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Les mots font-ils la pensée ?

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Par   •  3 Février 2024  •  Dissertation  •  4 134 Mots (17 Pages)  •  46 Vues

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Les mots font ils la pensée ? Le simple fait d’étudier ce sujet et de tenter d’y répondre fait marcher ce qu’on appelle notre pensée. Quand je pense à cette question, je réfléchis intérieurement en me questionnant, et ce grâce à « cette petite voix dans ma tête », qui semble être toujours présente lorsque je réfléchis. Dans mon processus de pensée s’établissent donc des mots, des phrases qui me permettent d’exprimer à moi même le fruit de notre réflexion. Dès lors il parait compliqué, voire même impossible de penser un tel sujet complexe sans mots. Si l’on généralise ce fait, non pas seulement à un sujet de philosophie mais à toutes nos pensées, dans la grande diversité qu’elles sont, il paraît intéressant d’examiner les relations qu’entretiennent d’une part les mots, et de l’autre la pensée. D’une part, un mot désigne un groupe de lettres formant une ou plusieurs syllabes exprimant une idée, servant de moyen d’expression à l’écrit comme à l’oral. Ici, la tournure plurielle invite à ne pas considérer le mot singulier, mais les mots regroupés en phrases, qui en s’associant viennent former un système de signes !!, un type de langage acquis, qui est la langue. D’autre part, la pensée est, elle, une notion complexe qui peut laisser place à différentes définitions. On pourrait la définir comme l’ensemble des processus par lesquels l'être humain au contact de la réalité matérielle et sociale élabore des concepts, les relie entre eux et acquiert de nouvelles connaissances, elle est donc processus mental. Certains l’opposent aux sentiments, à l’instinct, et en font un synonyme possible de la conscience, étant donc rapportée à une faculté propre à l’être humain ; alors que d’autres cependant prêtent cette même faculté de penser à toutes les espèces. La pensée, peut plus largement aussi définir un groupe d’idées et de valeurs que partage des individus, comme par exemple lorsque l’on parle de la pensée chrétienne. Mais ici, on se concentrera majoritairement sur cette première définition.

La formulation du sujet « les mots font-ils la pensée ? », nous invite à questionner les relations qu’entretiennent ces deux notions, et également à leur existence l’une par rapport à l’autre dans le temps : il y a-t-il simultanéité des deux ou une potentielle antériorité de l’une sur l’autre ? On peut couramment penser que les mots préexistent à la pensée, que la pensée naît dans les mots mêmes, car il nous parait insensé de penser et d’essayer d’exprimer notre pensée sans mots ; mais est-ce toujours le cas ? Ensuite, l’utilisation du verbe « faire » peut ici avoir deux sens. D’une part, on peut se demander si les mots font la pensée, dans le sens où ils construiraient la pensée, la permettent d’exister ; ce qui revient à interroger la conception purement utilitaire des mots, qui sont considérés comme outils, instruments de la pensée : les mots sont-ils indispensables pour le simple acte de penser ? D’autre part, on peut aussi comprendre le verbe « faire » comme un synonyme de façonner, modeler, dans le sens où les mots pourraient influencer, déterminer la pensée même : Les mots conditionnent-ils la pensée ? Enfin, ce sujet invite à remettre en question la portée des mots, leur capacité à pouvoir tout exprimer, et ainsi mettre en évidence une potentielle limite de ces derniers.

Ainsi, dans quelle mesure la pensée dépend-t-elle des mots ? Est-il nécessaire d’avoir des mots pour développer une pensée ou bien cette dernière peut-elle émerger indépendant du système linguistique ? Après avoir montré que les mots, contenus dans le langage constituent effectivement le socle de la pensée , nous verrons cependant que la pensée ne se fonde pas nécessairement sur les mots mais peut se construire indépendamment d’eux. Enfin, nous nous intéresserons au pouvoir conféré aux mots, c’est-à-dire au fait que les mots ne sont pas seulement le moyen d’expression de la pensée mais qu’ils conditionnent et déterminent la pensée même.

Les mots sont effectivement au fondement de la pensée, et en cela peuvent être considérés comme constitutifs de celle-ci.

Tout d’abord, les mots, parce qu’ils sont encastrés dans un système linguistique précis, servent d’instrument d’expression de la pensée. C’est le linguiste Saussure qui a grandement participé au fondement de la linguistique moderne, en établissant la langue comme un système de signes. Il distingue deux éléments : premièrement le signifié, c’est-à-dire le concept, l’idée d’une chose qui est représentée mentalement, puis le signifiant, désignant l’image acoustique qui accompagne le signifié. Par exemple, si j’évoque le mot « chat » ; le signifié désigne ici l’idée que l’on se fait du chat : un animal à quatre pattes, doux, avec des moustaches ; on peut alors se faire une idée mentale du chat. Mais le signifiant, lui, représente le mot « chat » en lui-même, c’est-à-dire l’ensemble des phonèmes qui le constituent. Ainsi pour Saussure, il n’y a pas de contenu de pensée en dehors d’une forme linguistique, c’est-à-dire que dans ce sens, les mots constituent la pensée. Il affirmait même dans son Cours de linguistique générale : « Il n’y a pas d’idées préétablies, et rien n’est distinct avant l’apparition de la langue. ». Il nous parait donc couramment insensé d’essayer de penser sans les mots, car toutes nos réflexions, intérieures comme extérieures passent par la langue, comme en témoigne cette voix dans notre tête dès que l’on pense. Les mots ont donc cette fonction de servir de socle pour pouvoir simplement penser, mais aussi pour parler et échanger avec autrui ; elle a une double utilité : conceptualiser et communiquer. Hegel, dans sa troisième encyclopédie des sciences philosophiques, revient également sur cet aspect de la pensée, qui demeure inexistante en dehors des signifiants et des liaisons signifiantes ; pour lui la pensée pure n’existe pas. Il affirme ainsi « vouloir penser sans les mots, c’est une tentative insensée ». Ainsi, les mots ont le rôle de formuler la pensée, et sont comme des instruments d’expression de celle-ci.

Ensuite, les mots constituent des signes de la pensée, la présence des mots révèle une pensée, pouvant être assimilée à un acte de la conscience. En effet, c’est la particularité même de l’homme de savoir se servir des mots, pour constituer sa pensée. C’est ce que Aristote évoque dans Les Politiques, où il qualifie l’homme d’ « animal politique ». Il tient ce titre du fait qu’il détient le logos – langage, fondé donc sur les mots ; lui permettant de communiquer par concepts,

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