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Commentaire de texte de Hannah ARENDT, Condition de l'homme moderne

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Par   •  1 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  4 157 Mots (17 Pages)  •  7 146 Vues

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MARECHAL                                                                                                TS3

Aymeric                                                                                        25/01/2018

PHILOSOPHIE

Devoir Maison n°3

Sujet : Commentaire de texte de Hannah ARENDT, Condition de l'homme moderne        

        Cet extrait de La Condition de l’homme moderne d’Hannah Arendt porte sur l’automatisation du travail et exprime la possibilité d’un danger, qui a une double cause propre à notre époque. D’une part, nous vivons les résultats d’une transformation  du travail, ainsi que de sa compréhension. Pour l’homme moderne, vivre, c’est travailler, ce qui est loin d’avoir toujours été le cas. D’autre part, cette même époque est celle qui, par son progrès technique et technologique, comme nous le dit Arendt avec l'automatisation, parvient à remplacer nombre de tâches difficiles et dangereuses auparavant dévolues au travailleur, et qui laisse espérer la possibilité d’une disparition du travail pour faire place à l'ère de l'automatisation et du travail numérique et non manuel. Or, ces deux caractères de notre époque entrent en contradiction.

En abordant le thème de l’automatisation du travail, Arendt pose en effet le problème de savoir si elle conduira à réaliser la libération du travail pour l'homme qui voit le travail comme un devoir, une tâche, ou si, au contraire, elle nous conduira à une catastrophe, du fait que le travail, auparavant tenu pour un fardeau, est devenu le moteur de nos vie et de nos sociétés ainsi qu'un devoir pour l'Homme.  Dans ce texte, Arendt se demande si l’automatisation du travail peut réellement libérer l’homme de ce fardeau ? La réponse qu’apporte ce texte à cette question problématique se découpe en deux parties : à première vue, l’automatisation du travail libèrerait l’homme de la pénibilité de celui-ci, mais ainsi libéré de l’asservissement à la nécessite, l’homme ne serait-il pas privé de la seule activité qui lui reste ? Telles sont les idées qu’Hannah Arendt développe dans cet extrait, que nous allons maintenant expliquer.

        La première phrase du texte nous dit que l’automatisation donnera lieu à la libération. En effet, Arendt nous dit, que l’avènement de l'automatisation va vider les usines et libérera l'humanité. On comprend ainsi aisément en quel sens les machines sont susceptibles de remplacer les travailleurs dans un avenir proche tant on voit l'apparition de robots autonomes dans notre vie et notre maison. Ainsi la technique et le progrès technologique a fait son apparition en facilitant voir en remplaçant le travail des hommes, permettant ainsi de minimiser l’exercice de leurs forces tout en assurant une meilleur sécurité. Arendt nous le dit bien « l'automatisationqui ,en quelque décennie, probablement videra les usines ». Arendt montre et évoque bien que cette automatisation et cette évolution massive du progrés technique va vider les usines de ses ouvriers au profit de machines et automates. Ainsi, la construction d’un bâtiment, par exemple, ne requiert plus le travail colossale d'il y a quelque années avec des centaine d'ouvriers voire esclaves pour élever cet édifice. Arendt nous le dit en citant que « l'automatisation va libérer l'humanité de son fardeau : le travail , avec l'asservissement à la nécessité ».   Ainsi, pour en revenir à notre exemple de la construction d'un bâtiments, les centaines d'ouvriers, esclaves sont maintenant remplacés par le progrès des matériaux et de la technique, on a maintenant des grues, des camions, des tapis roulant qui ont pris la place de l’homme dans le travail. Ainsi la volonté actuel est d'asservir nos moindres tâches,difficultés par le progrès, Arendt qualifie cela « d'asservisement à la nécessité ». Cet asservissement provoque ainsi pour l'ouvrier la libération de son travail et se ses contraintes, rendant ainsi la société « d'automatisation »,caractérisé par Arendt, toujours plus assistées et avec moins de travail.  Pourtant, il ne va pas de soi que l’on considère que cette automatisation soit une libération, car malgré cette automatisation il y a toujours besoin de quelques ouvriers qualifiés pour veiller ou faire fonctionner ces machines. De plus le chômage, conséquence visible de cette transformation du « monde du travail » et qui est toujours un sujet actuel important, est vécu comme un drame. En effet, perdre son travail, c’est en apparence perdre à la fois un lien social avec le monde exterieur, ce qui nous tient « actifs », nous « donne envie de nous lever le matin » et qui est qualifié « d'aspect fondamentale de la condition humaine » par Arendt. Elle nous dit même que cet aspect est en jeu, ainsi dénonçant l'automatisation comme un risque pour un aspect fondamentale à notre condition humaine : le travail. Cependant, les hommes n'ont pas ce point de vue d'après Arendt, pour Arendt les hommes perçoivent le travail comme « son fardeau le plus ancien et le plus naturel ».   Mais les hommes sont tenus à une certaine obligation de travailler pour vivre. En effet, c'est ce que nous dit Hegel, dans son Esthétique, en montrant comment le travail, au sens de l’inscription pratique de la conscience dans le réel, est une activité essentielle à l’être humain. Cependant, Arendt nous dit la même chose, en caractérisant cette automatisation, mécanisation comme une libération pour l'homme et même l'humanité de son fardeau le plus ancien et le plus naturel : le travail. Elle utilise cette paraphrase pour montrer la définition actuelle du travail qui n'est pas la véritable et propre définition du travail à la base. Ainsi, elle rejoint l'idée d'Hegel. Par ailleurs, Hannah Arendt met en évidence que la mécanisation du travail, des processus de production permettra aux hommes de ce libérer de la pénibilité du « fardeau » qu’est le travail. Cette pénibilité associée au travail, cette idée de l’effort, de dépense d’énergie, même de souffrance dans le travail renvoie aux origines de la culture occidentale, notamment au sens biblique du travail. En effet, dans la Bible (exemple ici justifié par un vocabulaire à forte connotation religieuse : « libération » ; « avènement »), il est dit que le travail n’a pas toujours été mis en parallèle avec la peine, puisque les hommes, incarnés pas Adam et Eve, au temps de l’Eden, n’avait pas à travailler pour subvenir à leurs besoins, ils ne connaissaient donc pas la pénibilité de la nécessité d’œuvrer pour survivre, le travail n’étant donc pas perçu comme une corvée. Cependant, cette exemple n'est que éphémère puisque la nature est faite de la manière que l'homme doit subvenir à ses besoins pour vivre comme n'importe quelle être vivant. Et pour arriver cela, l'homme devra obligatoirement passé par le travail. Ainsi en opposition à l'image religieuse d'Adam et Eve, l'homme doit, par sa nature, souffrir  et avoir de la peine à travailler pour pouvoir subvenir et survivre dans son monde. C'est ce que nous confirme Arendt en disant que « c'est un aspect fondamentale de la condition humaine qui est en jeu » puisque en effet, l'automatisation va libérer l'humanité du travail mais ce travail est un aspect fondamental à notre condition, à notre conception, comme évoqué précédemment. Il se pose alors un dilemme entre cette libération et cette condition humaine qui fait de l'homme en général ce qu'il est. Néanmoins, Arendt nous fait part que « cette révolte, ce désir d'être délivré des peines du labeur, ne sont pas moderne, ils sont aussi vieux que l'histoire ». Ainsi Arendt, nous dit, que ce désir de l'automatisation, de la libéralisation du travail ne date pas de notre époque mais depuis toujours. Cela veut donc ainsi dire que l'homme remettrait en cause sa propre condition bien avant l'arrivé de la science et des techniques.Mais cette idée de vouloir être libéré de se fardeau provoqué par la souffrance du travail provient du fait que l’homme est naturellement inadapté à son milieu de vie et c’est donc artificiellement qu’il doit trouver, ou plutôt produire, ce qui est nécessaire à sa survie. Cet artifice est le travail, qui peut légitimement être qualifié de pénible puisque, c’est à l’homme qu’incombe la tâche de cultiver la terre pour produire sa nourriture, c’est à l’homme d’élever les moutons dont la laine servira à la vêtir, c’est à l’homme d’abattre des arbres pour se construire un abri. Toutes ces besognes sont contraignantes puisque l’homme doit œuvrer en personne pour combler les besoins que la nature elle-même ne permet pas de combler. Ainsi l'homme à détourner la définition hégélienne du travail pour la tourner en une définition qualifiée de fardeau, peine ou encore de contrainte.La suite du texte de Arendt, nous dit que l'automatisation ou le fait de s'affranchir de cette tâche qui est le travail n'est pas nouveau puisque il comptait parmi « les privilèges les plus solidement établis de la minorité ». Ainsi Arendt, ici nous évoque le privilège religieux d'Adam et Eve qui  n’avaient pas à travailler pour subvenir à leurs besoins, ils ne connaissaient donc pas la pénibilité de la nécessité d’œuvrer pour survivre. La phrase suivante dit que « l'on s'est simplement servi du progrès pour scientifique et technique pour accomplir ce dont toutes les époques avaient rêvé sans jamais pouvoir y parvenir ». Cette phrase que nous dit Arendt, nous montre que grâce à l'avènement de l'automatisation qui a été rendu possible grâce au progrès scientifique, l'humanité va pouvoir toucher son rêve, son but qui est la libération du travail. Ainsi, l'homme va pouvoir atteindre un des privilèges donné par l’idéologie et le mythe religieux d'Adam et Eve. Cette succession de ces deux phrases dans le texte met en évidence le fait que le progrès a permis à l'homme d'atteindre l'origine culturelle de l'homme fixé par la religion. Cependant, ceci reste avant tout une image et comme nous l'a et le dit Arendt, le travail reste à la base un aspect fondamentale à la condition humaine. Enfin l’automatisation du travail, notamment par l’emploi de machines, permet à l’homme de ne plus avoir à accomplir ces tâches, puisque les machines deviendront l’instrument que l’homme était dans la réalisation de ces travaux. C’est ce qu’Hannah Arendt veut dire ici, lorsqu’elle nous dit que « l’automatisation […] libèrera l’humanité du […] fardeau du travail ». Fardeau qui, par référence à l’exemple de la Bible, constitue un aspect fondamental de la condition humaine, puisqu’il constitue une condition nécessaire à la survie de l’espèce. L’automatisation du travail représenterait donc une volonté d’échapper à la condition humaine, dans le sens où le progrès technique entraînant cette automatisation est susceptible de libérer l’homme de la pénibilité du travail. La machine pourrait donc sauver l’homme de l’enfer terrestre auquel il est condamné ; chassée du paradis dans la Genèse, l’humanité y serait reconduite par la machine. Ainsi cette automatisation va permettre a l'homme de se libérer de cet enfer pour pouvoir atteindre le paradis, comme on l'a évoqué précédemment. Cependant, la mise en parallèle des verbes « vider » et « libérer », en début de texte, révèle le caractère de cette idée : Arendt nous dit que si les travailleurs seront peut-être libérés, mais il n’en demeurera pas moins le vide laissé dans les lieux de travail, ce qui équivaut à dire qu’un lieu libéré est, dans ce cas, un lieu vide. On peut ainsi faire le parallèle avec l'homme ; un homme libéré serait alors un homme vide, sans condition. On revient alors au principe même de la condition humaine : le travail est un besoin existentiel pour l'homme même si celui-ci est un fardeau. Donc, en se dénuant de se fardeau, l'homme provoque le rejet de sa propre condition et le vide en lui-même et le vide de la société, engendré par la désertification des usines. Ainsi cette analogie entre l’emploi de ces deux verbes au sens pourtant contrasté permet d’entrevoir le paradoxe que soulève une telle révolution dans le travail, qui réside en le fait que la libération du fardeau du travail engendrera un vide. C’est ce vide qu’Hannah Arendt se voue à expliquer dans la deuxième partie du texte. 

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