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Delaporte et de la Patellière, Le prénom

Commentaire de texte : Delaporte et de la Patellière, Le prénom. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Mai 2023  •  Commentaire de texte  •  1 906 Mots (8 Pages)  •  480 Vues

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Commentaire Composé

Extrait Le prénom

« Casigat ridendo mores », elle corrige les mœurs par le rire, c’est la devise de la comédie. Celle-ci est reprise par Molière au cours de son premier Placet au roi sur la comédie du Tartuffe en 1664 :  « Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant ». Plaire et instruire sont les mots d’ordre de la comédie classique. Seulement, pour le dramaturge français, ils n’ont pas la même portée. Dès le XVIIème siècle Molière insuffle un classicisme révolutionnaire et polycéphale à son théâtre. Il dénoue avec les règles d’unités (lieu, temps, action) garde néanmoins la règle de vraisemblance mais n’hésite pas à transgresser celle de bienséance. Véritable précurseur, Molière pose les bases d’une scène renouvelée. Des aspects comme le travestissement par lequel un personnage cache son identité ou son statut social, sont des ressorts traditionnels de la comédie fondée en Italie « la comedia dell arte » et grandement soutenue par Molière. Dans Le jeu de l’amour et du hasard, Marivaux exploite pleinement ce jeu de masques en faisant endosser aux maîtres les habits des valets et aux valets ceux des maîtres, créant ainsi de nombreux quiproquos. Ces « malentendus » sont toujours utilisé au XXIème siècle dans le Théâtre Contemporain. Mais, à présent, la scène aussi bien que le script se centrent sur les personnages dans leur intimité quotidienne. Et ils représentent sans détour toutes classes sociale avec des enjeux modernes, comme le choix d’un prénom. Ainsi, les dramaturges et compositeurs, Delaporte et de la Patellière, de la pièce Le prénom (2010) mettent en scène un canevas comique. Vincent et Anna vont avoir un enfant qu’ils vont appeler Henri, comme le père de Vincent. Mais celui-ci fait croire à ses amis, sans qu’Anna le sache, qu’ils vont l’appeler Adolf comme Hitler. Bien qu’amusant pour Vincent ça ne l’est néanmoins pas pour les autres puisqu’il s’en suit une dispute entre Pierre outragé et Anna qui ne comprend pas pourquoi et pense qu’il critique le prénom Henri.

On peut ainsi se demander dans quelle mesure le quiproquo sur le prénom représente une trame ambivalente : à la fois l’élément central du conflit entre les personnages, mais aussi, par ce fait, celui qui introduit le comique divertissant le spectateur.

Après avoir évoqué ce conflit, nous analyserons la comique qu’il induit.

Cet extrait est avant tout une opposition flagrante entre les différents personnages. Il souligne tout d’abord, les tensions dues au quiproquo. Celles-ci, pour commencer, sont plutôt légères. Pierre, par exemple, reste calme et tente de se contenir. Puis la tension monte crescendo jusqu’à l’aveu forcé de Vincent. En effet, l’accumulation - de l’adverbe d’intensité « moyennement » (réplique 1) accompagné de la négation restrictive « n’ont que moyennement apprécié » et du verbe « apprécier », du latin « pretium » » : prix signifiant reconnaître la valeur - constitue un euphémisme. Celui-ci, en outre prononcé par Vincent amorce le conflit en diminuant la gravité du choix factice du prénom Adolf. Ce peut être perçu, du point de vue de Pierre et de leurs amis comme une provocation de plus, créant une atmosphère lourde d’antagonismes. De plus, l’antiphrase de la deuxième réplique : « Désolé Anna » et la formulation antithétique : »Désolée..Mais » illustre la volonté de Pierre d’atténuer son propos et de ne pas se confronter directement (au début tout du moins). Toutefois, le comparatif « m’a plus déplu que surpris » (réplique 2) met clairement en avant la désapprobation de Pierre vis-à-vis de ce prénom « Adolf ». La didascalie « s’étouffe » (avant la réplique 4), par ailleurs, met en lumière à travers le jeu sur scène du personnage de Pierre son choc face au comportement détaché d’Anna et le début d’une réelle colère. Son irritation est traduite à nouveau par le ton décousu et qui s’échauffe. L’intonation de Pierre est en effet retranscrit par la ponctuation forte « ?! » « ? » « ! » ( répliques 4 à 6, et 10). De même l’itération et la reprise des termes d’Anna par Pierre avec : « la référence » (réplique 4 lignes 4-5) exacerbe l’emportement de Pierre face à l’innocence qu’il perçoit chez Anna en parlant du prénom. On peut ajouter à cela, le zeugme : «  tu te rends compte de qui on parle ? De ce qu’il a fait » (réplique 4, ligne 5) qui induit que Pierre est décontenancé. Ensuite, le discours indirect libre de Pierre rapportant les propos d’Anna : « Je ne l’ai jamais rencontré » met en exergue un changement dans la manière dont s’adresse Pierre à Anna. Lui auparavant contenu et poli est à présent offusqué et même dédaigneux envers son amie : « Mais elle s’écoute quand elle parle ?! » (réplique 6). Anna qui était confuse s’énerve finalement aussi. Ainsi, elle emploie un vocable familier : « Mais de quoi je me mêle ? Et tu es qui pour me parler sur ce ton ? » (réplique 7) et « Je t’emmerde » (réplique 11). Cette gradation ascendante souligne l’énervement d’Anna poussée aux insultes. Les itérations : « moi je » faites par Pierre, étayent une distanciation. Il se différencie du couple en disant cela induisant, « pas vous ». Pierre donne également maladroitement plus de force à son propos. Ces répétitions mettent en avant qu’il est très déconcerté face à cette Anna qu’il ne comprend plus. Enfin, la phrase elliptique : «  Justement, non. » (l. 14) clôt définitivement la discussion pour Pierre qui se trouve en total désaccord irréconciliable avec Anna. Ainsi, l’enchaînement des répliques a créé un effet de rapidité caractérisant ce moment de tensions.

Le conflit opposant Anna et Pierre créé par le quiproquo les amène à s’avouer des choses. Anna en vient à dire sa pensée sur des sujets non-dits auparavant. Elle porte elle-même un jugement sur le choix des prénoms des enfants de Pierre : « Je n’ai pas de cours de prénom à recevoir de quelqu’un qui appelle ses enfants Apollin et Myrtille ! ». Cette révélation est introduite par l’antiphrase « Je suis désolée » (l.14) qui appuie son jugement critique.

Après

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