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LE TRAVAIL, LA TECHNIQUE.

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Par   •  27 Avril 2016  •  Cours  •  4 686 Mots (19 Pages)  •  741 Vues

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LE TRAVAIL, LA TECHNIQUE.

Tripalium, les 3 pieux, instrument qui servait à ferrer les chevaux. Instrument douloureux, qui exerce une contrainte. En latin « labor », activité qui me coûte, pénible et devant laquelle je déploie des efforts pour parvenir à m'y soustraire. ( tricher plutôt que travailler, jouer au loto, inventer l'institution de l'escalavage...)

Travail associé à douleur (songeons aux représentations mythiques de l'âge d'or, moments dans lesquels l'humanité n'avait pas accompli sa « mue » qui devait la réaliser elle-même en la faisant entrer dans l'histoire et le temps : dans ces représentations, les hommes ne travaillent pas, ils puisent immédiatement et sans effort de la terre ce dont ils ont besoin pour vivre...). Songeons aussi aux représentations religieuses (la Genèse, le travail est la punition qui suit le péché originel, pour l'homme celle de tirer de la terre de quoi vivre « à la sueur de son front » et pour la femme celle d'être vouée aux douleurs du travail de l'enfantement. )

Bref, le travail n'est pas spontanément associé à la liberté et au plaisir, à ce à quoi nous inclinons naturellement sans avoir besoin de « forcer » notre nature. (d'ailleurs la société contemporaine du travail et du salariat généralisé s'est construite sur la séparation temps de travail/temps libre, comme si la liberté commençait quand le travail s'arrête.)

Et pourtant nous nous souvenons que l'être humain est un être inachevé cad qu'il contient des virtualités et que ces virtualités ont peut-être besoin d'une médiation pour être actualisées (pourrais-je devenir un musicien accompli, en dépit du fait que j'ai de grandes aptitudes à la musique, si je ne travaillais pas ce don ? ). Cette médiation ne serait-elle pas le travail ?

Si la médiation du travail, est donc indispensable entre moi et moi-même (cad entre une forme fruste, primitive de moi-même et une forme plus accomplie), alors elle est une dimension fondamentale de la Culture comme « Bildung » (2ème sens du mot, l'autre étant « Kultur ») comprise comme processus de formation de notre humanité qui n'est qu'en puissance et devient en acte par le travail.

Et pourtant nombreuses sont les situations économiques, sociales, historiques...qui hélas, font du travail bien autre chose « qu'une libre disposition à réaliser son humanité » et traduisent au contraire une aliénation de l'homme qui, dans tous les sens du terme, « perd alors sa vie à la gagner »...

I.« LE DUR LABEUR »

-Mot qui évoque d'emblée la sujétion, l'esclavage. Nos mythes culturels reflètent cette représentation que nous avons du travail.

Culturellement, dans la Grèce antique, le travail n'a jamais été valorisé non plus. Il faut revenir sur la définition du bonheur : celui-ci est tranquillité de l'âme. Pour atteindre la tranquillité, il ne faut pas être traversé par la crainte de la mort mais aussi ne pas être absorbé par d'incessantes sollicitations qui nous écartent de nous-même. Or, le « négoce », le négotium, « nec-otium », signifie « non-repos » et désigne tout ce qui peut rendre impossible le repos de l'âme. Pour parvenir au bonheur, il faudra donc cultiver le recueillement qui suppose l'otium, le « loisir » au sens fort du terme comme ce qui laisse l'âme disponible pour se consacrer aux activités les plus hautes, les plus élevées. (comme la contemplation, la philosophie...). Ces activités rendues possibles par le loisir (scholè en grec) trouvent leur fin en elles-mêmes.

Le travail, en revanche, est le moyen que l'homme est contraint d'interposer entre la nature et lui-même afin de satisfaire des besoins nécessaires à « sa vie biologique ». En effet, l'être humain a bien une dimension physiologique par laquelle se signifie son appartenance au vivant et qui, à ce titre, ne le distingue pas de l'animal. Il doit satisfaire des besoins vitaux et il a besoin de travailler pour arracher à la nature ce qu'elle ne lui donne pas spontanément. Travailler, c'est donc produire, mais une fois les biens produits, ils sont consommés et « consommer, c'est détruire. » (Hannah Arendt). Et voilà donc l'homme contraint de recommencer à produire ce dont il aura besoin pour vivre, et ce, indéfiniment. Toutes les choses utiles à la vie sont de courte durée, elles sont corruptibles. La vie (Zoè en grec) est un processus qui épuise la durabilité. Le travailleur reproduit la vie en produisant les moyens de sa subsistance : c'est « l'animal laborans » qu'Hannah Arendt opose à « l'animal faber » qui lui œuvre à l'édification d'un monde proprement humain dans lequel les objets de l'action humaine sont durables (comme les œuvres de l'artisan ou de l'artiste).

C'est la raison pour laquelle les grecs se donnent des esclaves : ce n'est pas parce qu'il est réservé aux esclaves que le travail est méprisé, mais c'est parce qu'il est méprisé qu'il est réservé aux esclaves. La satisfation des besoins est une motivation indigne de l'homme libre, c'est pourquoi elle est réservée aux esclaves.

-Enfin, dans la tradition judéo-chrétienne, relents de malédiction jetés sur le travail comme punition du péché originel ; s'il y a un paradis, c'est sûr, les hommes n'y travaillent pas ! (cf le mythe de la Genèse). Songeons également au bagnard qui casse des cailloux et au serf qui passe sa vie à travailler pour un seigneur dans des conditions misérables.

Cependant, pour en rester aux représentations religieuses, nous pouvons penser à l'éthique protestante qui montre que le travail est un moyen de racheter l'existence misérable de l'homme et d'être pour lui un moyen de salut. Le travail sauve l'homme de la perdition et c'est l'oisiveté qui est « la mère de tous les vices. » Luther réussit à imposer cette conception selon laquelle la contemplation plaît moins à Dieu que le travail dans l'accomplissement d'un métier. Le protestantisme a favorisé une mystique du travail en faisant du travail un moyen de salut. Il n'est guère étonnant que le capitalisme soit né en Occident qui trouve alors au travail une caution religeuse et sacralise la mentalité besogneuse. Lisons le verset de Saint-Paul : « Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus. »

Nous assistons donc dans l'histoire

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