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L'éclectisme Historique

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Par   •  6 Janvier 2012  •  4 623 Mots (19 Pages)  •  2 435 Vues

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L’ECLECTISME HISTORIQUE

L’Architecture est l’Art de la conception et de la mise en forme d’espaces de vie : ceux d’une demeure, d’établissements industriels ou religieux…, comme ceux d’espaces urbains. L’histoire de l’architecture est avant tout le reflet de l’histoire des hommes. Chaque mouvement artistique rencontre une époque, un environnement philosophique, politique ou spirituel bien particulier.

Dès la fin du 18ème siècle, l’architecture s’éloigne d’un académisme contraignant en amorçant un retour vers d’anciennes sources. La grande architecture classique française ne convient plus à une société issue de la Révolution. Les architectes, afin de répondre aux demandes d’une clientèle bourgeoise désirant afficher leur richesse, vont être amenés à mêler différents styles (antique, oriental, moyenâgeux, gothique).

L’art du XIXème siècle est marqué par l’éclectisme (issu du grec eklegein, choisir); issu de la philosophie de Victor Cousin (4), qui propose d’emprunter aux systèmes de pensée divers ce qu’ils ont de meilleur. Il est particulièrement présent en Architecture, Viollet le Duc (5), Baltard (6), Ballu (7), Henri Labrouste (1) ou Charles Garnier (2), truffent leurs œuvres de références aux styles historiques : Roman, Baroque, Byzantin…

L’éclectisme cherche à mêler les divers styles du passé, dans la volonté de rompre avec les canons de la composition. Les styles décoratifs interchangeables ouvrent en outre la voie à des formes de contamination des genres selon deux lignes fondamentales : d’une part, le fait de revisiter un modèle choisi parmi tous ceux qu’offrent l’histoire et par ailleurs, le mélange d’éléments hétérogènes. Et c’est ainsi qu’aux côtés du néoclassicisme et du néogothique, apparaissent le néo-roman, le néo-byzantin, le néo-égyptien et toutes les variantes intermédiaires possibles.

L’éclectisme peut être vu comme un « métissage architectural » où plusieurs styles sont représentés, où les sources d’inspiration sont multiples, où les éléments se mélangent pour finir par former un style à part entière.

Nous pourrions dire que les architectes de la fin du XIXème siècle se sont attachées à mettre en œuvre des styles du passé mais d’une manière plus libre, plus éclectique. L’époque nouvelle s’approprie le patrimoine entier élaboré par le passé, le dépouillant de sa connotation temporelle et le réduisant à une forme pure.

L’éclectisme n’apparaît pas dans toutes les histoires de l'architecture parce que ce mouvement n’est pas identifié comme tel par tous les historiens, et ce, quel que soit le niveau scientifique de l’étude.

L'éclectisme est pragmatique, concret, efficace, moderne. Il caractérise cette démarche des architectes du XIXe siècle qui, depuis la monarchie de Juillet jusqu'à la fin du siècle et pratiquement jusqu'à la veille de la guerre de 1914, poursuivent un vaste débat sur la technique, l'histoire et la société.

Il est né de la volonté des architectes de se distinguer des constructeurs et de s'emparer du pouvoir dans le processus de la construction. Cette ambition, à laquelle ils sont restés fidèles jusqu'à nos jours, a non seulement rencontré l'opposition de tous ceux pour qui la construction représentait un enjeu économique et politique, mais elle a également déclenché entre les architectes un combat fratricide. La définition de leur profession sur laquelle ils se sont finalement accordés exprime la volonté d'instituer une sorte d'arbitrage dans le débat social.

Si, paradoxalement, les divers courants du mouvement moderne l'ont contesté, l'éclectisme est probablement la plus moderne des manières de penser l'architecture.

Dans les constructions de bâtiments religieux, outre le renouvellement du vocabulaire formel (tant dans la composition que dans l'ornementation), les églises éclectiques montrent d'autres innovations. L'application de nouvelles technologies permet d'accroître la taille des édifices, de créer des volumes nouveaux et de répondre de façon originale aux exigences du culte catholique. Ainsi, on en arrive à créer des églises où sont mieux intégrées les fonctions : sacristie, chapelle de mariage, baptistère, circulation à l'intérieur du bâtiment principal mais aussi vers la sacristie, le presbytère, le parvis et le cimetière (pour les églises rurales). Des nouveaux matériaux amènent aussi variété et couleur - la polychromie étant en partie un héritage du néogothique - et on utilise le travail de la pierre à un degré jusqu'alors inégalé en architecture religieuse. L'intérieur des temples fait maintenant une large place aux cycles de peintures, sculptures et vitraux, ce qui lui confère un caractère profondément narratif. Tant de changement ne peut s'expliquer que par une nette volonté d'affirmation, de distinction et montre que l'architecture de nos églises est à la recherche d'une nouvelle identité. À partir des années 1880, apparaissent des bâtiments novateurs dont la composition et l'ornementation sont parfaitement maîtrisées. Les projets marquent aussi un pas dans le processus d'affirmation de la profession d'architecte dans la construction des églises.

L’éclectisme peut aussi être considéré comme la réaction contre une tentative multiforme de se réapproprier les styles historiques (que le modèle fût Byzance, la Grèce, le gothique, le roman ou la Renaissance) qui donna négativement une cohérence à cette diversité.

Robert Musil ( 1880 - 1942 : ingénieur, écrivain, essayiste et dramaturge Autrichien) parle ainsi du XIXe siècle dans « L’Homme sans qualités » (traduction française 1957) : « Le siècle qu’on venait d’enterrer n’avait pas spécialement brillé par sa seconde moitié. Il s’était montré adroit dans le domaine de la technique, du commerce et de la recherche, mais, en dehors de ces foyers d’énergie, calme et menteur comme une eau dormante. .. tout se faisait alors avec une méthode dont les modèles tant admirés n’auraient jamais été capables, méthode dont on peut voir les traces aujourd’hui dans nos rues et dans nos musées. » Or, son opprobre, sans le vouloir, dit l’intérêt de l’éclectisme : que celui-ci dans ses meilleures réalisations s’accompagne d’un surplus d’imitation qui contredit (comme dans la peinture dite hyperréaliste) la volonté mimétique. On s’aperçoit alors que loin d’être la simple redondance béate que tout le mouvement moderne, de Sullivan à Le Corbusier, aura détesté en lui, il propose une théorie implicite

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