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Analyse scène 1 Combat de nègre et de chiens

Commentaire de texte : Analyse scène 1 Combat de nègre et de chiens. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Janvier 2018  •  Commentaire de texte  •  2 996 Mots (12 Pages)  •  1 550 Vues

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Analyse de la première scène :

Derrière les bougainvillées, au crépuscule.

La didascalie d’ouverture nous donne une indication de lieu : un extérieur, une végétation tropicale / et de temps : la tombée de la nuit.

[pic 1]

HORN. – J’avais bien vu, de loin, quelqu’un derrière l’arbre.

Les paroles de Horn ne sont ni d’accueil, ni d’hostilité, il éprouve juste le besoin de notifier qu’il n’est pas surpris (peut-être n’est-ce pas tout à fait à l’autre qu’il s’adresse, mais à lui-même).

D’ailleurs, on ne sait si l’autre, il le voit distinctement, ou s’il devine sa présence « derrière l’arbre ». 

 

ALBOURY. – Je suis Alboury, monsieur ; je viens chercher le corps ; sa mère était partie sur le chantier poser les branches sur le corps, monsieur, et rien, elle n’a rien trouvé ; et sa mère tournera toute la nuit dans le village, à pousser des cris, si on ne lui donne pas le corps. Une terrible nuit, monsieur, personne ne pourra dormir à cause des cris de la vieille ; c’est pour cela que je suis là. [pic 2]

Alboury se présente tout d’abord et annonce sa venue : «  je viens chercher le corps ».

Ce qui est suivi d’un exposé des motifs pour lesquels il veut qu’on lui remette le corps, qui aboutit presque à une prophétie (« sa mère tournera toute la nuit dans le village, à pousser des cris, si on ne lui donne pas le corps »).

L’action s’inscrit donc dans un cadre de causalité : un événement antérieur à cette rencontre – la disparition d’un corps – a provoqué une chaîne de conséquences,  jusqu’à cette rencontre.

Alboury est là pour résoudre un problème qui est d’intérêt général (« personne ne pourra dormir »).

La réplique nous donne une abondance d’informations :

_ le nom du locuteur ;

_ on apprend qu’ils ne se connaissent pas ;

_ il y a eu un mort sur un chantier ;

_ il y a un village à proximité ;

_ la mère de la victime a le même souci qu’Antigone : « poser des branches sur le corps », elle est venue mais « elle n’a rien trouvé ».

Même s’il n’y a aucune formulation agressive qu’il y a bien au contraire une politesse irréprochable, cette réplique a valeur d’attaque. D’une façon oblique, Horn fait l’objet d’une sommation.

HORN. - C’est la police, monsieur, ou le village qui vous envoie ?[pic 3]

Horn ne "répond" pas, il ne contre-attaque pas, mais il esquive, moyennant une question qui élargit le champ dramatique en introduisant un troisième acteur collectif : il y a le chantier, le village, et maintenant la police.

Le "monde extérieur" est à présent constitué par le couple police-village entourant (très important) le lieu du théâtre : le chantier et ses abords plantés d’arbres tropicaux. 

[pic 4]

ALBOURY. - Je suis Alboury, venu chercher le corps de mon frère, monsieur.

De la même manière, plutôt que de répondre à la question posée, et comme s’il ne l’avait pas entendue, Alboury à nouveau se présente et énonce le motif de sa présence. C’est une répétition-variation de sa première réplique qui comporte un complément d’information : Alboury est le frère du mort. » (p. 53)

HORN. - Une terrible affaire, oui : une malheureuse chute, un malheureux camion qui roulait à toute allure ; le conducteur sera puni. Les ouvriers sont imprudents, malgré les consignes strictes qui leur sont données. Demain, vous aurez le corps ; on a dû l’emmener à l’infirmerie, l’arranger un peu, pour une présentation plus correcte à la famille. Faites part de mon regret à la famille. Quelle malheureuse histoire ! [pic 5]

« Une terrible affaire, oui » fait écho à « une terrible nuit, monsieur » (réplique de Horn) : il s’agit d’un tour de passe-passe langagier qui permet à Horn de refuser, sans en avoir l’air, la remise immédiate du corps.

ALBOURY. - Malheureuse, oui, malheureuse non. S’il n’avait pas été ouvrier, monsieur, la famille aurait enterré la calebasse dans la terre et dit : une bouche de moins à nourrir. C’est quand même une bouche de moins à nourrir, puisque le chantier va fermer et que, dans peu de temps, il n’aurait plus été ouvrier, monsieur ; donc ç’aurait été bientôt une bouche de plus à nourrir, donc c’est un malheur pour peu de temps, monsieur.[pic 6]

Il y a une sorte de réflexion sur la valeur de cette mort : se creuse ici une différence entre deux visions du monde, reflétant une différence de classe et de culture.

→ Résumé de la situation :

Situation initiale de la pièce : un homme a fait intrusion dans le territoire de l’autre. pour lui réclamer quelque chose, que l’autre ne semble pas pressé de lui donner.

Alboury est en attaque, et Horn en défense. Pas plus l’attaque que la défense ne sont frontales. Chacun des deux adversaires tourne autour de l’autre, opère une reconnaissance des positions de l’autre. Cela fait penser au prélude d’un combat.

Concrètement, Horn prétend remettre à plus tard (« au lendemain », dit-il) la restitution du corps, ce qui n’est pas compatible avec l’exigence du village. Les éléments d’un conflit sont en place. Mais on ignore pourquoi Horn ne défère pas à la demande.

HORN. Vous, je ne vous avais jamais vu par ici. Venez boire un verre de whisky ; ne restez pas derrière cet arbre, je vous vois à peine. Venez vous asseoir à la table, monsieur. Ici, au chantier, nous entretenons d’excellents rapports avec la police et les autorités locales ; je m’en félicite. [pic 7]

C’est comme si Horn effaçait tout ce qui s’est dit depuis le début de leur rencontre. Il efface le drame, le conflit, la cause de la présence de l’autre ici.

D’ailleurs, cet autre n’est pas si autre que ça et on peut boire un verre ensemble. L’invitation faite à Alboury, insistante, est de « venir vers » lui. Donc de se débusquer et peut-être de se désarmer...

Mais il se peut que, tout simplement, Horn ait peur. Pour lui, les rapports humains exigent la visibilité.

Selon lui, il faut donc qu’Alboury vienne s’asseoir à sa table, et tout ira bien.

...

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