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Cours philosophie

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Par   •  24 Janvier 2022  •  Cours  •  6 546 Mots (27 Pages)  •  271 Vues

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Insertion des citations dans l’explication Comment rédiger une explication de texte ? Vous pouvez prendre exemple sur les explications rédigées que je vous ai communiquées, qui sont accompagnées de notes explicitant certains points de méthode. Mais ces notes ne peuvent contenir tous les conseils possibles. Le présent document revient donc en particulier sur différentes façons de citer le texte dans votre explication. Il contient des conseils généraux et des exemples illustrant ces conseils, extraits des explications rédigées sus-citées. – Des citations brèves, jamais longues. Le citations doivent être courtes, et il faut éviter les citations longues, parce qu’expliquer un texte est entre autres faire des remarques précises sur le détail du texte. Cela signifie deux choses. D’abord, une citation n’explique rien, doit être expliquée : tant que votre lecteur ne fait que lire le texte, il n’apprend rien ; ce sont vos explications qui lui apportent quelque chose. Si vous faites de longues citations, autant citer tout le texte d’un coup : ça n’aide pas plus votre lecteur à comprendre le texte. Il vaut mieux faire des citations plus courtes, et expliquer chacune tour à tour. Autrement dit, si vous vous efforcez vraiment d’expliquer le texte, vous serez nécessairement conduits à faire des citations courtes, parce que tout, dans le texte, doit être expliqué en détail. Vous aurez ainsi à définir un mot, ou une expression de deux ou trois mots, et ceci exigera souvent de citer ce mot ou cette expression à part du reste de la phrase. De même vous faudra-t-il expliquer le sens d’une phrase, ou d’une partie de phrase, ce qui vous conduira à la citer indépendamment des autres phrases ou des autres parties de la phrase. Vous aurez aussi à expliquer le lien logique qui relie deux phrases (l’une est la conséquence de l’autre, ou sa justification, ou son illustration, etc.), c’est-à-dire à expliciter ce qui, dans le texte, se trouve implicitement entre les deux phrases, et cela impliquera souvent de citer les deux phrases séparément. Il vous faudra aussi justifier les affirmations de l’auteur, ce qui vous conduira à couper à la citation à la fin de la phrase à justifier : vous ne pourrez pas citer les phrases suivantes tant que vous n’aurez pas justifié celle-ci. Etc. Inversement, donc, si vous insérez une longue citation dans votre explication, il y a un grand risque que ce soit parce que vous n’en direz pas grand-chose, et que vous avez oublié d’expliquer de nombreux aspects du fragment cité : définition de termes, liens entre les phrases et structure du raisonnement de l’auteur, justification d’affirmations, explicitation de la fonction d’un exemple, etc. Ensuite, si vous citez longuement le texte, puis expliquez cette citation en détail, cela donnera un très long paragraphe d’explications qui ne cite plus le texte, et le risque est que votre lecteur ne parvienne pas toujours à identifier quelle partie de cette longue citation chacune de vos remarques est censée expliquer, c’est-à-dire à ne pas comprendre votre explication. Votre lecteur pourrait être perplexe : cette remarque-ci est-elle une reformulation d’une phrase du texte, ou quelque chose qui n’est pas écrit dans le texte, mais qui sert à éclairer le sens d’une phrase du texte ? Ainsi, des citations brèves permettrons de clarifier votre explication aux yeux de votre lecteur. – Citez avant d’expliquer, ou tout en expliquant ; ne citez jamais après avoir expliqué. Évitez de commencer par expliquer un passage du texte, et de citer ce passage après l’avoir expliquer, comme une forme de confirmation de votre explication : « Vous voyez ! J’ai raison : l’auteur a bien écrit ce que j’ai dit ! Lisez ! » Tout le monde le fait, mais il ne faut pas : on vous donne une exercice d’explication de texte, ce qui signifie qu’une citation n’explique jamais rien, mais est toujours ce qui doit être expliqué ; une citation ne peut donc confirmer votre interprétation à elle seule. 1 I – Énumération de procédés de citation. Un procédé courant est de commencer l’explication d’un passage par une phrase d’annonce, qui énonce brièvement l’idée directrice du passage expliqué, puis d’entrer dans le détail de l’explication de ce passage : cela permet de clarifier l’explication, surtout si l’on a beaucoup de choses à dire ; ainsi, le lecteur ne se perd pas tant toutes vos remarques, et comprend où vous voulez en venir. Il n’y a pas toujours besoin d’une phrase d’annonce, notamment si l’explication est courte. Trois possibilités. 1 – Si la phrase d’annonce ne contient pas de citation : on cite tout en expliquant. α – On peut inclure directement des citations ponctuelles dans la phrase explicative, suivies de reformulations et explications. β – On peut inclure des citations ponctuelles enter parenthèses dans la phrase. 2 – Si la phrase d’annonce contient une citation : on cite d’abord, puis on explique. γ – Introduire la citation, citer le passage, puis l’expliquer. δ – Ré-écrire le passage en intégrant des citations, puis expliquer. ε – On reformule l’idée générale, on cite, puis on explique. II – Présentation et illustration de chaque procédé de citation. 1 – On cite tout en expliquant. Si la phrase d’annonce ne contient pas de citation, ou s’il n’y a pas de phrase d’annonce, alors les citations devront être incluses dans le cours de l’explication : on cite tout en expliquant. α – Inclure des citations ponctuelles directement dans la phrase. On peut inclure directement des citations ponctuelles dans la phrase explicative, immédiatement suivies de reformulations et explications, introduites par une virgule, par deux points, ou par des formules comme c’est-à-dire, ce qui signifie, autrement dit, etc. Ce procédé suppose des citations brèves (un mot, une question de quelques mots, une proposition ou une phrase courte), pour qu’elles puissent s’insérer dans un phrase. Ce procédé s’utilise notamment lorsqu’il ne s’agit que d’expliquer un mot ou une expression. Avantage. – Ceci permet de toujours indiquer clairement au lecteur quel(s) passage(s), quelle(s) expression(s) on est en train d’expliquer, puisque l’on le ou les explique tout en le(s) citant. Inconvénient. – Ceci peut donner lieu à des phrases longues et compliquées, peu claires. On peut alors faire suivre les phrases d’explication par une phrase de synthèse, qui reformule brièvement et clairement l’explication. 2 Exemples. – Explication du texte d’Aristote sur le rapport entre bonheur, jeu et activités vertueuses. p. 3, § 1 : On lit ici que l’aristotélisme est un eudémonisme : que le bonheur est « la fin de l’homme », c’est-à-dire que l’objectif ultime de toute vie humaine est d’être heureux. p. 3, milieu de page : Voilà pourquoi les activités excellentes sont « nobles et honnêtes » : l’épanouissement des capacités humaines est noble, d’abord, au sens de ce qui est élevé, grand, supérieur, par opposition à ce qui est prosaïque, commun, médiocre, voire bas ; et, par suite, au sens de ce qui est moralement supérieur et respectable, par opposition à ce qui est vil et abject, ou moralement condamnable – c’est-à-dire est, à la lettre, « honnête » : conforme à la morale. – Explication du texte de Rousseau sur le rapport entre désir, bonheur et imagination. p. 4, §§ 2-3 : Ce qui sauve l’homme du malheur, et engendre son bonheur, est l’« imagination » (l. 7 et 11), au sens classique de la faculté de produire des images. Elle est, écrit Rousseau, une « force consolante » (l. 7), c’est-à-dire une puissance qui lutte contre l’impuissance humaine à réaliser ses désirs ; et qui est « reçu[e] du Ciel » (l. 6-7), c’est-à-dire ce qui sauve, suivant le vocabulaire de la référence chrétienne. Toutefois, elle n’est qu’une « force consolante » : elle ne fait que pallier (« supplée[r] », l. 3) l’impuissance à réaliser ses désirs, à atteindre le bonheur par l’accomplissement des désirs, que soulager et réconforter, sans accomplir réellement les désirs ; elle offre un bonheur ambigu, qui n’est pas le bonheur idéal dont jouissent les êtres divins, et qui est au contraire teinté de la frustration, du désagrément et du chagrin qui naissent de l’échec à réaliser ses désirs. Comment l’imagination console-t-elle donc ? Ce que je désire est à distance de moi, dans la double mesure où le désir tend vers ce que je n’ai pas encore, et où je suis impuissant à l’atteindre. Mais l’imagination « rapproche de [moi] tout ce qu[e je] désire » (l. 7), me le place comme à portée de main, me rend comme capable de m’en emparer ; car elle me le « rend présent et sensible » (l. 8), me permet de m’en former l’image et, ainsi, de l’avoir devant les yeux, comme s’il était présent en chair et en os, devant moi ; si bien qu’elle « [me le] livre en quelque sorte » (l. 8), c’est-à-dire me permet de le posséder en image, d’accomplir en image mon désir, puisqu’elle me permet de l’imaginer et d’en imaginer la possession – mais ce n’est qu’« en quelque sorte », c’est-à-dire en image, non en réalité : il s’agit d’une « imaginaire propriété » (l. 8-9), car je ne possède pas réellement ce que je désire, n’ai pas effectivement réalisé mon désir. p. 7, § 2 : Ce que l’on désire est en tant que tel « beau » : en tant qu’il est imaginé et fantasmé, il est à la hauteur de notre désir, satisfaisant, savoureux. Or, il ne l’est que d’être « embelli » par l’imagination. Inversement, on ne peut posséder la chose réelle que nue, dévêtue de toutes les parures que l’imaginaire cristallisait sur elle, c’est-à-dire de tout ce qui la rendait « belle », à la hauteur de son désir. Elle perd donc son attrait, ne procure plus de satisfaction, ne rend pas heureux. Hormis le dieu du christianisme, seul « ce qui n’est pas » : les produits de l’imagination, est savoureux, satisfaisant, source de bonheur. C’est le désir, nourri par l’imagination, qui enchante la vie, l’« embellit », la « pare » de joyaux, la rend douce, savoureuse, jouissive, plaisante. L’accomplissement du désir, en tant qu’il reconduit au monde réel, et fait sortir du monde imaginaire, est toujours décevant, et ne peut être du bonheur ; jouir de ce que l’on désirait est, non rencontrer la beauté, mais la voir s’évanouir. C’est du côté du désir et de l’imaginaire que se tient le véritable bonheur. Une variante de ce procédé consister à expliquer un passage en ne le citant presque pas : en ne citant que les mots centraux de ce passage. Cette variante est rare, car elle suppose que le passage en question ne présente que peu de termes méritant d’être cités et expliqués. 3 β – Inclure des citations ponctuelles entre parenthèses dans la phrase. On peut inclure des citations ponctuelles entre parenthèses dans la phrase explicative, à côté du passage de la phrase qui explique chaque citation. Ce procédé suppose des citations brèves (un mot, une question de quelques mots, une proposition ou une phrase courte), pour que la parenthèse ne fasse par faire perdre le fil de la phrase. Ce procédé s’utilise notamment lorsqu’il ne s’agit que d’expliquer un mot ou une expression. Avantages. – Ceci permet de toujours indiquer clairement au lecteur quel(s) passage(s), quelle(s) expression(s) on est en train d’expliquer, puisque que citation est insérée à côté de son explication. Et, contrairement au procédé α, l’utilisation des parenthèses évite de complexifier la phrase. Inconvénient. – Ce procédé peut vite dériver vers l’écueil : expliquer d’abord, citer ensuite. Exemples. – Explication du texte d’Aristote sur le rapport entre bonheur, jeu et activités vertueuses. p. 2, § 3 : Il y a, d’une part, les activités désirables en elles-mêmes ou pour elles-mêmes : celles qui sont leur propre fin, n’ont pas d’autre but qu’elles-mêmes ; qui ne visent rien d’autre que leur propre accomplissement (« qui ne recherche rien en dehors de leur pur exercice »), c’est-à-dire ne travaillent à aucun autre objectif en sus de leur réalisation ; que l’on accomplit et veut accomplir uniquement afin de les accomplir, et non afin de réaliser une autre fin (« en vue d’autre chose ») dont ces actions seraient alors le moyen ; et qui, pour cette raison, se suffisent, n’ont besoin de rien au-delà d’ellesmêmes pour être désirables et plaisantes. Ce sont les actions qui sont des fins. Tel est le cas lorsque l’on part en vacances découvrir une région : on visite cette région seulement afin de la découvrir, c’està-dire de la visiter, contrairement à l’employé d’une agence de tourisme, qui la visite au moins aussi pour organiser des voyages touristiques. pp. 11-12 : Or, l’esclave n’est pas maître de son temps, puisqu’il a un maître, qui décide de sa vie à sa place ; il ne peut donc pas être heureux (« personne n’admet qu’un esclave puisse être heureux »), et ne le serait qu’à condition que l’on lui offre de vivre un genre de vie qui est celui de l’être humain accompli (« de lui faire adopter aussi une existence humaine »), qui consiste à déployer des activités excellentes, celles qui humanisent. – Explication du texte de Rousseau sur le rapport entre désir, bonheur et imagination. p. 3, § 1 : En effet, désirer est toujours en même temps présumer avec confiance que son désir sera réalisé, le croire (« on s’attend à devenir [heureux] » ; « espoir », l. 2) . Sinon, ce ne serait pas un désir : ce serait une velléité, que l’on pourrait abandonner sans peine. p. 7, § 5 : Rousseau anticipe une première objection, en admettant qu’il est possible que la réalisation d’un désir ne soit pas désillusion, déception (« cet effet n’a pas toujours lieu sur les objets particuliers de nos passions, », l. 14). Mais il ajoute aussitôt que cela n’enlève rien à ceci que la logique du désir est telle que, en général, l’obtention de ce que l’on désirait ne peut qu’être décevante (« cet effet […] est infaillible dans le sentiment commun qui comprend toutes [nos passions] », l. 14-15). 4 2 – On cite, puis on explique. Si la phrase d’annonce contient une citation, alors les explications qui suivent pourront aisément n’inclure aucune citation, surtout si la citation est courte : on cite d’abord, puis on explique. γ – Introduire la citation, citer le passage, puis l’expliquer. On peut, tout simplement, citer le texte, puis l’expliquer. Ce procédé suppose des citations relèvement brèves (un mot, une question de quelques mots, une proposition ou une phrase courte), pour les raisons indiquées en début de document ; mais des citations brèves qui forment grammaticalement une phrase autonome, ou ne supposant qu’un petit ajout introductif pour être grammaticalement autonome. N’oubliez pas d’introduire la citation, en la reliant aux passages précédents du texte : il faut énoncer le lien qui relie le passage cité au précédent (c’en est la conséquence, la justification, etc.). Avantages. – Cette méthode facilite la rédaction de votre explication, pour deux raisons. C’est, d’abord, une façon très facile de citer le texte, qui ne nécessite aucune réflexion. Cela permet aussi de ne plus avoir à penser aux citations, ce qui facilité l’écriture : le texte ayant été cité, l’explication du passage cité pourra n’inclure plus aucune citation, si cette explication est assez courte. Sinon, il faudra effectuer quelques rappels ponctuels de citation, par le procédé α ou le procédé β. Inconvénients. – En plus d’être stylistiquement lourd et inélégant, on prend le risque de séparer les phrases, de ne pas expliquer leur enchaînement, ou de ne le faire que superficiellement, par une petite phrase d’introduction qui ne suffit pas toujours à expliquer la structure du raisonnement. Exemples. – Explication du texte d’Aristote sur le rapport entre bonheur, jeu et activités vertueuses. p. 10, § 1 : Mais, en affirmant qu’il fallait se donner pour règle de jouer et ne jouer qu’en vue de l’activité sérieuse, Aristote laissait entendre que le bonheur consistait en une activité sérieuse ; il lui faut désormais le montrer. C’est pourquoi il ajoute : « or, une vie vertueuse ne va pas sans un effort sérieux et ne consiste pas dans un simple jeu. » (l. 12) Le bonheur consiste dans une activité excellente, vertueuse. Or, l’excellence humaine n’est pas donnée, ni par la naissance, ni par la chance, ni par un développement naturel : on ne naît pas pleinement humain, déjà apte à raisonner correctement et à être maître de sa vie, et l’on ne le devient pas par un développement naturel, comme nous acquérons naturellement nos dents, nos caractères sexuels secondaires, etc., comme une fleur éclot naturellement ou libère naturellement du pollen : c’est pourquoi il faut en passer par l’instruction et l’éducation, pourquoi les parents sont d’abord responsables de leurs enfants, qui ne peuvent d’emblée l’être d’euxmêmes. Nous avons à devenir pleinement humains, par un travail, un effort intentionnel, et cela ne peut jamais nous tomber dans les mains tout fait, par chance. L’excellence est donc un résultat, un résultat acquis – elle est une « disposition acquise » à accomplir certaines activités –, et un résultat acquis par l’exercice (ἄσκησις), au terme d’un « effort sérieux », d’un travail continu et soigné. Elle est donc sérieuse, n’est pas de l’amusement, du jeu. En tant que telle, elle suppose le délassement, donc le jeu. Et puisque le bonheur réside dans l’excellence, alors il suppose bien le jeu. 5 pp. 10-11 : Toutefois que le bonheur soit d’accomplir une activité excellente, voilà qui n’est pas bien établie […] ; surtout, voilà une affirmation encore vague, indéterminée. Il faut la justifier et la préciser plus avant. Afin de justifier et préciser le sens de l’identité du bonheur à une activité excellente, Aristote écrit : « Et nous affirmons, à la fois, que les choses sérieuses sont supérieures en vertu à celles qui font rire ou s’accompagnent d’amusement, et que l’activité la plus sérieuse est toujours celle de la partie la meilleure de nous-mêmes ou celle de l’homme d’une vertu plus élevée. Par suite, l’activité de ce qui est le meilleur est elle-même supérieure et plus apte à procurer le bonheur. » (l. 12-16) Nous l’avons vu, toute activité sérieuse implique en tant que telle une concentration, un effort, une implication et une tension de l’“esprit” plus soutenus et plus importants que les activités amusantes, celles-ci étant légères, futiles ; pour cette raison, les activités sérieuses mettent plus en mouvement, et, par là, développent plus les capacités humaines que ne le font les activités amusantes ; elles leur sont donc « supérieures en vertu », c’est-à-dire : sont plus excellentes, réalisent plus l’humanité de l’agent. Or, si l’on s’humanise d’autant plus que l’activité que l’on accomplit est sérieuse ; et, si l’on admet qu’il y a des aspects de la vie humaine qui sont plus humaines que d’autres – ainsi, parler est plus humain que manger ou dormir, puisque seul l’humain parle au sens fort et strict du terme, tandis que tout animal mange et dort – ; alors une activité met en mouvement une partie de nous-mêmes d’autant « meilleure », c’est-àdire d’autant plus humaine, d’autant plus spécifique à et exemplaire de l’humanité, que cette activité est sérieuse : l’activité la plus sérieuse est le fait de ce qu’il y a de plus humain en nous. En tant que telle, elle est l’activité la plus excellente, puisque l’excellence consiste à être pleinement humain : plus l’activité est sérieuse, plus elle est excellente. Or, en tant qu’accomplissement de notre humanité, l’excellence est ce qui nous convient au plus haut point, donc ce qui nous procure le plus de plaisir et nous fait le plus de bien, c’est-à-dire ce qui nous rend heureux : en tant que je suis un être humain, ce qui me convient le plus est ce qui convient à mon être d’humain, à mon essence ; or, que peut donc le mieux convenir à l’essence de l’être humain, si ce n’est de s’accomplir, de se réaliser, c’est-à-dire l’excellence, la vertu ? Et, dire que quelque chose me convient, n’est-ce pas dire que cela est bon pour moi ? Si, donc, l’excellence est ce qui me convient le plus, alors elle est ce qui me procure le plus de bien-être, c’est-à-dire me rend heureux. Ainsi, plus l’activité est sérieuse, plus elle est excellente, et, par suite, plus elle est capable de rendre nous heureux. Le bonheur est donc l’activité la plus excellente, c’est-à-dire l’activité de ce qui est le plus humain en l’être humain. – Explication du texte de Rousseau sur le rapport entre désir, bonheur et imagination. p. 2, § 1 : En d’autres termes, l’attente qui définit le désir relève du « charme de l’illusion » (l. 2). Elle engendre une « illusion », c’est-à-dire nous fait imaginer et fantasmer le moment de l’accomplissement du désir. Et ce fantasme est un « charme », est charmant, au double sens où il est plaisant, car est un accomplissement du désir, certes imaginaire ; et où il est par conséquent enivrant, attirant, fascinant, captivant, envoûtant. pp. 2-3 : D’emblée, Rousseau interroge les rapports entre désir et bonheur, et commence de les déterminer, en notant que, « Tant qu’on désire, on peut se passer d’être heureux » (l.1). Au cours du texte, on comprend que Rousseau rassemble deux acceptions du mot bonheur : le sens strict du terme, celui d’état de bien-être global, maximal ou intense, et durable ; et la réalisation d’un désir, ou le bienêtre provoqué par cet accomplissement. Or, il apparaît immédiatement à considérer le désir, le fait de désirer, que celui-ci, à défaut d’être le bonheur ou la réalisation du désir eux-mêmes, il en est un substitut ou un succédané : désirer fait office de bonheur, procure un état de bien-être relativement satisfaisant, sans avoir à réaliser ses désirs ou à être heureux pour cela ; réciproquement, il permet de vivre sans que cette absence de bonheur et d’accomplissement de ses désirs ne soit insatisfaisante eu égard à l’objectif du bonheur. pp. 3-4 : Il importe alors d’indiquer ce qui caractérise en propre cette forme particulière de bonheur : elle « est une sorte de jouissance qui supplée à la réalité, qui vaut mieux peut-être » (l. 3-4). 6 Car, dans la double mesure où, d’une part, le désir est désir de ce qui n’est pas encore réel ou réalisé ; et où, d’autre part, la forme de jouissance qui le caractérise est un accomplissement imaginaire du désir ; on peut dire que le bonheur propre au désir consiste à « suppléer à la réalité », c’est-à-dire à compenser l’absence ou le manque que le désir identifie dans l’état actuel du monde (« la réalité »), en lui substituant en image ce qu’il désire, c’est-à-dire en comblant ou rectifiant imaginairement cette insuffisance réelle. Par définition, cette version imaginaire et rectifiée du monde « vaut mieux peut-être » que « la réalité », est en général préférable – du point de vue du bonheur – à ce qui est, puisqu’elle est déjà d’un pas plus conforme à ce que l’on désire, et à ce que l’on voudrait voir réalisé. Tirant les conséquences de ce qui précède, Rousseau s’exclame : « Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. » (l. 4-6) Ce faisant, il achève de déterminer les rapports du désir au bonheur : non seulement le désir est-il une forme de bonheur, mais encore et réciproquement le bonheur réside-t-il dans le désir, et précisément pas dans la réalisation du désir, qui est toujours insatisfaisante à quelque égard. Le désir est une forme de bonheur ; or, une existence sans désir est malheureuse, en ce que cesser de désirer est « pour ainsi dire perdre tout ce qu’[on] possède » ; cela signifie, inversement, que le désir est « tout ce qu’[on] possède » et peut posséder, c’est-àdire est ce en quoi le bonheur consiste. En effet, pour parler comme Sartre, l’être humain est un néant : il n’est rien par essence, et doit se choisir (je ne nais pas peintre ou ingénieur, ni manuel ou intellectuel, ni timide ou extraverti ; je le deviens) ; et il n’est rien définitivement, peut toujours se choisir autre qu’il n’est déjà (je peux me trouver insupportable d’être prétentieux et expert en fusion acquisition, et vouloir me reconvertir et devenir plus humble). Exister, pour nous, c’est se choisir et devenir ce que l’on a choisi d’être : c’est, en un mot, désirer. Or, si je ne deviens qui je suis que par mes désirs, alors qu’on me les ôtez, et je ne suis plus rien, un néant ; ma vie n’a plus de sens et de saveur pour moi, je suis malheureux. pp. 6-7 : Rousseau en déduit alors la caractérisation du bonheur auquel l’être humain puisse prétendre. Du point de vue du bonheur, « le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité » (l. 12) : on ne peut se rendre heureux qu’en quittant le monde réel pour s’installer dans l’imaginaire sans le quitter, c’est-à-dire en produisant soi-même par l’imagination ce que l’on désire, et en jouissant dans l’imaginaire de ces fantasmes, sans chercher à les réaliser. Le seul bonheur dont soyons capables est ainsi hors monde : c’est une jouissance imaginaire, une consolation imaginaire de notre misère et notre impuissances réelles à réaliser nos désirs, qui déprécie en retour le monde et les choses réelles. δ – Ré-écrire le passage en intégrant des citations, puis expliquer. La phrase d’annonce peut consister en une ré-écriture le passage que l’on souhaite expliquer, afin d’en donner une formulation générale qui, à la fois ressaisisse brièvement l’idée directrice du passage, et à la fois explicite clairement le lien entre les parties du passage. L’explication qui suit cette phrase d’annonce peut alors n’inclure aucune citation du texte, mais peut aussi nécessiter des citations (procédés α et β), si la ré-écriture a résumé un passage assez long. Avantages. Ce procédé permet de suivre le schéma citer d’abord, expliquer après, même pour des passages relativement longs, en ne citant que les formules décisives du passage. Ce procédé est très utile pour expliquer la structure du texte, le lien entre plusieurs passages, en particulier s’ils sont éloignés dans le texte. Par exemple, la phrase d’annonce peut avoir la forme : [nom de l’auteur] affirmer que [premier passage], parce que [second passage]. 7 Inconvénients. – Un premier risque est de n’expliquer que les parties décisives citées, et de passer sous silence d’omettre complètement les autres parties du passage à expliquer. Un second risque est de croire que, ayant ré-écrit le passage, on l’a expliqué, qu’il n’y a plus rien à dire. Exemples. – Explication du texte d’Aristote sur le rapport entre bonheur, jeu et activités vertueuses. p. 2, § 3, pour expliquer : « Sont désirables en elles-mêmes les activités qui ne recherchent rien en dehors de leur pur exercice. » Aristote commence par définir ce qu’est une activité « désirable en elle-même », comme toute activité « qui ne recherche rien en dehors de [son] pur exercice. » (l. 1-2). […] [Ce sont] celles qui sont leur propre fin, n’ont pas d’autre but qu’elles-mêmes ; qui ne visent rien d’autre que leur propre accomplissement (« qui ne recherche rien en dehors de leur pur exercice »), c’est-à-dire ne travaillent à aucun autre objectif en sus de leur réalisation ; que l’on accomplit et veut accomplir uniquement afin de les accomplir, et non afin de réaliser une autre fin (« en vue d’autre chose ») dont ces actions seraient alors le moyen ; et qui, pour cette raison, se suffisent, n’ont besoin de rien au-delà d’elles-mêmes pour être désirables et plaisantes. Ce sont les actions qui sont des fins. p. 3, § 2, pour expliquer : « Telles apparaissent être les actions conformes à la vertu, car accomplir de nobles et honnêtes actions est l’une de ces choses désirables en elles-mêmes. » Aristote remarque alors que « les actions conformes à la vertu, […] nobles et honnêtes », c’està-dire excellentes, « apparaissent être » désirables en elles-mêmes, sont une catégorie d’activités désirables en elles-mêmes (l. 2-3). Ici, vertu traduit ἀρετή, littéralement : excellence, et signifie l’accomplissement de sa nature (φύσις), de son essence (εἶδος) : est vertueux, ou excellent, l’être qui est conforme à son essence, c’est-à-dire est pleinement lui-même comme membre de son espèce, et non comme individu. En particulier, donc, est excellent l’être humain qui a accompli son humanité, qui coïncide avec son essence d’être humain, qui est conforme au modèle idéal de l’être humain. […] Voilà pourquoi les activités excellentes sont « nobles et honnêtes » : l’épanouissement des capacités humaines est noble, d’abord, au sens de ce qui est élevé, grand, supérieur, par opposition à ce qui est prosaïque, commun, médiocre, voire bas ; et, par suite, au sens de ce qui est moralement supérieur et respectable, par opposition à ce qui est vil et abject, ou moralement condamnable – c’est-à-dire est, à la lettre, « honnête » : conforme à la morale. pp. 3-4, pour expliquer les termes centraux de la phrase : « Ce n’est donc pas dans le jeu que consiste le bonheur. Il serait en effet étrange que la fin de l’homme fût le jeu, et qu’on dût se donner du tracas et du mal pendant toute sa vie afin de pouvoir s’amuser ! » Aristote considère alors le jeu, qui consiste à « s’amuser », par opposition à toute « activité sérieuse » (l. 8), qui implique de « se donner du mal et du tracas » (l. 7) : par jeu, il faut ici entendre toute activité divertissante, c’est-à-dire agréable et futile, par opposition à ce qui est sérieux, donc « utile » et important ; Aristote appelle donc ici jeu ce que nous appellerions loisirs ou divertissement – non seulement, les jeux d’enfants et les jeux de société, mais encore le sport, les fêtes, les sorties au théâtre, les promenades, etc. 8 – Explication du texte de Rousseau sur le rapport entre désir, bonheur et imagination. pp. 2-3, pour expliquer : « Tant qu’on désire, on peut se passer d’être heureux : on s’attend à le devenir ». L’explication procède en deux temps : ι – on explique d’abord le sens de « Tant qu’on désire, on peut se passer d’être heureux » ; ιι – on ajoute alors : Et, si l’on n’a pas besoin d’être heureux tant que l’on désire, c’est parce que l’on « on s’attend à le devenir » (l. 1). En effet, désirer est toujours en même temps présumer avec confiance que son désir sera réalisé, le croire (« on s’attend à devenir [heureux] » ; « espoir », l. 2). Sinon, ce ne serait pas un désir : ce serait une velléité, que l’on pourrait abandonner sans peine pp. 5-6, pour expliquer un aspect de la longue phrase allant d’En effet (l. 6) à sa passion (l. 9). Mieux, « je soumets [ce que je désire] à mon imagination » (l. 7), car je « le modifie au gré de [m]a passion » (l. 9). Je me rends maître de ce que je désire, je peux l’accorder à mon désir, non en le transformant réellement, mais dans la mesure où l’imagination est productrice, et productrice d’images. En effet, parce que je recrée ce que je désire dans l’imaginaire, et non dans la réalité, il n’acquiert jamais une figure immuable, mais reste malléable et adaptable aux modulations de mon désir : il reste toujours en mon pouvoir, ne me résiste jamais, et je puis le transformer à volonté pour le conformer à mes désirs. ε – On reformule l’idée générale, on cite, puis on explique. Le procédé précédent cherchait à commencer de reformuler le sens du passage au moment de le citer. On peut le faire d’une autre façon : on garde le principe citer d’abord, puis expliquer, mais la citation (γ ou δ) est précédée d’une phrase d’annonce reformulant l’idée générale du passage sans le citer. C’est mettre ceinture et bretelles : on formule le sens général du passage, on le cite, on l’explique. Exemples. – Explication du texte d’Aristote sur le rapport entre bonheur, jeu et activités vertueuses. p. 8 § 2 : D’abord, Aristote indique ce que cela signifie de jouer en vue d’une activité sérieuse : « Le jeu est, en effet, une sorte de délassement, du fait que nous sommes incapables de travailler d’une façon ininterrompue et que nous avons besoin de relâche. Le délassement n’est donc pas une fin, car il n’a lieu qu’en vue de l’activité. » (l. 9-11) Pourquoi jouons-nous ? Notre vie est essentiellement travail, effort sérieux et soutenu, donc tension vers un but. Or, le travail est par essence une tension et une dépense de forces, d’énergie ; en tant que tel, il est fatiguant, lassant, et, ce, pour le “corps” ou pour l’“esprit”, selon que le travail est “corporel” ou “mental”, voire intellectuel ; aussi ne pouvons-nous travailler continûment, sans nous arrêter, puisque le travail dépense les forces dont il a besoin pour se déployer. Par conséquent, après avoir travaillé, et afin de pouvoir travailler de nouveau, nous avons besoin de nous « délasser », de nous défatiguer, de nous reposer – ou, si l’on veut, notre “corps” et notre “esprit” ont besoin de “retrouver des forces”. Ce repos est, ou sommeil, ou jeu : nous jouons pour nous délasser. 9 – Explication du texte de Rousseau sur le rapport entre désir, bonheur et imagination. p. 5, § 2 : Pour le montrer, Rousseau décrit la nature humaine comme en tension entre le caractère infini de son désir et le caractère limité de ses pouvoirs, ce qui fait courir le risque du malheur. D’une part, l’être humain est « avide », c’est-à-dire est « fait pour tout vouloir » (l. 6) : parce que l’être humain est un néant au sens de Sartre, le désir est infini, ou illimité, au double sens où il porte sur tout, ne se restreint pas à certains objectifs sans oser viser les autres ; et où il ne peut jamais être satisfait, si bien que chaque désir accompli est suivi d’un nouveau désir. D’autre part, l’être humain est « borné », c’est-à-dire est « fait pour peu obtenir » (l. 6) : les capacités humaines de réalisation des désirs sont « borné[es] », limitées, ne lui permettent pas d’« obtenir » grand-chose, c’est-à-dire de réaliser beaucoup de ses désirs. L’écart entre cette limitation des pouvoirs et cette illimitation du désir, – cet excès du désir sur nos possibilités, cette insuffisance de nos capacités au regard de notre désirs, – nous fait courir le risque d’être malheureux, car continuellement insatisfaits. 4 – Combiner plusieurs de ces procédés. On peut évidemment combiner plusieurs de ces procédés dans une même phrase, et certains exemples précédents le faisaient déjà. Quant on cite d’abord, puis explique ensuite (γ, δ, ε), il peut arriver que l’on ait beaucoup de choses à expliquer, et qu’il faille donc faire plusieurs rappels de citation durant l’explication, soit en les insérant directement dans la structure de la phrase, soit entre parenthèses. Exemple. – Explication du texte d’Aristote sur le rapport entre bonheur, jeu et activités vertueuses. pp. 4-5 : Et Aristote d’approfondir l’impossibilité pour le bonheur de consister dans le jeu en remarquant qu’« il serait en effet étrange que la fin de l’homme fût le jeu, et qu’on dût se donner du tracas et du mal pendant toute sa vie afin de pouvoir s’amuser ! » (l. 6-8). Suivant la thèse eudémoniste, identifier le bonheur au jeu serait poser ce dernier comme « la fin de l’homme », c’est-à-dire comme l’objectif ultime de toute existence humaine, au regard duquel chacune de nos actions et chaque aspect de nos vies serait un moyen. Toute activité humaine étant entreprise à quelque égard afin de contribuer à son bonheur, on vivrait « toute sa vie afin de s’amuser », consacrerait sa vie entière au jeu et ne ferait ainsi tout ce que l’on ferait qu’en vue de jouer. Toute activité humaine étant vectorisée vers le jeu, cela vaudrait aussi de toute « activité sérieuse » (l. 8), c’est-à-dire importante, digne d’être prise en considération, et exigeant à ce titre d’être accomplie avec soin et attention, d’y consacrer nos efforts : ce que l’on appelle travailler. Par suite, on « se donner[ait] du tracas et du mal pendant toute sa vie » ultimement afin de jouer : non seulement consacrerait-on tous ses efforts au divertissement, mais encore ne consentirait-on, en dernière instance, aux efforts et à leur lot de difficultés, d’embarras et de peine, qu’afin de pouvoir s’amuser, se divertir, jouer. (κ2) Voilà qui est « étrange », c’est-à-dire extraordinaire : hors de l’ordre du monde 10 Quand on cite tout en expliquant, on peut le faire en insérant certaines citation directement dans la structure de la phrase, et d’autres seulement entre parenthèses. À leur tour, les diverses citations directement insérées dans la structure de la phrase peuvent l’être en les articulant de façon à expliciter leur lien logique. Exemple. – Explication du texte de Rousseau sur le rapport entre désir, bonheur et imagination. Lorsque je réalise mon désir, je me trouve, non plus face à l’objet fantasmé (« tout ce prestige disparaît », l. 9), mais « devant l’objet même » (l. 9-10), c’est-à-dire face à une chose réelle, qui n’est que ce qu’elle est, et ne peut qu’être décevante par rapport au modèle idéal que j’avais imaginé et fantasmé (« rien n’embellit plus cet objet aux yeux de son possesseur », l. 10). Autrement dit, si le désir engendre une illusion délicieuse et enivrante (« charme de l’illusion »), alors sa réalisation est désillusion (« l’illusion cesse », l. 11), c’est-à-dire retour décevant à la réalité. Et je ne peux pallier cette déception par l’imagination, « embelli[r] cet objet » (l. 10) en le « par[ant] » (l. 11) des joyaux de l’imagination, c’est-à-dire le rendre désirable et plus conforme à mes désirs qu’il ne l’est, en le fantasmant, en l’idéalisant. Car l’imagination n’a aucun pouvoir sur le réel, n’en a que sur l’imaginaire – elle « ne pare plus rien de ce qu’on possède » (l. 11), et ne pare que de l’imaginaire. En effet, « on ne se figure point ce qu’on voit » (l. 10), c’est-à-dire que l’on n’imagine que ce qui est absent, jamais ce qui est présent, car la présence du réel arrête le regard et l’accapare, ce qui empêche et rend insensée toute entreprise d’imagination : pourquoi l’imaginerais-je, puisqu’il est là ?, et comment pourrais-je essayer d’imaginer ce que je suis tout entier en train de regarder ? Dès lors, « l’illusion cesse où commence la jouissance » (l. 11) : tant que je désirais, tant que ce que je désirais n’était pas en ma possession, mais absent, je pouvais le fantasmer, et jouir des illusions que je forgeais alors ; mais, dès que je réalise mon désir, ce que je désirais est présent tel qu’il est, et ne ne peut être que ce qu’il est, c’est-à-dire ne peut plus être saisi, modelé et rehaussé par l’imagination. 11

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