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Le Val Dormeur

Dissertation : Le Val Dormeur. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mai 2013  •  Dissertation  •  978 Mots (4 Pages)  •  1 038 Vues

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Le Val Dormeur

Je suis là, sur le banc, à observer une comédie morne - ou peut- être est-ce une tragédie, qui sait ? - dont les rôles s'éternisent, que l'on a vu et revu, dont on se lasse, et que l'on appelle si vulgairement la vie. Les gens passent, sous le ciel du soir qui, dans de larges lambeaux irisés, chute sans fin ; les gens passent oui c'est le mot, car ils ne laissent qu'un vague souvenir éphémère d'un flou brumeux, brouillard incertain qui vous étouffe, vous oppresse, vous noie dans de petits fils cristallins qui collent, curare trop lent, insupportable, insoutenable. J'observe alors ce théâtre absurde aux dialogues incohérents, assis, ne pouvant me lever - et personne ne m'aidera -. Le vent, dans lequel un reflet argenté ondule, balaye les mots, les cris, et les larmes rouges qui coulent le long de ma joue, sillonnant dans les rides salées déjà tracées, l'érosion des perles écarlates, immuables comme éternelles. Je me fonds dans le banc, deviens le décor risible d'une mise en scène amateur, je suis la plante verte, décorative, que l'on ne daigne même pas regarder, inutile, mal placée, une tache dans un ramassis d'objets, de choses, de riens.

Je suis blessé, mortellement blessé, un trou béant dans le creux de ma poitrine laisse couler le moindre de mes souffles, le moindre de ces petit bout éparses que fut ma vie ; je sens que tout s'échappe, que tout glisse, comme les regards qui passent sur moi : ils glissent, s'échappant, dérapant, m'oubliant - s'enfuyant peut-être - car ils ne veulent sans doute pas gâcher leur belle journée - non, il ne faut pas, elle est bien trop précieuse - alors ils évitent de me regarder, et même baissent la tête quelques fois.

Le souffle est de plus en plus difficile. Combien de temps ? Je ne sais pas... J'essaie de bouger, mais cela ravive la douleur déjà invivable - si l'on peut considérer que je vive-.

Alors je me cale, inerte, au fond du banc, c'est à peine si je respire, mon esprit tanguant, entre conscience et évasion, entre vérité aiguisée, un peu acide, et douce saveur sucrée, qui monte à le tête, légèrement alcoolisée.

J'entends des pas qui attirent mon attention, car ils s'arrêtent, non loin de moi. J'espère, je prie pour que son regard perdu s'arrête sur moi, ne serait ce que quelques secondes précieuses, qu'il reconnaisse ce banc - ou ce visage peut-être, par un miracle invraisemblable -, et qu'il remarque l'absence d'un détail futile ; oui, cela me suffirait. Je n'ose pas lever les yeux, car j'ai peur, atrocement peur.

Alors, j'attends, comme toujours, et me regarde cette fois, comme on se regarde sans ces lunettes qui ne fausse pas seulement la vue. Les blessures sont profondes, très profondes, trop profondes. J'ai mal, trop mal... et jamais elles ne guériront - non, pas celles-ci -, elles seront de lourdes cicatrices douloureuses, mais ceci seulement si je m'en sors ; car je meurs, lentement, à petit feu, mes forces s'échappent par ces petites plaies. Je frissonne de révulsion, de dégoût pour moi même, pour les gens qui m'ont fait cela ; je convulse légèrement, la bile me montant à la gorge, brûlante, acide ; je la retient le plus possible, me contorsionnant,

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