT DE VUE CLASSIQUE : LA SOLITUDE DU COGITO

Position cartésienne : je me connais d’abord moi-même, je suis certain d’exister (sans autrui) et ensuite je connais autrui. Autrui, son existence et sa connaissance se trouvent dérivées, secondes par rapport à la certitude d’existence du soi. Mais comment « rencontrer » autrui, comment expliquer la communication et éviter le solipsisme ? 

Conséquences du point de vue classique

Conséquence n°1 : le solipsisme : je ne suis assuré que de l'existence de ma conscience; tout le reste est incertain, le monde extérieur, mais aussi, les autres. Je ne sais pas si autre chose que moi existe réellement. C’est le solipsisme, terme issu des mots " solus ", qui veut dire " seul " et " ipse ", qui veut dire " soi-même ", littéralement seul avec soi-même.  Ce qui peut désigner une forme singulière de solitude en  laquelle le sujet pensant et certain seul d’exister risque de se trouver enfermé.  

 

Conséquence n° 2 : l’existence d’autrui devient un problème : On le voit, aborder l'être à partir de la conscience définie par elle-même, seule, comme le fait Descartes, cela conduit inévitablement à se poser la question du fondement de l’affirmation d’autrui. Comment être sûr de son existence ? Comment savoir qu’il est comme moi une conscience ? D’où nécessité de passer par l’intermédiaire du raisonnement par analogie. Il faudra raisonner pour savoir qu’autrui existe bel et bien. Son existence n’est pas évidente.

2) Le point de vue moderne 

La conscience de soi se constitue progressivement en intégrant la relation à  l’autre. Pas de conscience de soi sans autrui. La relation à autrui est constitutive de mon rapport à moi-même, lui est immanente. L’ipséité, le fait d’être moi et pas un autre, se définit par rapport aux autres. L’existence d’autrui, dans cette optique,  ne pose pas problème car elle est donnée de manière irréductible, dés le départ. Elle est une donnée première et évidente, avant même le cogito, donc pas besoin de raisonner pour établir son existence.

B)  LA DIALECTIQUE MAITRISE/SERVITUDE : Hegel, la phénoménologie de l’esprit. 

Premier moment : la thèse : la première étape, c’est celle qui correspond au cogito cartésien. Mettant en doute l’existence du monde sensible, des choses et des autres, faisant retour sur mes pensées, je me découvre certain d’exister en tant sujet pensant. Mais cette certitude bien que nécessaire reste insuffisante. Elle donne presque aussitôt naissance à un mouvement dialectique qui montre que l’on ne peut en rester à cette étape (qui n’est qu’une étape dans l’ensemble d’un processus).

 Pourquoi une reconnaissance de soi par autrui est-elle absolument indispensable ? Certes, je deviens ici certain d’exister comme un sujet, un être pensant, doué de réflexion. Mais cette certitude manque d’extériorité, n’est pas encore complète. Je dois lui trouver un contenu qui va l’objectiver, lui donner un caractère d’assurance objective. Je suis poussé à lui donner une assurance supplémentaire. Or, seule une autre conscience de soi peut être amène de reconnaître cette identité de conscience de soi.

Deuxième moment : l’antithèse : deux consciences, l’une en face de l’autre, dans un rapport d’égalité et de réciprocité car toutes deux cherchent à se faire reconnaitre par l’autre. Ce que je cherche à faire reconnaitre, c’est mon identité de conscience, de sujet. Or ce qu’autrui saisit d’abord de moi, c’est mon identité d’objet. Il va donc falloir que je montre avant tout mon identité du sujet. Comment ? La seule manière de « prouver » à l’autre et ainsi à moi-même que j’existe bel et bien comme un sujet, c’est de me montrer indifférent voire indépendant de mon apparence sensible et concrète, de ce qui fait de moi une chose parmi les choses. Je dois me montrer capable de me définir indépendamment de mon apparence sensible et concrète. Et c’est même en niant aux yeux d’autrui cette apparence sensible et concrète que je pourrais affirmer voire imposer mon identité de sujet.    

Une lutte à mort va alors s’engager entre les deux consciences. Je veux forcer l’autre conscience à me reconnaître et elle attend la même chose de moi. Une des deux consciences va donner plus de prix, plus de réalité essentielle à sa liberté ; et elle sera donc prête à mourir pour cela affirmant par là son indépendance au corps. L’autre conscience va au contraire accorder plus de réalité à la vie, ne sera pas capable de s’affranchir de sa condition d’être naturel.

S’instaure donc à la fin du deuxième moment un rapport maîtrise/servitude où l’une des deux consciences va devenir Maître, l’autre Esclave. « L’Esclave » dans sa soumission totale au « Maître » devient l’objectivation de la liberté du Maître, la certitude extérieure de son identité de sujet.

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