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Les filles des lumières

Étude de cas : Les filles des lumières. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2023  •  Étude de cas  •  1 803 Mots (8 Pages)  •  341 Vues

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« Les filles des Lumières »

Au XVIII siècle, la femme est dépendante de sa famille, et plus tard, de son époux. À de rares exceptions près, elle n’a aucun pouvoir sur son destin sinon de le poursuivre. Rousseau expose dans ses œuvres les limites qu'il pose à l'éducation des femmes afin qu'elles restent à la place qui est la leur, celle de compagne et de mère. Le seul objet auquel une femme se doit de consacrer sa réflexion est "non par abstraction l'esprit de l'homme en général, mais l'esprit des hommes qui l'entourent, l'esprit des hommes auxquels elle est assujettie, soit par la loi, soit par l'opinion ». Diderot lui, nous explique que « Par la force des lois, des coutumes et de l'éducation, les femmes sont sans rang, sans état et sans occupation. Nous devons juger qu'elles y gémissent sous le poids de l'inaction, de la soumission, de l'avilissement. » La Révolution française, en privilégiant les thèses de Rousseau et de biens d’autres, a contribué à l’enfermement des femmes, et le Code civil napoléonien, les a mises sous la tutelle des hommes... Au cours du XVIIIe siècle, les femmes restent donc condamnées à limiter leur esprit aux jeux engageant le physique : la mode ou la prostitution. Quelques-unes tentent tant bien que mal de défendre leurs droits durant le siècle des Lumières, des figures d'exception marquent le pouvoir, les sciences ou la littérature. Il nous est aujourd’hui absolument absurde de ne pas lier le nom d’Émilie du Châtelet à celui de Voltaire, ou celui de Louise d’Épinay à celui de Rousseau. Longtemps, l’historiographie les a reléguées au rang de compagne, de mère, de femme. De nombreuses figures féminines ont bien plus directement contribué à nourrir ce que nous qualifions aujourd’hui a posteriori de « Siècle des Lumières » : Les Filles Des Lumières. Cet essai se décompose en deux parts, d’un côté les déclarations des hommes sur la femme et de l’autre les productions des érudites.

La majorité de l’opinion masculine française au siècle Des Lumières soutient que la femme doit être inférieure à son mari voire sous sa tutelle. Que la femme soit l’objet de l’homme et qu’à l’image d’une marionnette, il peut en faire ce qu’il souhaite. Rousseau va en ce sens lorsqu’il déclare que « La femme est faite pour céder à l’homme et pour supporter même son injustice » ou encore que « Toute l’éducation des femmes doive être relative aux hommes. Leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d’eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des femmes dans tous les temps, et ce qu’on doit leur apprendre dès l’enfance ». On peut quand même s’étonner à la lecture de Rousseau, le plus révolutionnaire de tous les philosophes des Lumières. Il ajoute aussi que « La recherche des vérités abstraites et spéculatives, des principes, des axiomes dans les sciences, tout ce qui tend à généraliser les idées n'est point du ressort des femmes, leurs études doivent se rapporter toutes à la pratique ; c'est à elles de faire l'application des principes que l'homme a trouvés, et c'est à elles de faire les observations qui mènent l'homme à l'établissement des principes ». Ici, Rousseau assigne un rôle pour les femmes dans la science, mais ce rôle est subordonné aux hommes, à l’image d’une secrétaire avec son patron. Il sous-entend que la gente féminine n’a pas les aptitudes nécessaires à l’élaboration de principes scientifiques.

Plus tard, c’est l’empereur qui tiendra des propos dont on ferait aujourd’hui le procès d’être fondamentalement misogynes : « Nous autres peuples d’Occident, nous avons tout gâté en traitant les femmes trop bien… Elles ne doivent pas être regardées comme les égales des hommes, et ne sont, en réalité, que des machines à faire des enfants ». Là, le 1er consul déshumanise et réifie les femmes en les qualifiant de machines à faire des enfants. C’est la preuve que par moment les paroles suivent la politique d’un individu : au cours de son règne, Napoléon envoie des prostituées afin de repeupler des colonies : comme des terres vides qu’on cultiverait pour faire émerger une plantation. La misogynie de Napoléon ne nous étonne plus, l’ennui c’est que le Code civil en est le reflet. D’autres, une infime minorité, sont plus nuancés dans leurs propos. Diderot en est le parfait exemple. Son discours à l’égard des femmes est pluriel. En effet lorsqu’il nous explique que « Par la force des lois, des coutumes et de l'éducation, les femmes sont sans rang, sans état et sans occupation. Nous devons juger qu'elles y gémissent sous le poids de l'inaction, de la soumission, de l'avilissement », il rejoint une pensée conservatrice infavorable au changement et d’attaché à la tradition tel que le pense son confrère Rousseau. Par ailleurs lorsqu’il dit « Quand elles [les femmes] ont du génie, je leur en crois l’empreinte plus originale qu’en nous », il admet d’une part qu’elles peuvent avoir une intelligence géniale contrairement à Napoléon qui les considère comme des machines dénuées de cerveau, et de l’autre, leur esprit créatif, plus prononcé que celui des hommes. Le discours nuancé de Diderot sur les femmes présente une constante indéniable : il est féministe selon le sens donné par Fourier, qui a défini le féminisme comme une "doctrine ayant pour objet l'extension des droits, du rôle de la femme dans la société".

Les filles des Lumières ont, comme leurs homologues masculins, œuvré pour la sauvegarde de l’esprit critique et de la liberté (notamment d’expression) au XVIIIe siècle par leurs productions.

Au siècle des Lumières, les femmes étaient exclues des sociétés savantes. Les femmes qui en étaient étaient soit autodidactes, soit avaient eu une éducation libérale. Les femmes érudites faisaient partie de l'élite sociale : cela rejoint le propos de Diderot selon lequel lorsqu’une femme possède une intelligence géniale elle possède aussi une empreinte plus originale que les hommes et fait donc partie de l’élite. L'inaccessibilité des sociétés savantes a entraîné l'inaccessibilité aux instruments scientifiques, tels le microscope. Les restrictions au XVIIIe siècle étaient telles qu'on interdisait aux femmes, y incluses les sage-femmes, d'utiliser des forceps. Cette inaccessibilité n’a pas empêché des femmes de produire pour servir la science. Prenons pour exemples Madame du Châtelet (qui fait figure d’exception : elle a eu la chance d’avoir un père qui lui inculquait la même éducation que ses fils, puis un mari conscient de son intelligence, qui la laissait libre de se consacrer à la science) qui traduit en français les Principia Mathematica de Sir Isaac Newton en 1756. Ou encore Maria Margarethe Kirch, astronome célèbre en Allemagne à son époque, qui devient en 1702 la première femme à découvrir une comète. Ces deux femmes ont prouvé une fois de plus que Rousseau et ses visions arriérées de la société sont dépassés et que les femmes et la science n’étaient pas fondamentalement incompatibles comme le stipulait Rousseau.

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