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Peut- on considérer d’un homme qui a travaillé toute sa vie qu’il a raté sa vie ?

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Par   •  19 Février 2016  •  Dissertation  •  3 137 Mots (13 Pages)  •  1 249 Vues

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Philosophie

Sujet : Peut- on considérer d’un homme qui a travaillé toute sa vie qu’il a raté sa vie ?

Avant d’être vécu comme une activité libératrice ou plaisante, le travail apparaît originairement et essentiellement comme une contrainte. Sans doute parce que l’homme ne s’y met pas volontiers mais par nécessité, nous en concluons qu’il se réduit à la difficile production de nos moyen d’existence. Pourtant les hommes ne travaillent pas uniquement pour survivre, mais aussi pour leur confort et leurs plaisirs personnels. Le travail revêt une connotation péjorative, tout d’abord par son origine biblique. La tradition judéo-chrétienne considère le travail comme une malédiction divine consécutive à la transgression originelle (Le fait qu’Adam et Eve aient gouté au fruit défendu et donc désobéis à Dieu). L’étymologie du mot travail se révèle tout aussi négatif car elle provient du bas latin « tripalium » qui signifie initialement « instrument destiné à ferrer les chevaux ». Par extension, « tripalium » c’est ainsi mis à désigner un instrument de torture. Le travail est alors avant tout une activité déplaisante qui ne permet pas d’être heureux et souvent perçu comme esclavagiste mais elle permet aussi à celui qui travail une certaine indépendance et lui permet d’être maître de la nature. Nous pouvons donc nous demander : Le travail est-il un obstacle à la réussite ? Le fait qu’un homme est travaillé toute sa vie est-ce un signe d’échec dans sa vie ?

L’opinion courante répondrait sans hésiter oui à la question, le travail est une activité contraignante et souvent pénible. Donc si on prend cette définition du travail, nous pouvons dire que celui-ci est une activité qui relève de l’obligation et par conséquent ne permet pas à l’homme d’être libre. Cependant, en même temps qu'il est le signe de la dépendance ou de la servitude de l'homme, le travail est aussi le remède à cette dépendance, le moyen de son dépassement. Le travail serait alors un moyen d’être libre. Enfin, ne peut-on pas de plus parler d'une « fin du travail » aujourd'hui, qui viendrait prouver le fait que les individus n'ont plus besoin du travail pour se réaliser et être heureux ?

L'homme libre c'est celui qui dispose du loisir, seul un loisir permet à l'homme d'accomplir pleinement sa nature, de développer sa raison (« logos »). Le travail n'est pas un attribut de l'homme libre, par exemple l’esclave dans la société grecque. Chez les Grecs ancien les hommes libres méprisés le travail. Ce dernier était délégué aux esclaves car un homme libre n’avait pas à s’abaisser à une activité presque bestiale en vue d’assurer sa survie. Pour ces Grecs libre et lettré, le travail était conçu comme une marque de ressemblance avec l’animal. Travailler revenait donc à se conduire en animal, d’où le fait de réserver ces tâches ingrates aux esclaves qui eux même était considéré quasiment comme des animaux. L’homme libre devait inversement occuper son temps à cultiver son esprit, c’est-à-dire s’occuper à des contingences qui l’élèvent au statut d’homme véritable doté de « Logos », par exemple en pratiquant la philosophie, les mathématiques, la physique, l’astronomie etc…

De plus, pour Nietzsche, le travail est « la meilleures des polices ». Selon lui, la société glorifie le travail en permanence afin de se repaître de l’énergie des travailleurs et de les vider intérieurement afin de les rendre inoffensif. Plus précisément le travail capte une énergie faramineuse, et lorsque le travailleur rentre chez lui il n’a plus la force d’aimer passionnément, de détester, de se questionner et de se révolter. Il devient alors consentent et malléable, il ne représente plus une menace pour la société. Le travail, créé donc des zombies, amorphes, conditionnées et absolument inoffensifs ce qui se révèle doublement bénéfique pour le système : d’une part il a pu « vampirisés » l’énergie des citoyens à son profit, d’autre parts il s’est assuré la pérennité. « Le travail constitue la meilleure des polices, il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie,  à l’amour et à la haine […]. Ainsi une société où l’on travail dure en permanence aura d’avantage de sécurité : et on adore aujourd’hui la sécurité comme la divinité suprême » (Aurore)

D’autre part, le travail constitue une activité contre nature. Pour Jean Jacques Rousseau l’homme est de nature fainéante : « Il est inconcevable à quel point l’homme est naturellement paresseux. On dirait qu’il ne vit que pour dormir, végéter, rester immobile ; à peine peut-il se résoudre à se donner les mouvements nécessaires pour s’empêcher de mourir de faim. » Selon lui, l’homme est fait pour ne rien faire, le travail correspond donc à une perversion de la nature initiale de l’homme car l’homme avait au départ pour vocation de rester oisif. Rousseau va même plus loin : si les hommes travail, c’est uniquement pour se débarrasser de la corvée et pouvoir retourner plus vite à ses contemplations. « Ne rien faire est la première et la plus forte passion de l’homme après celle de se conserver. Si l’on y regardait bien, on verrais que, même parmi nous, c’est pour parvenir au repos que chacun travail : c’est encore la paresse qui nous rend laborieux »

Par ailleurs, le travail réalise sans aucun doute mon humanité, en tant qu'homme, mais je suis aussi une personne, un individu unique et alors peut-être que mon bonheur ne se rencontre pas forcément dans ce qui réalise ma nature humaine. 
En effet, la référence au travail, qu'elle soit étymologique, ou plus commune est toujours connotée négativement : il s'agit toujours de transformation de la nature ou de soi, impliquant des efforts. Dès lors, être voué au travail c'est être soumis à une douloureuse nécessité. Soumis à de multiples pressions, dépendant d'un système économique, aliéné par l'argent, ainsi, la consommation, en guise de bonheur, au lieu d'assurer la plénitude, nous lance dans une quête effrénée et sans fin et la satisfaction des plaisirs ne peut pas mener au bonheur car ils sont insatiables. Le désir est donc manque, qui est souffrance : on ne désire jamais ce qu'on a déjà mais on manque de ce qu'on désire, d'où le cercle du manque. C'est une vie d'insatisfaction perpétuelle où le bonheur est absent. Au contraire, celui que la nécessité ne contraint pas à travailler, a l'air bien plus heureux,  non soumis à une contrainte horaire, non dépendant d'un chef etc.  

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