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Peut on vouloir la servitude ?

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Par   •  16 Mars 2022  •  Dissertation  •  2 173 Mots (9 Pages)  •  614 Vues

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PEUT-ON VOULOIR LA SERVITUDE ?

Au sens général du terme, la servitude est une forme d’obéissance, un état de dépendance forcée qui consiste à exécuter des ordres par soumission non volontaire à une autorité, obtenue par la contrainte. Volontaire fait référence à la notion de liberté, plus précisément au libre arbitre qui est la capacité pour un individu de choisir ses actes sans y être contraint par aucune force extérieure. On peut donc tout de suite faire remarquer l’existence d’un paradoxe si l’on parle de servitude volontaire . Comment un homme libre pourrait-il décider d’aliéner sa liberté ?Y’a t-il une notion de choix pour l'être humain ? Comment sans tomber dans la servitude n’y aurait-il pas une forme d’interdépendance qui préserverait les libertés ? Que doit supporter l’homme pour vivre intelligemment en société ?

Il est ainsi opportun de se demander si l’on pourrait imaginer vouloir la servitude.

Ainsi dans un première partie, nous nous demanderons s’il existe une forme légitime d’obéissance, puis nous nous verrons dans une deuxième partie si la tendance à l'aliénation est intrinsèque à l’homme. Enfin dans une dernière partie, nous montrerons comment une organisation politique responsable peut être garante des libertés .

Dans un premier temps, nous nous questionnerons sur la notion de la ” servitude volontaire” en partant du principe que la servitude n’est pas voulue.

Dans la mesure où l’homme vit en société, il importe de se poser la question de l’exercice de sa liberté au milieu de ses semblables.

D’un point de vue personnel, Platon met en garde contre les dangers des désirs.

Les désirs individuels sont fondamentalement une source d’asservissement car le désir est insatiable. En effet, dans le Gorgia, Calliclès considère la liberté comme une capacité à satisfaire ses désirs, la voix du platonisme lui répond alors “ C’est donc la vie d’un pluvier que tu vantes” . L’image de cet oiseau qui défèque en même tant qu’il se nourrit à pour signification que la liberté est vide et inconstante et révèle une certaine dépendance à ses désirs.

D’un point de vue plus large , il semble que la loi qui impose des droits et des devoirs soit une entrave à la liberté individuelle . Le proverbe “ la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres” illustre bien ce problème: pour vivre en société, il faut poser un certain nombre de limites à l’exercice de la liberté.

En effet, ce sont les lois qui encadrent et rendent possible la coexistence d’une pluralité de libertés individuelles. Si l’on considère que la liberté est la possibilité d’agir selon la loi, c’est parce que les lois sont en fait la condition de la liberté collective .

D’un point de vue sociétal, Hobbes formule une autre théorie.

L 'Homme selon lui, est guidé par le désir de pouvoir : sous l’état de nature, chacun désire dominer l’autre . “C’est la guerre de tous contre tous “.

Il exige alors une centralisation absolue du pouvoir politique qui permet d’éviter toutes oppositions et conflits .

Il faut donc instaurer un pacte où chacun s’engage à se démettre d'utiliser sa force au profit d’un tiers. Qui ne contracte pas et qui devient seul à pouvoir légitimement exercer la violence : l’Etat.

Cette structure politique est donc nécessaire pour assurer la paix sociale au sein de la société. Chaque sujet accepte d’aliéner sa liberté au profit de l’Etat si celui-ci lui assure la sécurité. Les hommes doivent alors “échanger” une part de leur liberté contre la sécurité pour éviter une guerre entre eux et préserver une part de leur liberté que sont les droits fondamentaux de chacun. Il faut que l’homme soit assuré de ne subir aucune attaque pour pouvoir décider , selon sa droite raison, quelles actions sont bonnes pour lui .

Dans cette perspective, on comprend que l’existence des désirs individuels qui pourraient entrer en conflit nécessite une institution qui vienne les borner et restreindre la liberté de chacun par les lois qui assurent la sécurité de tous, en faisant du droit naturel à disposer de soi un droit positif, c’est à dire protégé institutionnellement.

En outre, Hobbes souligne que les hommes ne sont pas asservis même si les lois définissent un ensemble de choses à ne pas faire. Car les lois laissent également une grande liberté d'action relative à tous ceux sur quoi elle ne statue pas.

L'autorité politique par les lois positives qu’elle prescrit ,restreint largement les potentialités d’action de chaque sujet,mais aussi les menaces qui plane sur chacun d’eux

D’une part, elles ne s'intéressent qu’aux actions, les citoyens sont donc libres de penser ce qu’ils veulent. D’autre part, les sujets sont uniquement autonomes dans le silence de la loi, c'est-à-dire dans les domaines où la loi ne s’exprime pas explicitement.

En somme , on peut remarquer une conciliation des notions de liberté, sécurité, contrainte juridique et autorité politique. Les théories politiques de Hobbes s’opposent à celle de Rousseau concernant le degré d'équilibre entre liberté et sécurité .Cependant elles justifient toutes deux les rapports politiques de maîtrise et de servitude entre les hommes . Or “ l’Homme est né libre” et tous sont égaux en droit. Alors comment expliquer la notion d’une servitude volontaire ?

Dans un deuxième temps donc , nous pouvons nous demander si l’homme désire volontairement la servitude . Question contradictoire , car si l’homme est libre, il ne peut pas vouloir être asservi.

Cependant, Etienne de la Boétie dans le discours de la servitude volontaire dénonce ce phénomène paradoxal dans l’attitude des hommes face au pouvoir politique : des milliers d’hommes se soumettent à un seul homme pour décider de tout concernant une masse.

Le point de départ de ce paradoxe serait le scandale de l’oppression du peuple par le tyran, scandale qui ne consiste pas seulement dans la perte de la liberté mais aussi dans le rapport qu’ont les hommes à cette perte. En effet, ils minimisent

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