LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Analyse du tableau Deux Chanteuses de Rutilio Manetti

Commentaire d'oeuvre : Analyse du tableau Deux Chanteuses de Rutilio Manetti. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  2 Janvier 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 405 Mots (6 Pages)  •  676 Vues

Page 1 sur 6

Analyse de l’œuvre de Rutilio Manetti, Deux Chanteuses[pic 1]

        Rutilio Manetti (1571-1639, à Sienne), est un peintre italien qui reçut sa formation auprès de l'école siennoise. Son œuvre est marquée par le style de Francesco Vanini et Ventura Salimbeni (fresques de 1597-1598). Cependant, ses rencontres avec des peintres florentins et ses voyages entre 1615 et 1621, notamment à Rome où la peinture caravagesque se diffuse, l'orientent vers une nouvelle approche de la lumière et de la narration. Il se consacre alors aux thèmes religieux (Extase de Madeleine, 1620, Paris), mais ses meilleures interprétations des principes naturalistes et luministes des adeptes de Caravage sont dédiées à des sujets profanes (Roger et Alcine, 1622, Florence ; Sophonisbe et Massinissa, 1623-1625, Florence).

        Nous analyserons ici son œuvre Deux Chanteuses (Due Cantanti), huile sur toile, 61x75 cm, exposée au musée Ingres de Montauban. La date de sa réalisation est inconnue, cependant l'influence caravagesque qui s'y retrouve ainsi que sa ressemblance avec d'autres œuvres (Loth et ses filles, 1620 ; Joueur de cartes, 1630)  indique qu'elle a été peinte après le tournant artistique qu'a été le voyage de Manetti à Rome, et certainement dans les années 1620. A cette période, l'Italie se remet difficilement de la crise européenne de la fin du XVIè siècle. Les grandes découvertes ont ouvert de nouvelles voies commerciales provoquant le déclin de Venise et Gênes tandis que Florence perd son rôle de première place bancaire. Sous domination des Habsbourg d'Espagne, le pays subit une régression culturelle : un coup d'arrêt est donné à la Renaissance par le rétablissement de l'Inquisition et le triomphe de la contre-Réforme.

        Dans un premier temps, nous verrons que l’œuvre de Manetti est techniquement empreinte de la double influence de l'école siennoise et du caravagisme. Puis nous analyserons les moyens utilisés par l'auteur pour créer une scène à la fois intimiste et mystérieuse.

        Ainsi, Rutilio Manetti s'est formé à Sienne, baignant dans un maniérisme tardif. Son école, en compétition avec celle de Florence, se caractérise par un goût raffiné pour la couleur : des tons orangés, rouges vifs contrastent avec des verts amandes dans un jeu d'opposition chaud/froid. Dans notre œuvre Deux chanteuses, nous retrouvons les teintes de feu que le peintre a appris à maîtriser durant sa formation. Autre trace de l'enseignement siennois : l'utilisation du Verdaccio. Se composant « d'une partie de noir et de deux parties d'ocre » selon Cennino Cennini, cette technique de sous-couche, qui tire son origine des fresques italiennes du début de la Renaissance (la Chapelle Sixtine de Michel-Ange), permet de créer les ombres des tons chair et de leur donner de l'éclat. Ici, le Verdaccio aide à faire flamboyer les visages sous l'éclairage de la bougie et permet de marquer le contraste entre les traits fins et purement lumineux de la jeune fille et ceux, plus réalistes, de la vieille dame. Cette différence de traitement entre les personnages est révélateur des inspirations variées de Manetti. En effet, la jeune chanteuse témoigne d'une recherche de préciosité, d'harmonie et d'idéalisme représentatif de l'influence siennoise, alors l'accent naturaliste dans la définition des traits de la plus âgée correspond davantage à une aspiration florentine. La recherche du contraste est, quant à elle, l'empreinte du style caravagesque.

        En effet, le caravagisme est caractérisé par la prédominance de scènes aux puissants clair-obscurs. Apparu à la suite du travail de Caravage à la fin du XVIè siècle, ce courant constitue la seconde révolution luministe, par la découverte de la force des ombres. Une grande partie du tableau étant plongée dans le noir, la question du décor est évacuée au profit de l'irruption des figures dans un puissant effet de relief et qui semblent surgir hors du tableau jusqu'à l'espace du spectateur. Ce fond neutre donne l'illusion de profondeur sans avoir à traiter du problème de perspective. La lumière étant concentrée sur certaines zones, l’œil est ainsi guidé vers l'essentiel : ici, le regard est attiré par la source de lumière qu'est la bougie. Bien que dissimulée, la violence de son éclairage dévoile le sens de la scène en révélant, par transparence, les notes de musique sur le papier. Autre spécificité de la peinture caravagesque, le cadrage à mi-corps est lui aussi réalisé dans le but de plonger l'observateur dans la scène. Enfin, les couleurs chaudes achèvent ce rapprochement en créant une atmosphère intimiste.

...

Télécharger au format  txt (8.8 Kb)   pdf (162.2 Kb)   docx (55.6 Kb)  
Voir 5 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com