Est-il légitime de vouloir occulter la mort ?

Est-il légitime de vouloir occulter la mort ?

La mort est inévitable pour chacun d’entre nous, elle finira par arriver. Certaines personnes sont atteintes de thanatophobie, la mort les effraient à un point qu’ils en sont malades. Pourtant la mort est présente, chaque jour dans le monde entier. Chaque seconde une personne disparait. Dans certaines sociétés la mort est familière, dans les pays pauvres par exemple. Mais dans notre société plus moderne, c’est un sujet tabou, que nous souhaitons éviter. La mort nous effraie, en conséquent est-il légitime de vouloir l’occulter ?

Nous verrons tout d’abord qu’il est légitime de vouloir dissimuler la mort, qui peut être un véritable obstacle dans notre vie quotidienne. Cependant, ne pas occulter la mort peut être bénéfique et nous permettre de donner un sens à notre vie.

La mort dans nos sociétés contemporaines est un sujet tabou. Tout d’abord synonyme de tristesse, de chagrin et de fatalité, elle fait peur.

Nous y assistons pourtant dans la vie de tous les jours, dans notre famille et entourage, ou bien par le biais des médias. Nous la contemplons, nous sommes de simples spectateurs, nous ne pouvons rien faire pour l’empêcher. Cela nous parait même parfois normal. Mais cette mort nous parait lointaine et plus facile à accepter. En effet, il est en général plus facile de comprendre la mort d’autrui que la notre.

Nous ne voulons pas en entendre parler, et nous mettons tout en place pour la dissimuler. En effet, y penser en permanence nous empêcherait de vivre. Impossibilité de se projeter, d’aimer quelqu’un par peur de le perdre un jour. Notre propre mort nous échappe et nous effraie. Nous voulons la vie sans la mort. Le temps qui nous rapproche chaque jour, un peu plus prés du moment tant évité nous fait peur, nous voulons que le temps nous laisse intact et que la mort ne nous touche jamais.

La mort est insupportable, elle anéanti tout ce que nous pouvons construire. Elle est angoissante. Il est donc normal lorsque nous pensons dans ce sens, de vouloir occulter la mort.

C’est ce que fait Vauvenargues, il rejette le fatalisme, « la pensée de la mort nous trompe, car elle nous fait oublier de vivre ». La mort nous empêche de nous projeter dans le futur, d’avoir de l’ambition puisqu’à tout moment, celle-ci pourrait venir tout anéantir. Elle nous ôte tout espoir, toute envie. Ainsi, il faut ne jamais y penser car pour « exécuter de grandes choses, il faut vivre comme si l’on ne devait jamais mourir ». Il faut alors l’oublier, écarter la pensée de la mort.

De même, de nombreux philosophes comme Horace, Ronsard ou bien Diderot veulent aussi « pulvériser et anéantir l’idée même de la mort ».

Selon eux, il faut y penser le moins possible et distraire sa pensée de cette angoisse par le divertissement. Ces philosophes font des apologies de celui-ci, qui permet la distraction, l’amusement et l’oublie de la mort.

« Boire de bons vins, se gorger de mets délicats, se rouler sur de jolies femmes, tout le reste n’est que vanité », tout réside dans les plaisirs selon Diderot.

C’est donc en véritable hédoniste que Diderot raisonne ici.

Il faut selon lui profiter des joies de la vie, du plaisir de la chair, et seule la recherche du plaisir est le véritable objectif à atteindre. Ainsi, par ces divertissements, la mort n’occupe plus nos pensées.

Horace et son fameux « Carpe diem » va aussi dans le même sens que Diderot, vivre au jour le jour, tel est son dicton, profiter de la vie car celle-ci est courte.

Mais vivre ainsi, sachant que l’homme est le seul animal à savoir qu’il va mourir, le renvoi au rang d’animal, puisqu’il fait tout pour oublier cette mort.

Faut-il réellement anéantir totalement la pensée de la mort pour vivre ? Ne pouvons-nous pas vivre tout en sachant que l’on va mourir ? Et qui a dit que la mort est un mal qu’il faut fuir ?

Nous devons apprendre à vivre avec, et à l’accepter. Accepter la mort permet aussi de faire son deuil. La mort organisée en est un parfait exemple. Le mourant sait qu’il va mourir, il peut se préparer et l’accepter, faire ses adieux pour avoir une bonne mort. Celle-ci ne lui fait pas peur, car il a fait tout ce qu’il devait faire avant de mourir.

En effet selon Platon, la mort est une délivrance, car le corps emprisonne notre âme.

Les différents rituels mortuaires permettent aussi cette acceptation de la mort. C’est un passage de la nature vers la culture, surtout dans les sociétés traditionnelles où la mort est apprivoisée.

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