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Les Catégorisations Topologiques Et Analogiques Du Mal Chez Hannah Arendt Etude Sur Le Procès Eichmann

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Par   •  14 Mai 2013  •  6 521 Mots (27 Pages)  •  1 211 Vues

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Lors du Procès de R.Eichmann , H .Arendt va découvrir et mettre en lumière d'une part la "radicalité "du mal mais aussi sa "banalité". Radicale parce que sans limite ni critère: où commence la mal, à partir de quand et de qui ? et banalité par l'exercice du mal lui même qui ne prend pour Eichmann que l'aspect du respect des consignes : le parfait petit fonctionnaire qui fait bien et vite ce qu'on lui demande sans se poser de question. nulle conscience, nulle révolte ,juste la satisfaction du travail accompli. Se pose alors d'un point de vue philosophique la question du fameux libre arbitre mais aussi celui de la rupture avec l'ordre de la "polis", le rapport à l'autorité , l'engagement personnel contre l'intérêt commun ?

Le point de départ de la réflexion arendtienne est donc que nous sommes dans une situation inédite, où la force à la fois cohercitive et éclairante de la tradition ne peut nous guider, et que nous sommes donc contraints de penser « sans béquilles ».selon le mot de Tocqueville « quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres ».(1)

La démarche d’Arendt sera donc toujours la même à travers toute son œuvre des Origines du totalitarisme à la Vie de l‘esprit qu’elle s’attache à la philosophie, à la morale ou à la relecture de la politique : retrouver sous les théories et les discours les questions qui y ont donné lieu : « C’est précisément parce que les préjugés possèdent toujours une légitimité intrinsèque que l’on n’ose s’attaquer à eux que lorsqu’ils ne remplissent plus leur fonction, c’est-à-dire lorsqu’ils ne sont plus aptes à délivrer une partie de la réalité à l’homme qui juge…Pour ce faire , il est inévitable de ramener les préjugés eux-mêmes aux jugements qu’ils recèlent, et ces jugements, à leur tour, doivent être ramenés aux expériences qu’ils recèlent et qui leur ont donné jour. »(2)

Contrairement à une idée bien enracinée, il n’y a donc chez Arendt aucun caractère nostalgique et aucune exaltation de la cité grecque. La question est de penser autant que faire se peut la situation contemporaine qui se caractérise par sa nouveauté, et par l’impossibilité de tout retour au statu quo ante .

La démarche topologique

Les origines du totalitarisme ne signifie pas les causes .Un des buts d’Arendt est de réaffirmer les droits de la contingence, de l’imprévisible, du nouveau et de refuser toute forme de philosophie de l’histoire. Un événement n’a donc que des conditions nécessaires, et c’est lui même , son surgissement imprévu, qui éclaire rétrospectivement ses conditions d’apparition, lesquelles doivent être analysées sans que l’on sombre dans un quelconque irrationalisme. S’il semble clair à Arendt, par exemple, que l’effondrement des croyances religieuses traditionnelles est une des conditions de l’émergence du totalitarisme, il serait tout aussi limpide qu’il n’en est pas une condition suffisante et que décrire le totalitarisme comme une religion séculière est égarant.

Notre étude poursuit donc au moins deux objectifs : analyser un phénomène sui generis et en ressaisir les conditions d’émergence.

- La désolation comme expérience de masse :

Le dernier chapitre des origines du totalitarisme tente de décrire une sorte d’essence du totalitarisme. Arendt reprend la distinction opérée par Montesquieu entre nature et principe des gouvernements, et indique qu’il existe un terreau commun à ces deux éléments, une expérience à la condition humaine qui est le fondement même des types de régime. Ici, la nature et principe du gouvernement totalitaire sont l’idéologie et la terreur, l’expérience fondamentale où ils s’enracinent est la désolation ou esseulement. Il s’ensuit que le totalitarisme na pas besoin au sens strict d’un principe d’action, puisqu’à l’inverse il s’agit d’éradiquer la possibilité même de l’action. De même, il ne peut s’agir pour les sujets d’agir par peur puisque la culpabilité et l’innocence ont perdu tout sens, ni par conviction puisque le régime s’entend à éradiquer jusqu’à la possibilité de former des convictions. Il s’agit à l’inverse de substituer à la volonté humaine d’agir le besoin de pénétrer la loi du mouvement, de préparer chacun au rôle de victime et de bourreau. Bref, l’équivalent du principe d’action quand l’action est éradiquée est l’idéologie.

La transformation de l’idéologie en arme totalitaire consiste précisément à faire porter tout l’accent sur le calcul et le déduction. On comprend comment l’idéologie contribue à faire s’évanouir la capacité à distinguer fait et fiction, vérité et fausseté. La puissance contraignante de la logique réside dans la peur de nous contredire, peur qu’il restera à expliquer. Plus fondamentalement, si la liberté en tant que capacité intérieure est identique à la capacité de commencer, si la liberté politique est identique à un espace entre les hommes où, ils puissent se mouvoir, alors la terreur naît de la peur qu’avec la naissance un nouveau commencement ne s’élève, et la mobilisation autocontraignante de la logique a pour origine la peur que quelqu’un ne se mette à penser. La terreur ruine toutes relations entre les hommes, l’autocontrainte de la logique ruine toutes relations avec la réalité.

L’organisation de masse et de la terreur se fondent sur ce déracinement et cette sperfluité, ce mépris de soi, cette perte de relation de l’inter est, ce qui sépare et relie les hommes, de même que la logique dont abuse l’idéologie, est la seule faculté de l’esprit humain qui n’ait besoin ni du moi , ni du monde pour fonctionner sûrement.

-Les apatrides et la question de l’état –nation :

« Etre privé d’une place dans le monde qui rende les opinions signifiantes et les actions réelles »(3)

c’est l’appartenance au monde qui est essentielle, qui est le fondement de tout droit et de toute humanité. C’est quelque chose de bien plus fondamental que la liberté et la justice. ils sont privés non du droit à la liberté mais du droit à l’action, non du droit de penser ce qui leur plait, mais du droit d’opinion »(4)

Ce sont les conditions du prépolitique du politique étudiées de manière hyperbolique dans la condition de l’homme moderne (dont le titre original était la condition humaine…) : comment ressaisir la spécificité de l’action, les prérequis de l’individualisation et de la construction

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