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Wim Delvoye Et Le Ready Made

Mémoire : Wim Delvoye Et Le Ready Made. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2013  •  817 Mots (4 Pages)  •  1 212 Vues

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De Duchamp, Wim Delvoye hérite le geste inaugural de faire entrer aux musée des objets inattendus, et par définition exclus de l’univers artistique: à la trivialité du readymade de Duchamp, un urinoir rebaptisé « Fontaine », répond comme un écho amplifié celle du cochon, des rondelles de saucisson, et dans un registre encore plus proche, Cloaca, qui ne se contente pas d’évoquer l’accomplissement des besoins naturels, mais qui effectue sous nos yeux le processus même qui y aboutit.

Cette place accordée au trivial et au quotidien va de pair avec l’acceptation comme œuvres d’art d’objets produits par toutes formes de technique, y compris industrielle: Delvoye utilise toutes les ressources de l’artisanat et de la science, depuis le vitrail jusqu’à la chimie en passant par la mosaïque, le tatouage, la porcelaine et la radiographie.

Mais si la série de pelles de chantier peintes façon héraldique rappelle un autre ready made de Duchamp, intitulé In advance of the broken arm ( une grosse pelle à neige), la transformation que Delvoye lui fait subir va dans un sens précisément inverse à l’opération du ready-made, lequel considère l’objet industriel pour son absence d’ambition artistique, et cultive une indifférence de principe à l’égard de ses éventuelles qualités esthétiques ( - Duchamp avait en horreur la « pâte » ou style de l’artiste, qui laisse dans l’œuvre la trace d’une sensibilité individuelle, et il ne voulait pas entendre parler de la « beauté » de ses Fontaines, ou de ses porte-manteaux): les pelles de Delvoye, au contraire, sont convoquées comme produits d’une double technique: technique industrielle du côté de la forme de l’objet, et peinture ornementale du côté des armoiries qui le recouvrent – et esthétisent l’objet, dans le registre d’une culture ancienne, et partagée.

De cette rencontre, du reste, surgit une dissonance bien spécifique – comparable à la figure rhétorique de l’ironie – dont on ne saurait dire, si la pelle « trivialise » l’emblême, ou si l’emblême « annoblit » la pelle ; l’œuvre inviterait plutôt le spectateur à réviser les critères au nom desquels il maintient tel ou tel objet dans des catégories esthétiques étanches… La peinture joue ici doublement: dans sa matérialité, à travers le caractère bien fait, décoratif, mais aussi en tant que référence à notre patrimoine culturel. Les objets de Wim Delvoye tirent donc leur force d’une sorte de surcharge culturelle.

Cette saturation référentielle est particulièrement frappante dans l’usage qu’il fait des signes empruntés à l’univers de la consommation:

Les tatouages des cochons, de Harley Davidson à la Vache qui rit, sont autant de références à la publicité, à tel point que l’animal ainsi érigé au statut d’œuvre d’art apparaît comme une réalité ambivalente, mi yakusa mi support marketting. Le Logo réalisé pour Cloaca joue lui, moins sur l’ambivalence que sur l’accumulation: il accomplit la prouesse de réunir visuellement en une seule figure Monsieur Propre, les logos Ford et Coca Cola !

Quelqu’un comme Andy Warhol s’était déjà approprié les signifiants multiples des marques, comme par exemple celui de célèbres marques de soda, dans ses séries de bouteilles de coca cola ou de capsules de Pepsi lithographiées ; d’une certaine

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