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La Madone du belvédère - Raphaël. 1506.

Commentaire d'oeuvre : La Madone du belvédère - Raphaël. 1506.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Décembre 2016  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 705 Mots (11 Pages)  •  3 751 Vues

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La Madone du belvédère[pic 1]

Introduction :

Nous allons étudier La madone du belvédère, aussi appelée : Madone à la prairie. C’est  une huile sur bois de peuplier réalisée par le Peintre Raphaël aux environs de 1506, mesurant 113 x 88 cm, et conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Raphaël est un peintre, un architecte et un sculpteur d’un talent tel que Goethe dira de lui qu’ « Il {avait} réussi ce que les autres rêvaient de faire. » ayant vécu de 1483 à 1520. Il fût le fils d’un artiste qui lui enseigna les rudiments de la peinture au sein de son atelier, puis l’élève de Le Pérugin, et il eût la chance de rencontrer De Vinci ou encore, le pape Jules II qui l’employa pour repeindre ses appartements. Raphaël réalisa la madone du Belvédère aux environs de 1506 durant ce que G.Vasari appela sa « période Florentine », qui durera quatre ans et qui est décrite « comme une période d’acquisition systématique de nouvelles techniques et d’ouverture à de nouveaux modèles » par Bette Talvacchia dans son livre Raphaël [1]. Âgé de seulement 22 ans, Raphaël quitte Pérouse pour Florence ou il rencontre De Vinci, qui l’influence autant que Michel-Ange, et grâce à qui il achève définitivement sa formation de peintre. Il réalisera durant cette période une série de vierges et de madones, parmi lesquelles : La Madone à la prairie (1506), La Vierge au chardonneret (1507) La Belle Jardinière (1507) et aussi La Dame à la Licorne. Bien que peintre indépendant à part entière, on sent encore chez lui, à cette époque, l’influence de Fra Bartoloméo, de Léonard De Vinci, de Michel Ange ou du Pérugin. Quatre ans plus tard il est appelé par le pape à Rome, c’est ainsi que s’achève en 1508 sa période Florentine. Raphaël est un peintre de la Renaissance, et plus précisément de la Haute Renaissance, qui dure de 1500 à 1530, et qui est marquée par la redécouverte de l’art antique romain qui sert d’inspiration aux artistes de cette époque, mais la haute renaissance est aussi marquée par la chute des Médicis et par la fin des Borgia. À cette époque, l’art gagne en maturité, en noblesse, réaffirmant « un humanisme retrouvé ». C’est donc dans cette période d’effervescence artistique qu’évolue et que s’épanouit Raphaël, au sein d’un mouvement mettant l’homme au centre de la création.

La Madone à la Prairie est donc la première madone peinte par Raphaël durant cette période. Elle est encore marquée par le style des maîtres de Raphaël qui parvient toutefois à insuffler dans cette représentation de la vierge, du christ et de saint Jean-Baptiste, un charme et une grâce particulière qui la distingue, à mon sens des autres tableaux de cette série.

 Nous verrons comment Raphaël parvient, en illustrant un sujet déjà surreprésentés, à se distinguer son oeuvres des autres madones de son époque. Pour répondre à cette question nous verrons abord en quoi cette oeuvre s’inscrit dans une tradition classique de la représentation de vierge à l’enfant, puis, nous verrons qu’elle se distingue en représentant un idéal naturel et parfait de la famille.

I. La représentation classique d’une scène biblique

A. On retrouve dans ce tableau tous les éléments classiques de la représentation biblique de la madone. Pour commencer, les personnages sont au nombres de trois : la vierge Marie, Jésus et le jeune Jean-Baptiste, nombre qui fait écho à la sainte trinité.  

Les premiers symboles que l’on repère sont les auréoles qui couronnent la tête des trois personnages et qui indiquent que ce sont des saints chrétiens.

De plus, la madone porte sa traditionnelle pèlerine bleue ainsi qu’une robe rouge, signe d’une représentation catholique de la vierge. Par ailleurs, le bleu est considéré comme une couleur céleste, tandis que le rouge est la couleur de la passion du Christ. les deux habits sont brodés de fils d’or représentant des caractères semblables à de l’hébreu[2], pouvant symboliser « la transition de l’ancien testament au nouveau » [3]. On devine qui est Jésus à sa position au centre du tableau, et au contact physique qui le lie à Marie, qui elle, le soutient de ses mains. De plus, il semble caresser son poignet, montrant le lien mère / fils unissant les deux protagonistes. Pour finir, on devine qui est le personnage excentré situé à gauche du tableau car il est souvent représenté en compagnie de la sainte famille. Étant né à quelque mois d’intervalle de Jésus selon la bible, le cousin de ce dernier, Jean Baptiste est représenté par les artistes comme son compagnon de jeu du fait de leur âge équivalent. On découvrira cependant qu’il est bien plus qu’un simple ami dans ce tableau. Il est aussi reconnaissable car il porte le traditionnel bâton croisé qui est l’un de ses attributs. Ainsi, on constate que Raphaël utilise bien tout les codes classiques de l’imagerie biblique dans cette oeuvre.

B. Mais ce tableau n’est pas qu’une simple représentation d’image chrétienne, c’est aussi une anticipation de la vie du Christ. En effet, Jésus titube, se raccroche au bâton que tient Saint Jean-Baptiste et qui s’achève sur une croix. Ce geste pourrait n’être dû qu’à la maladresse d’un enfant, mais le regard qu’échangent les deux garçons nous assure que c’est bien plus que ça. Ces deux garçons, forts, aux airs juvéniles, placés dans un cadre verdoyant, s’échangent un regard profond et intense, poignant par son sérieux. On pourrait croire que, par ce seul regard Jean-Baptiste met en garde son cousin face aux évènements qui adviendront, et que ce dernier en empoignant le bâton surmonté d’une croix, référence explicite à la crucifixion, dit à l’autre qu’il accepte son destin. De plus, Jean-Baptiste est agenouillé face à Jésus  qui lui se tient debout, signe de respect envers celui qui sera le sauveur de l’humanité. Pour finir on peut lire de la tristesse dans le regard de la Vierge qui observe la main qui se saisit du bâton, comme si elle aussi pressentait les évènements à venir. Elle soutient son fils, d’un geste protecteur et maternel, comme peut le faire une mère pour réconforter son fils qui souffre. Le rouge présent sur la robe de marie, mais aussi sur les fleurs de pavot est bien la couleur de la passion du Christ et de sa souffrance. Tout le tableau est construit pour annoncer le destin tragique des protagonistes, car on peut aussi voir les fleurs de pavot, placées à la gauche de Marie, comme annonciatrices de sa propre fin. Il est aussi une anfractuosité sous l’une des pierres à droite du tableau, près des fleurs, qui pourrait représenter l’entrée des enfers par opposition au ciel mis en valeur en arrière-plan et qui occupe près d’un tiers du tableau, écho à la montée au cieux du Christ. Ainsi, alors qu’à première vue on pense assister à une paisible scène champêtre, on nous prédit en réalité l’arrivée du drame central de la religion chrétienne.

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