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La condition de l'Homme moderne, Hannah Arendt

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Par   •  19 Avril 2017  •  Analyse sectorielle  •  3 253 Mots (14 Pages)  •  2 511 Vues

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"La condition de l’Homme moderne" d' Hannah Arendt

Chapitre 5 : « l’action »

Dans le chapitre 5 de La condition de l’Homme moderne, Hannah Arendt examine l’action, un des problèmes majeurs de la modernité qui joue un grand rôle dans la politique. Elle étudie ses mutations dans le monde moderne avec un regard polémique.

Dans un premier temps elle se penche sur les conditions nécessaires à l’action et la parole et les définie en développant leurs caractéristiques principales. Elle s’intéresse ensuite sur ce que créent l’action et la parole : un espace d’apparence, elle le met en relation avec la puissance et l’homo faber.

La pluralité humaine est une « condition fondamentale de l’action et de la parole ». 

Les hommes sont à la fois égaux, ce qui leur permet de se comprendre entre eux mais aussi différents ce qui entraine la nécessité du langage leur permettant de communiquer leurs désirs et besoins. L’individualité humaine se distingue de l’altérité : l’altérité, partagée avec tout ce qui existe, c’est ce qui fait qu’une chose est distincte d’une autre tandis que l’individualité est partagée avec tout ce qui vit, et que seul l’homme est capable de se communiquer lui-même. L’altérité et l’individualité créent l’unicité d’un homme, la pluralité humaine est alors « la paradoxale pluralité d’êtres uniques ». La parole et l’action révèlent cette « unique individualité », par leur biais l’homme va se distinguer volontairement au lieu de subir des différences sans en être l’acteur. Grâce à son initiative il va être et rester humain, la parole et l’action lui permettent de réaliser son humanité.

Agir : « prendre une initiative, entreprendre, mettre en mouvement » or toute action a un commencement qui peut être matérialisé par la naissance d’un nouveau né lui-même novateur. Si l’homme est capable d’action alors il est capable de tout, de « l’infiniment improbable » et cela est possible car chaque homme est unique.

La parole permet à l’homme de se révéler et de révéler ses actions qui prennent, seulement alors, un sens. L’homme se définit comme acteur, énonce ses intentions, raconte ce qu’il a fait et ce qu’il fait. Finalement la parole et l’acte révèlent un « qui » opposé au « ce que », en effet par leur biais se traduit implicitement le caractère, les particularités de la personne. Ainsi il peut se dissimuler dans l’inaction et le silence les plus totales. On ne peut le posséder et bien qu’il se dévoile nettement à autrui il est inconnu à l’individu lui-même. Cela n’est possible que lorsque le sujet est avec autrui « ni pour, ni contre – c’est-à-dire dans l’unité humaine pure et simple », il faut qu’il soit au sein des rapports humains sinon le « qui » ne se révèle pas : les paroles deviennent du « bavardage » et l’acte une activité lambda.

Donner une définition de « qui » est quelqu’un est un échec. Nous nous obstinons à décrire ce qu’il est, donnant des caractéristiques qui ne sont pas propres uniquement à lui et qui donc montrent ses similitudes avec d’autres : on ne décrit plus un individu unique mais le « groupe » auquel il appartient déviant ainsi du but premier qui était de le distinguer en décrivant son unicité.

Nous sommes donc incapables de mettre des mots sur la nature vivante d’une personne au sein des relations humaines. Par conséquent, ces dernières sont teintées d’incertitude, nous ne les maîtrisons pas comme les objets.

Les hommes sont liés par deux sortes de mondes : l’un tangible l’autre pas. Les hommes ont en commun tout d’abord un monde d’objets qui les relie matériellement mais aussi un réseau de relations humaines existant « partout où les Hommes vivent ensembles » et qui « doit son origine exclusivement au fait que les hommes agissent et parlent en s’adressant directement les uns aux autre ».

C’est dans ce monde, où seule l’action produit des histoires. Celles-ci dévoilent des agents qui en sont des acteurs et patients mais non pas auteurs (il n’y en a aucun).

Une histoire peut être la vie d’une personne (celle-ci est le narrateur et non pas l’auteur de sa vie), l’Histoire est considérée alors comme le rassemblement de toutes les histoires individuelles, c’est l’histoire de l’humanité (« qui est une abstraction qui ne saurait devenir agent actif »). Elle n’a pas non plus d’auteur, Platon parlera d’un Dieu caché en coulisse et tenant les files de marionnettes que nous serions alors, l’Histoire nous doit son existence mais -contrairement aux histoires que nous inventons- n’est pas fabriquée par nous. L’histoire réelle ne révèle qu’un seul « qui » : l’acteur, le héros dont tout le courage originel se trouvent dans la volonté d’agir et de parler (donc de se révéler) et qui n’a pas besoin de qualité héroïques.

C’est le théâtre qui par l’imitation traduit le mieux la réalité, raconte le mieux une histoire, c’est le seul art centré sur l’Homme et sur ces relations à autrui et qui révèle non seulement le sens de l’histoire mais aussi le sens des héros qui se dévoilent.

Tandis que la fabrication nécessite des matériaux naturels et d’un monde servant de débouché, l’action et la parole ont besoin d’autrui, n’existe que dans un réseau d’actes et du langage d’autrui. Les langues mortes distinguent deux mots pour désigner « agir », l’action se trouve alors divisée en deux : un homme fort et seul pourra « commencer » l’action mais ce sont plusieurs personnes qui devront la « finir ». L’homme fort sera alors assimilé au souverain dont la force réside dans l’initiative et le risque de l’entreprise et l’ensemble des personnes exécutrices correspondra aux sujets. Le souverain gagnera en puissance une fois que la réussite de l’action lui sera assimilée, on oublie alors tout ceux sans qui elle n’aurait pu aboutir… « Agir » ne va pas sans « subir » étant donné que l’on ne peut agir qu’en fonction des autres, une action a des conséquences que subit l’agent initial. En effet, agir sur autrui provoque leur réaction, établit des relations : ils agissent à leur tour créant alors des réactions en chaîne qui ne connaissent pas de borne, c’est l’infinitude de l’action. Celle-ci ne peut pas être limitée par des lois, efficaces au sein d’une collectivité elle ne touche pas les gens qui y sont extérieurs et qui la transgresse alors. L’action possède une infinitude et établit des rapports, son sens nous apparaît que lorsqu’elle s’achève tandis que les processus (inconnus des acteurs) nous la révèlent, au contraire la fabrication, elle, est dévoilée par le produit fini.

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