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Signe et symbole

Dissertation : Signe et symbole. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Avril 2024  •  Dissertation  •  559 Mots (3 Pages)  •  19 Vues

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LE SIGNE ET LE SYMBOLE

Non, il s'agit, tout au contraire, de faire l'expérience de cet ordre spécifique qui existe sans nous et qui nous dépasse, Malebranche ne disait-il pas que "les valeurs sont ces réalités spirituelles qui nous résistent".

Il est fréquent, dans le langage courant, d'employer indifféremment les mots "signe et symbole". Pourtant, comme nous le faisons dans le Temple ( nous nous reconnaissons entre autres par des signes mais nous travaillons sur des symboles ), il convient de les distinguer.

Le signe est abstrait; il n'est rien en dehors de l'idée qu'il signifie par convention. Les soi-disant "symboles" algébriques sont à strictement parler des "signes". Ils ne valent que par la pensée rationnelle à laquelle ils renvoient. Le symbole a, tout au contraire, quelque chose de vivant et de charnel. Les allégories, les paraboles de la pensée mythique, tout comme les images de la poésie, ont, en plus de leur fonction représentative, une sorte de présence concrète. Les symboles ne s'effacent pas tout à fait derrière ce qu'ils signifient. Ou plutôt ils ne se contentent pas de représenter d'une façon toute conventionnelle et extrinsèque la réalité signifiée, mais ils l'incarnent, elle vit en eux.

Pourquoi la Maçonnerie a-t-elle continué à faire prévaloir le symbole alors que, dans le monde profane triomphe le signe?

Faire ce choix signifie préférer la pensée prélogique au rationalisme qui gouverne le monde à l'extérieur du Temple.

Certes le signe mathématique peut être considéré comme l'expression de l'intelligibilité suprême si l'on entend par intelligibilité l'absence totale du mystère, la pleine possession par l'esprit de ses instruments ; il est alors l'expression de la puissance humaine si l'on entend par puissance le pouvoir d'agir sur la matière, de bouleverser les objets du monde.

Mais la spiritualité de l'algébriste et la puissance du technicien ne sont-elles pas une caricature de la véritable spiritualité et de la véritable puissance? Simone Weil dénonce la sécheresse monstrueuse des signes lorsqu'elle écrit : " Argent, machinisme, algèbre. Les trois monstres de la civilisation actuelle. Analogie complète ".

Le monde des signes n'appartient pas au monde spirituel, c'est un monde désincarné, appauvri, vidé de substance. Le rationalisme cartésien ôte au morceau de cire couleur, odeur, forme et chaleur, le réduit à quelques déterminations abstraites et objectives. La signalisation algébrique triomphe en réduisant l'Etre à quelques formules, mais par là le rapport de signe à signifié périt. Ce qu'il faudrait, écrit Simone Weil, c'est " retrouver le pacte originel entre l'esprit et le monde ".

Dans nos Temples, en choisissant le symbole, nous n'avons jamais brisé ce pacte originel. Nous n'avons pas choisi de maîtriser le monde par le signe, nous avons préféré communier avec lui par le symbole.

Comme le dit Merleau-Ponty, n'est-ce pas là " une manière pour le corps humain de vivre et de célébrer le monde " ?

Le symbole réclame en effet au delà de la compréhension l'action et la célébration. Il faut que le poème soit chanté, il faut que le mythe devienne un rite, joué et célébré. Car il y a des idées qu'il ne suffit pas de penser abstraitement, mais qu'il faut vivre, qu'il faut incarner.

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