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Faut-il toujours obéir aux lois ?

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Par   •  10 Avril 2021  •  Dissertation  •  1 533 Mots (7 Pages)  •  2 866 Vues

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Faut-il toujours obéir aux lois ?

C’est parce que le mal existe que les lois sont nécessaires. Il faut des lois pour dire les règles communes, ce qu’encourent ceux qui les violent. Et il faut un pouvoir pour leur imposer ces sanctions. 

Mais ce n’est pas simplement parce que le mal existe qu’il faut des lois. C’est aussi, et peut-être surtout, parce que la vengeance est la réaction naturelle de l’homme au mal qui lui est fait. Le respect des lois serait donc la preuve de la civilisation de nos pulsions.

Pourtant, nombreux furent en Allemagne les nazis, ou en France les collaborateurs, qui invoquèrent le respect des lois pour justifier leurs actes. Ils n’ont fait « qu’obéir aux lois » : telle fut souvent, à l’heure de leurs procès, leur seule défense. Si le respect, ou en tout cas l’obéissance aux lois, peut être le moyen de s’arracher à la violence primitive, il peut donc être aussi le prétexte d’une collaboration à la barbarie moderne.
Tout aussi ambiguë, la désobéissance aux lois peut exprimer parfois un comportement citoyen. En 1968, Martin Luther King a été emprisonné pour avoir manifesté contre des lois racistes.

D'un côté, l'obéissance aux lois peut nous rendre complice de crime contre l'humanité.
De l'autre, la désobéissance peut révéler un amour supérieur du droit, et donc de la société.

=> Comment devons nous respecter les lois ? Faut-il simplement appliquer les lois ou véritablement les respecter ?

  1. Il faut appliquer automatiquement les lois pour se préserver d’un retour à la violence primitive 

Cette question du respect des lois, la grande majorité des hommes ne se la pose pas, ce qui tient évidemment déjà lieu de réponse. Notre obéissance aux lois n'est pas le fruit d'une réflexion, mais un automatisme, une habitude.Nous vivons en démocratie, nos représentants ont débattu des lois, pourquoi donc cette question ?

Un tel empressement à obéir aux lois éveille évidemment le soupçon. Cette obéissance n'est-elle pas la marque d'une servilité plus que d'une citoyenneté ? Considérons une file d'attente. Nous y prenons notre place, respectant sans réfléchir à cette règle commune. Chacun aurait intérêt à passer devant les autres, mais si chacun essayait de le faire, le désordre ralentirait tout le monde. La règle commune avantage ainsi l'ensemble de ceux qui s'y tiennent. Difficile de parler de servilité quand le respect de la règle, en conduisant à un avantage mutuel, traduit une forme d’intelligence sociale. 

Ce qui vaut pour une simple règle vaut peut-être aussi pour les lois juridiques: il faut appliquer les lois, non pas parce que c'est bien moralement, mais parce que c'est mieux pour tout le monde. Le droit, donc, n’est pas la morale.

Les hommes ont la nécessité de s’en remettre à une autorité supérieure, l’État, chargé d’assurer la sécurité de tous en faisant respecter des règles communes. Thomas Hobbes a montré pourquoi les hommes ont passé ce premier contrat. C’est ce pacte originel qui institue l’état social. Il faut respecter, ou plutôt appliquer les lois parce que c’est la condition de notre vie débarrassée de la peur. Et il faudrait respecter les lois parce qu'on s'y est engagés, pour tenir cette parole par laquelle nous avons décidé de mettre un terme à la violence. 

Mais les choses sont un peu plus compliquées, car nous n’avons jamais donné notre parole. Le Léviathan de Hobbes est une fiction. Un tel engagement, historiquement, n’a jamais eu lieu. Cette «sagesse sociale» ne vient donc pas d’un engagement initial, mais plutôt de la perception immédiate d’une contrepartie. Je perds ma liberté, mais je préfère la sécurité. Le principe du respect des lois n’est donc pas moral, mais intéressé.

De plus, respecter une loi qui ne nous arrange pas peut être une façon d’exprimer notre désir de vivre ensemble. Il faudrait respecter les lois, non plus simplement pour sauver sa peau, mais pour réaffirmer chaque fois, dans un réflexe citoyen, notre désir de vivre ensemble.

=> Mais une telle attitude comporte les pires dangers. Si nous respectons les lois uniquement pour exprimer notre désir citoyen, notre attention à la loi elle-même risque de s’en trouver amoindrie. La certitude d'agir en " bon citoyen" pourrait même nous rendre aveugle au contenu inadmissible d’une loi. Alors nous ne désobéirons jamais et finirons par obéir à des lois inhumaines. L’obéissance automatique aux lois comporte les pires dangers

  1. L’obéissance automatique aux lois comporte les pires dangers

Le respect des lois répond à l’intérêt ou à l’habitude, à l’instinct de survie ou au réflexe citoyen – pas à l’impératif moral. Cela semble acquis. Avec l’habitude, nous ne sommes plus réellement conscient de la contrainte des lois, on s’habitue à obéir. Obéir nous épargne l’hésitation, la décision que réclamerait la désobéissance.

Pour Nietzsche, une telle obéissance est une perte de toutes nos qualités individuelles (réactivité, jugement, volonté). Au point que nous ne soyons plus capables de nous opposer à une loi inhumaine, non pas ici parce que nous ne savons plus reconnaître le mal, mais parce que nous avons perdu l’habitude de nous élever, en tant qu’individu, contre la loi du groupe. Pour Nietzsche, il ne faut pas respecter les lois, trop générales, mais la puissance de notre volonté singulière.

Cet individualisme aurait pu empêcher les hommes d’une collaboration au projet politique du nazisme, que leur respect des lois les a entraînés à soutenir. Tout ce qui est général est une menace pour l’individu. Reste à savoir pourquoi les hommes s’y soumettent si facilement. 

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