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Le monde comme volonté et comme représentation - Schopenhauer

Commentaire de texte : Le monde comme volonté et comme représentation - Schopenhauer. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Octobre 2021  •  Commentaire de texte  •  2 006 Mots (9 Pages)  •  1 058 Vues

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        Le bonheur constitue la finalité de la vie de tout homme. Pourtant, les moyens dont chacun dispose pour y accéder sont difficilement identifiables. Si cette quête, malgré son caractère universel, est si complexe, c’est peut-être parce que l’homme n’est finalement pas fait pour être heureux. Ne peut-on considérer que sa volonté insatiable de possession le condamne à souffrir ? Le philosophe du 19ème siècle Schopenhauer soutient ainsi, dans un extrait de son œuvre Le monde comme volonté et comme représentation, que l’existence humaine est intrinsèquement douloureuse car elle repose ou sur la succession de désirs, ou sur un ennui pouvant entraîner une profonde mélancolie, et que ce n’est que quand l’homme se trouve dans un état de souffrance minimal qu’il peut tendre vers une disposition d’esprit s’apparentant au bonheur. Il explique en outre que s’il existe bien des activités que l’on pourrait associer à de la joie, elles ne sont que rarement éprouvées et très éphémères. L’enjeu est d’importance : il ne s’agit pas de comprendre par quel moyen l’homme peut être heureux mais bien de savoir ce qu’il doit faire et ne pas faire pour rendre sa vie la moins tourmentante possible. Cet extrait peut être découpé en trois temps. Après avoir analyser les composantes de l’existence humaine (des lignes 1 à 5), Schopenhauer va nous proposer sa définition de l’état de souffrance minimale (des lignes 5 à 8). Enfin, il nous présente dans le dernier temps du texte trois hypothèses qui pourraient potentiellement rendre l’homme plus heureux, mais qui présentent des réserves y faisant obstacle (des lignes 8 à 16). Dès lors, le fait pour les hommes d’être heureux n’est-il vraiment qu’une utopie ? Ne peut-on considérer le bonheur comme quelque chose de subjectif dont la vision est propre à chaque individu ? Tel sera l’objet de la discussion qui suivra l’explication du texte de Schopenhauer.  

        Le texte de Schopenhauer s’ouvre sur une série de vérités générales identifiables par l’emploi du présent qui nous renseignent sur l’essence de l’existence humaine. Celle-ci est avant tout douloureuse car elle oscille entre deux formes de souffrance. La première renvoie aux désirs de l’homme, c’est-à-dire le fait de rechercher un objet qu’il s’imagine être source d’une future satisfaction, dans le cadre où il est doué du logos et peut ainsi se représenter mentalement les choses. Cette volonté de posséder est elle-même doublement affligeante pour l’homme : elle implique, dans un premier temps, « par sa nature » (ligne 1) l’idée d’un manque, et représente une frustration face à laquelle ce dernier ne peut s’épanouir à moins d’avoir assouvi son désir. Or, une fois la chose convoitée obtenue, la « satisfaction » qui en résulte est de courte durée et laisse rapidement la place à un sentiment de « satiété » (lignes 1 et 2). C’est le second lien avec la souffrance que possèdent les désirs. En effet, les hommes se lassent  «bien vite» de ce qu’ils ont pu profondément désirer peu de temps auparavant. Leur récent acquis les déçoit aussitôt, ils se rendent compte que son « but était illusoire » (ligne 2) ce qui suppose qu’ils avaient idéalisé cette chose, qui, une fois en leur « possession », n’a nullement l’« attrait » imaginé. Afin de combler cette frustrante désillusion, « le désir renaît sous une forme nouvelle » (ligne 3) et avec lui un inédit « besoin », une autre carence qui sera elle aussi peu durable une fois comblée. Dès lors, désirer correspond à prendre part à un mécanique cyclique sans fin où la volonté de posséder est comme un phœnix qui renaîtrait infiniment de ses cendres. Dans cette boucle infernale, l’homme ne peut en effet pas trouver la paix avec lui-même car apaiser ses désirs ne l’apaise nullement. Pour autant, sortir de cet enchaînement ne nous permet pas non plus d’accéder au bonheur. Cela correspond plutôt à la seconde forme de souffrance contenue dans l’existence humaine que Schopenhauer introduit avec l’alternative «sinon » à la ligne 4. Si l’homme restait dans la phase de déception qui suit la passagère satisfaction d’un désir, il tomberait ainsi dans un état de « dégoût », suite logique d’un « ennui » perdurable. Un homme qui ne désire plus n’a en effet plus de motivation ni d’espoir. Sa vie n’est rien autre que remplie de « vide ». Dès lors, en ce que cette seconde attitude s’apparente à une progressive dégradation mentale dont l’unique issue semble être la mélancolie, voire la dépression, c’est un « ennemi(s) plus rude(s) encore que le besoin » (ligne 4 et 5). Se soustraire du cycle des désirs, aussi douloureux soit ce dernier, occasionnerait ainsi une souffrance encore plus conséquente. Nous sommes, en tant qu’hommes, résignés à évoluer dans la douleur, et ce peu importe nos choix de vie : et l’infinie frustration de nos désirs et l’établissement dans un ennui à même de nous diriger vers une durable tristesse sont des obstacles au bonheur. Dans cette présentation très pessimiste de l’existence humaine, Schopenhauer souligne toutefois que la seconde forme de souffrance apporte plus de tourment que la première. Ce constat implique l’existence de différents niveaux d’affliction. Quel pourrait être celui se rapprochant le plus du bonheur ? Quel définition théorique pourrait-on alors faire de cet état dans un tel contexte ?

        Si la souffrance est inhérente à la vie des hommes dans la conception de Schopenhauer, l’élaboration d’un état d’équilibre entre « désir et satisfaction » (ligne 5) peut leur permettre de tendre vers cette utopie qu’est le bonheur. Pour se faire, l’homme doit continuer à imaginer la possession d’objets mais pour que ce fait de désirer et la complaisance éphémère qu’il entraînera ne soit synonyme de douleur aiguë, il faut que ces deux temps «se suivent à des intervalles qui ne sont ni trop long(ue)s, ni trop court(e)s » (ligne 6). Il s’agit ainsi de trouver un espacement optimal entre nos désirs et leur satisfaction. L’utilisation répétée de la conjonction «ni » par Schopenhauer témoigne de cette nécessaire recherche d’une pondération. D’un côté, une interruption exagérément étendue entre ces deux phénomènes entraîne l’ennui et le vide dont résulte le dégoût que nous avons présenté ci-dessus. De l’autre, un intervalle resserré débouche sur l’apparition instantanée d’un nouveau désir et marque le paroxysme d’un de ces cycles dévorants. Schopenhauer rappelle que les désirs comme leur satisfaction sont corrélés avec la souffrance, qui n’est autre que leur «résultat commun ». Toutefois, il ajoute que déceler une efficiente temporalité entre ces deux variables peut  faire en sorte que cette « souffrance (…) descend à son minimum » (lignes 6 et 7). C’est bien cet état qui correspond à «la plus heureuse vie » (ligne 8) c’est-à-dire que les hommes ne peuvent pas plus effleurer le bonheur que dans cette disposition d’esprit. La douleur n’est pas pour autant extérieure à leur vie, seulement ils ont atteint le taux de souffrance le plus minimal. Les hommes ne peuvent prétendre être plus heureux que dans cette posture. On pourrait pourtant croire qu’il existe d’autres moments où ces derniers connaîtraient de plus grandes joies, et qui seraient, au-delà encore, les remèdes de leur existence originellement douloureuse. Dans quelle mesure peut-on, dans un premier temps, les associer au bonheur, et réaliser, ensuite, qu’ils comportent différentes réserves faisant obstacle à la visée libératrice qu’on l’on aurait pu initialement leur prêter ?

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