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Velasquez, le statut de l'artiste

Étude de cas : Velasquez, le statut de l'artiste. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  29 Avril 2017  •  Étude de cas  •  2 322 Mots (10 Pages)  •  790 Vues

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VELASQUEZ

Né en 1599, le peintre andalou connu sous le nom de sa mère, Velasquez, né Diego Rodriguez de Silva y Velasquez, appartient à la période qualifiée de « siècle d’or espagnol ». Celle-ci désigne une ère de rayonnement culturel de l’Espagne : c’est le temps de Lope de Vega, de Calderon de la Barca, de Cervantes, mais aussi de Tirso de Molina et du roman picaresque. L’ambigüité est patente, dans cette époque où la splendeur artistique et l’Espagne annonce déjà le déclin d’un empire au crépuscule de sa puissance politique et militaire. Les règnes de Philippe III et Philippe IV, contemporains de la vie de Velasquez, entrainent une Espagne affaiblie par des politiques belliqueuses couteuses vers la fin de son hégémonie sur l’Europe. L’Espagne, championne du camp catholique, se trouve confrontée aux forces de la France, sa grande rivale, et des Etats protestants, avec à leur tête l’Angleterre.

Dans ce contexte de progressive décadence, la trajectoire du peintre Velasquez est unique et semble le miroir opposé de la puissance espagnole : à mesure que celle-ci décroit, la carrière et le rang social de Velasquez s’envolent.  Ce n’est pas vraiment une coïncidence : on peut y voir un effet de la politique d’Olivarès, ministre et favori du roi, dont le rôle politique est considérable sous le règne du roi Philippe IV. Bénéficiant de la confiance du souverain, Olivarès se lance dans un programme visant à restaurer la puissance de l’Espagne, et s’entoure d’artistes qui en sont la cristallisation.

Cette chance inouïe que connait Velasquez d’être très vite reconnu et admis à la cour royale en fait un artiste atypique pour son époque, et si l’on veut étudier son cheminement d’artiste, il faut garder à l’esprit que celui-ci est bien éloigné de ceux de la plupart de ses contemporains, dont la condition sociale était peu enviable. Alors que la production culturelle battait son plein dans une Espagne de faste et de pompe, les artistes luttaient avec acharnement pour obtenir la reconnaissance de leur métier et gagner un statut de profession libérale, pour s’élever au-dessus du travail manuel.

On se demandera donc en quoi l’activité de peintre de Velasquez et sa condition sociale se mêlent et se répondent, tout au long de sa carrière.

Velasquez nait en 1599 à Séville, fils de Juan Rodriguez de Silva et de Jeronima Velasquez. Son père, d’ascendance noble et portugaise, était sans doute un petit hildago. Des sources montrent qu’il ne payait pas l’impôt de la blanca de la carne, auquel étaient soumis les roturiers. Pourtant, lorsque le jeune Diego montre un intérêt pour la peinture, ses parents ne l’en dissuadent pas et le placent dans un atelier comme apprenti. Cela pose question : le métier de peintre est alors peu considéré, et ne correspond pas à des aspirations nobles. Juan Rodriguez de Silva n’avait-il pas de meilleure ambition pour son fils aîné ? On suppose que la famille avait perdu de la noblesse de son ascendance – raison qui pousse, plus tard, Velasquez à vouloir redorer le blason de sa famille et de sa condition sociale. Le jeune Velasquez reçoit néanmoins une bonne éducation et montre très tôt une grande application dans l’étude des belles-lettres : il apprend la philosophie, la littérature, le latin et l’italien.

Si Velasquez fait ses premiers essais en tant qu’apprenti dans l’atelier du prestigieux peintre sévillan Francisco de Herrera le Vieux, il n’y reste que peu de temps. C’est dans l’atelier de son maître Francisco Pacheco que son talent se développe. Les liens entre les deux artistes restent très forts tout au long de sa vie : Velasquez épouse d’ailleurs la fille de son maître, Juana, en 1618. Il devient maître à son tour et entre dans la corporation de peintres de Séville en 1617.

Pacheco remarque le talent de son protégé, et par son réseau de relations, lance la carrière de Velasquez. En effet, de nombreux intellectuels de l’élite sévillane fréquentent la maison de Pacheco, et parmi eux, des protégés du duc d’Olivarès, homme de cour qui devient en 1621, premier ministre, à la faveur du nouveau roi Philippe IV. Par l’entremise de ses connaissances, notamment du peintre et poète Rioja et du chanoine Juan de Fonseca, Pacheco parvient à faire admettre Velasquez à la cour du roi en 1622, alors que la mort du portraitiste de cour Rodrigo de Villandrando laisse une place vacante.

Lors de ce premier voyage à Madrid, il a l’occasion de peindre le portrait du célèbre poète Gongora, et de se visiter les collections royales de l’Escurial, où il découvre notamment les œuvres de Titien. Mais ce premier séjour ne lui vaut pas encore la faveur du roi, et il rentre bientôt à Séville.
C’est l’année suivante, en 1623, que Velasquez est rappelé par Fonseca à Madrid, afin de faire son portrait. Le tableau est loué par Olivarès, qui donne l’ordre au peintre de s’installer à Madrid avec sa famille. A vingt-quatre ans, le petit
hidalgo qu’était Velasquez devient peintre de cour.

Velasquez, nouveau peintre de cour, se couvre rapidement d’honneurs et de l’estime du roi. Dès l’année de son arrivée, Velasquez est présenté à Philippe IV, qui est aussitôt séduit par les qualités artistiques et personnelles du peintre, et qui lui propose de réaliser son portrait. Celui-ci, terminé en août 1623, plait beaucoup au roi, grand amateur d’art (il connait lui-même quelques techniques de peinture, lui ayant été inculquées dans sa jeunesse, et n’en apprécie que davantage le travail de Velasquez). Il le récompense de trois cent ducats et de trois cent autres ducats de pension.

En octobre, il est nommé peintre royal, et son salaire est fixé à vingt ducats par mois, en plus du paiement de ses œuvres. C’est le début pour lui d’une longue carrière qui allie pratique artistique et vie de cour.

Le talent du jeune peintre de cour et sa capacité à représenter le réel évincent rapidement d’autres peintres royaux, notamment Vicente  Carducho. Néanmoins, sa gloire et la faveur du roi attisent de nombreuses jalousies et des critiques sévères de son travail. On lui reproche, par exemple, de n’être capable que de « peindre des têtes », c’est-à-dire de n’être qu’un peintre de portraits. Or, le portrait, à l’époque, ne jouit pas d’un statut glorieux, dans l’échelle des genres. On loue davantage l’habileté du peintre dans la représentation de ce qu’on ne peut voir dans la nature, que la simple reproduction de la réalité. En 1627, le roi organise un concours qui prouve à tous que ces critiques sont infondées : il ordonne à ses peintres de cour Carducho, Cajès, Nardi et Velasquez de réaliser une peinture de l’Expulsion des Morisques de Philippe III, événement historique à la gloire de l’Espagne. Se prêtant au jeu d’une réalisation de peinture historique, genre le plus prestigieux, Velasquez remporte le concours par une composition qui, malheureusement pour l’histoire de l’art, disparait dans l’incendie de l’Alcazar de 1734.

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