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Les médias et les élites

Dissertation : Les médias et les élites. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Novembre 2021  •  Dissertation  •  3 723 Mots (15 Pages)  •  624 Vues

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Dissertation de culture générale : les médias et les élites.

« Le contrôle de la pensée est plus important pour les gouvernements libres et populaires que pour les États despotiques et militaires. La logique est simple : empêcher les masses ignorantes d'interférer avec les affaires publiques. Le public doit être observateur, non pas participant, il doit consommer des idéologies ainsi que des produits », disait Noam Chomsky dans son article Force and Opinion. Ainsi, cette réflexion s’inscrit directement au cœur de notre sujet « les médias et les élites ».

En premier lieu, il paraît pertinent de définir ce qu’est un média. Du latin médium qui signifie « milieu », un média se définit comme une institution ou un moyen impersonnel permettant une diffusion large et collective d'informations ou d’opinions, quel qu’en soit le support. Cependant, de quel média parle-t-on ? Il existe une forte pluralité ainsi qu'une grande diversité de médias, notamment de par le support utilisé - plutôt anciens ou traditionnels comme c'est le cas pour la presse écrite, la radio ou la télévision - ou plutôt contemporains, en référence aux médias connectés ou aux réseaux sociaux. De même, prenons-nous en compte les fondements idéologiques des médias ? Dans la mesure où ceux-ci, en fonction de leurs orientations politiques, ne diffusent pas les mêmes valeurs au sein de la sphère publique. Autant de questions auxquelles il parait fondamental de se confronter en amont d'un tel sujet. Par ailleurs, qu'est-ce qu'une élite ? Dérivé du verbe latin eligere, signifiant extraire, choisir, pourrait-on définir les élites comme toutes les personnes se trouvant au sommet de la hiérarchie sociale, exerçant des fonctions importantes, valorisées et reconnues au travers de revenus conséquents, de différentes formes de privilèges, de prestige, et autres avantages officiels et officieux. Néanmoins, existe-t-il une forme d'homogénéité chez cette élite ? Ne serait-il pas réducteur d’omettre une distinction entre élite économique et élite culturelle, dans la mesure où celles-ci ne disposent pas des mêmes capitaux ? En outre, l'emploi de la conjonction de coordination « et » incite à mettre conjointement en parallèle les termes « médias » et « élite » ainsi que l'ensemble de la diversité d'enjeux et de questionnements entourant leur définition.

Par conséquent, dans une société ou l’information circule parfois plus vite que les évènements qu’elle décrit, et au sein de laquelle la défiance envers les élites est mère d’une montée croissante de tensions dans l’antagonisme élite-peuple, quels sont les nouveaux enjeux des phénomènes d’influence à l’ère des médias de masse et dans quelle mesure les médias et les élites entretiennent-ils une relation étroite entre instrumentalisation et corruption ?

En premier lieu, il sera question d'analyser la révolution industrielle des médias. Puis, dans une seconde et dernière partie, il s'agira de s'intéresser à l'instrumentalisation nouvelle du monde de l'information par le biais des élites politiques et intellectuelles.

I. La révolution industrielle des médias.

Si les médias sont traditionnellement désignés comme un « quatrième » pouvoir, qu’advient-il de leur indépendance lorsque ceux-ci se retrouvent concentrés dans les mains d’un petit nombre de grands hommes et femmes d’affaires ? La création d’une élite, au sein même du monde des médias, n’est elle pas symptomatique d’une détérioration de l’information au profit d’interêts marchands et, par conséquent, anti-démocratiques ?

A. Une concentration accrue des médias entre les mains d’une élite économique.

En premier lieu, il parait pertinent de souligner que, depuis plusieurs années, les groupes de presse se trouvent de plus en plus concentrés entre les mains de quelques hommes et femmes d’affaires fortunés. Or, quels problèmes cela pose t-il concernant l’indépendance des médias ? Vaste question auquel il est complexe de répondre de manière unanime.

Cependant, il semble intéressant de se pencher vers ce que tend à nous montrer l’actualité de ce microcosme du monde de l’information. En effet, en France, la presse est détenue par seulement une dizaine de milliardaires tels que Xavier Niel, Serge Dassault et Vincent Bolloré. L’exemple du journal français « Le Monde », fondé par Hubert Beuve-Méry en 1944, est dans ce cas très parlant puisqu’il est détenu à 75% par la holding « Le Monde Libre », elle même contrôlée par les hommes d’affaires Xavier Niel et Matthieu Pigasse. Ainsi, pour continuer son activité, le journal bénéficie donc de subventions provenant directement de ces personnalités influentes. De ce fait, pourrait-on alors imaginer qu’un article dénonçant les organisations des filiales de ces hommes d’affaires puisse un jour paraitre à la une du Monde ? Si tel n’est pas le cas, l’information pourrait ainsi être biaisée, dans la mesure ou la presse ne serait finalement réduite qu’à faire paraitre des informations ne remettant pas en cause les agissements de celles et ceux qui la détiennent, mettant à mal la vérité, au profit d’accords et d’arrangements officieux. Par conséquent, la question est désormais de savoir comment sont sélectionnés les sujets, quels filtres se dressent entre les médias et la vérité ? Si l’existence de variables intra et extra-organisationnelles inhérentes aux choix des titres fait consensus, la nature de leurs caractéristiques demeurent bien plus dans l’ombre.

Par ailleurs, l’émergence de grands groupes multimédias pose encore une nouvelle question, si les sommets du monde de l’information ne sont plus détenus par des journalistes, incarnant traditionnellement une élite civique oeuvrant pour la vérité, mais par une élite marchande, oeuvrant pour ses propres intérêts, peut-on encore considérer que les médias jouent le rôle central d’informateurs ? Cela parait aujourd’hui difficile, car la quête indéfinie des profits semble vouloir mettre à mal ce qui s’est toujours imposé comme l’ultime objectif des médias : informer. En effet, dans la mesure où les dirigeants des grands groupes multimédias ne sont plus des journalistes mais des managers, l’aspiration à vendre et à tirer de plus en plus de profits est désormais privilégiée. En d’autres termes, la quantité est préférée à la qualité, le marketing

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