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Quelle expérience humaine est-elle plus paradoxale que celle du désir ?

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Par   •  16 Janvier 2020  •  Cours  •  1 505 Mots (7 Pages)  •  544 Vues

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INTRODUCTION :

Quelle expérience humaine est-elle plus paradoxale que celle du désir ? N’est-elle pas tout à la fois accompagnée de l’évidence la plus vive et habitée par une profonde ignorance ? En effet, quoi de plus certain que la conscience de désirer dans le temps même où j’éprouve un désir ? Et pourtant suis-je réellement certain de ce que je désire, d’où me vient ce désir et pourquoi/pour quoi je l’éprouve ainsi ? Si avec Spinoza, on peut définir le désir comme « l’Appétit avec conscience de lui-même » (Ethique, III, IX), celui-ci pour autant nous échappe et nous pousse, parfois de manière inconsciente, vers un but apparemment inconnu.

Aussi le désir met-il à mal tant la compréhension que la maîtrise que nous prétendons en avoir.

Le désir est difficile à définir rationnellement :

- non seulement parce qu’il est « une bête multiforme et polycéphale » (Platon, La République, 588 c), mais aussi parce qu’il est « l’essence même de l’homme » (Spinoza, Ethique)

- non seulement parce qu’il entretient une relation difficile et ambiguë avec nos besoins et nos pulsions, mais aussi parce il se présente sous la forme paradoxale d’une répulsion qui nous attire, d’un déchirement, et même d’un manque, qui nous comble.

- non seulement parce qu’il se présente sous des formes diverses comme l’amour, la volupté, le souhait, la curiosité, mais aussi parce que le fait même d’en parler donne l’impression d’être pris à l’intérieur d’un flux incessant d’élans immaîtrisables.

« le mot désir évoque l’homme. Il a des résonances multiples et contradictoires. Il est ce qui, en nous, a quelque chose à voir avec la violence de la passion et son incompréhensible source, avec la mystérieuse attirance de l’objet, avec la note de sérénité exquise qui marque d’un trait de feu le moment de son accomplissement. Le désir est comme le cœur et la couleur du temps de l’homme. Il bat la mesure de sa vie. Il la nuance d’une teinte particulière. » (D. Vasse, Le temps du désir)

D’un point de vue étymologique, le verbe « désirer » vient du latin desiderare, composé de de- (à la valeur privative) et sidus, « astre », sur le modèle de considerare, « considérer ».

C’est pourquoi, au début, il aurait signifié : « cesser de contempler (l’étoile, l’astre) » ; d’où « constater l’absence de », avec une forte connotation de regret.

Mais cette idée première « regretter l’absence » a progressivement laissé la place à l’idée positive et prospective de « chercher à obtenir, souhaiter » déjà usuelle en latin et qui correspond au sémantisme astral (par ex : « demander la lune »).

C’est en ce sens que le mot « désir » est utilisé en français à partir du XIIe siècle, et qu’il qualifie aujourd’hui les aspirations et les souhaits.

D’où tte une série de synonymes : appétence, appétit, aspiration, attirance, attrait, besoin, convoitise, envie, faim, goût, inclination, intention, passion, penchant, soif, souhait, tendance, tentation, visée, vœu …

1. LE DÉSIR ET LE SAVOIR

Le désir se présente d'abord à nous simplement comme une expérience : il est éprouvé avant même d’être pensé, réfléchi. Mais ce sentiment, qui peut également être pensé, nous invite à conférer une valeur, voire un sens, au monde qui nous entoure.

Quand nous désirons, notre horizon de pensée et surtout d'action semble, en effet, se limiter à ce qui, pour nous, est désirable.

Par le désir nous sommes orientés vers des buts, attirés par des objets, mis en mouvement par des attentes qui peuvent s’exprimer aussi bien dans des espérances et souhaits que des craintes et des aversions.

La difficulté que rencontre la philosophie lorsqu'elle s'interroge sur le désir, c'est qu'elle doit bien remettre en cause la validité de ces buts, la valeur de ces objets et la légitimité de ces attentes.

Autrement dit, elle doit marquer une distance par rapport à ce que le désir veut précisément atteindre.

Or ceci est d'autant plus problématique que, dans le moment où nous désirons, nous ne questionnons pas notre désir comme tel, mais nous préférons calculer, prévoir ou espérer les moyens qui nous permettront de le satisfaire : nous sommes tout entiers à notre désir, c'est-à-dire dénués de capacité critique par rapport à lui.

Le désir semble nous engager bien plus que tout autre sentiment ou que toute connaissance objective, cet engagement le rendant apparemment inaccessible au savoir rationnel, mais aussi à la maîtrise de la volonté.

Le premier mouvement de la connaissance consiste alors à relativiser l'objet du désir pour tenter de comprendre ce qui nous fixe à lui, parfois jusqu'à l'obsession. La philosophie fonctionne ainsi comme un « désenchantement » du désir, et si son exercice est aussi difficile, c'est que le sujet désirant n'est pas prêt à remettre en cause la valeur de ce qu'il recherche.

Mais pourquoi ?

Parce que le désir est - paradoxalement - moins attaché à sa satisfaction qu'à la valeur de son objet.

Ce que nous désirons obtenir, nous le désirons d'abord selon l'importance que nous (mais surtout en référence au désir

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