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Les causes de l'échec de la seconde république

Dissertation : Les causes de l'échec de la seconde république. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Mai 2022  •  Dissertation  •  2 040 Mots (9 Pages)  •  360 Vues

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"L'enthousiasme fanatique et double de la Seconde République que je fonde et de l'ordre que je sauve" : ainsi s'exclame Lamartine suivant la chute de la monarchie de juillet et la naissance de la Deuxième République ; c’est ainsi que naît l'"esprit de 1848" : l'espoir d’une ère nouvelle où le peuple serait sous l'égide d'un gouvernement stable et égalitaire. Cependant, seulement 4 ans plus tard, la France voit ses ambitions se briser : le pouvoir est renversé et le Second Empire est proclamé, marquant la débâcle cuisante de cette Deuxième République. Nous pourrons ainsi nous interroger sur les causes profondes de cet échec. L'échec d'une république divisée et menacée, prenant ses racines dans des crises plus anciennes, constituant un terreau fertile à l'avènement de son fossoyeur.


L'illusion d’une république unie semble s'évanouir et le gouvernement fait face à de nombreuses dissensions intestines. Tout d'abord, une ambiguïté et une menace demeure chez les partis conservateurs ; ces derniers vont petit à petit corroder cet élan républicain. En effet, les réticents (assumés ou non) à la république comme les monarchistes légitimistes et orléanistes semblent se rallier à la cause républicaine. Néanmoins, ces derniers continuent de conserver de forts bastions électoraux dans les provinces : ils s'appuient sur l'opposition sociétal entre la ville en effervescence des ouvriers et les paysans des campagnes traditionnelles se sentant délaissés par les nouvelles mesures. C'est ainsi qu'en exploitant, voire provoquant la peur de désordres sociaux et politiques qu'ils associent au gouvernement républicain, ils décident de former le Parti de l'Ordre. Alors, des personnalités comme Thiers ayant l'appui d'une grande partie de la hiérarchie catholique se rallient à la république par opportunisme, rendant le gouvernement fragmenté. En effet, "républicains du lendemain", ils attendent des jours meilleurs et sont prêts à exploiter les défauts de ce nouveau régime. Finalement, face à la menace du "spectre rouge", l'influence forte d'une partie des conservateurs s'exprimera par les élections législatives de mai 1849 donnant la majorité à ces derniers. Ces élections annoncent l'échec de la République jusqu'à la régence du général Cavaignac. Celle-ci marque le départ des derniers éléments socialiste du gouvernement (Louis Blanc) et le desavouement de la République par les ruraux (en septembre, sur 17 députés élus 15 sont monarchistes).
Ainsi, les conservateurs maintiendront leur pouvoir et le soutien d'une partie du peuple, jusqu'à la loi Burgraves et l'avènement de celui qui fera chuter la Seconde République.
D'autre part, du côté des "républicains de la veille", la montée fulgurante du socialisme va diviser les partis de gauche . En effet, ces derniers étaient tout d'abord complémentaires mais vont rapidement s'opposer : nous constatons, d'un côté, l'apparition des républicains modérés (les "Bleus"), majoritaire dans le gouvernement. Ces derniers sont menés par des figures comme Lamartine ou Dupont de l'Eure. D'autre part, nous retrouvons les démocrates-socialistes (ou les "Rouges") minoritaires mais tapageurs, groupés autour de Ledru-Rollin : ceux-ci ont pour objectif de régler la question sociale oubliée de l'ancien régime, à l'inverse des "Bleus" qui s'attardent principalement sur des réformes politiques (ex : liberté de la presse ou liberté de réunion).
Ces tensions et affrontements idéologiques  se traduisent tout d'abord par la scène de l'Hôtel de Ville : lorsque Lamartine répudie le drapeau rouge des révolutionnaires radicaux en faveur du drapeau tricolore historique ; la vision de ce qu'est la République ne semble ainsi pas être unanime. Mais cet événement montre également la conscience politique du peuple, celle qui s'exprimera plus tard à travers la radicalisation des "Rouges". De surcroît, les élections à l'assemblée constituante du 9 avril 1848 sont une autre manifestation de la labilité de cette république. En effet, les démonstrations des oppositions se font de  de plus en plus violentes et ostensibles. Les personnalités de gauche et d'extrême gauche comme Blanqui, possédant de nombreuses tribunes grâce à la multiplication des journaux et des clubs, dirigent une guerre contre le gouvernement modéré de Lamartine ; tout ça dans le but d'obtenir plus de mesures sociales. Cette effervescence populaire que les rouges tentent d'aviver atteint son paroxysme lorsque l'assemblée commence à discuter du sort des ateliers nationaux. C'est ainsi que leur dissolution provoquera le début des Journées de Juin. Brutal reflet de la lutte des conceptions idéologiques, juin 1848 marque finalement l'affaiblissement du régime et la fin de l'idéal fraternitaire, affranchisseur et pacifique de la Seconde République : cet événement entérine définitivement la rupture entre les modérés et les radicaux. La voie semble ainsi pavée pour l'émergence d'une nouvelle vision politique qui mettra définitivement fin à la Seconde République.


De surcroît, l'échec de cette Seconde République prend racine dans des causes structurelles plus profondes, hors du fractionnement politique du gouvernement.
Tout d'abord, avant l'avènement de cette nouvelle république, la France subissait des crises de grande ampleur de 1846 à 1847. En effet, en 1846, l'agriculture connait une grave crise économique suite à de mauvaises récoltes ainsi qu'à une maladie de la pomme de terre. C'est ainsi que cette crise provoqua de lourds troubles agraires et fera finalement diminuer la consommation de produits industriels, provoquant une vague de chômage. En outre, l'industrialisation accélérée sera la cause d'une seconde crise. Effectivement, l'engouement excessif pour les actions des compagnies de fer ont provoqué l'effondrement de la Bourse : la France fait par la suite face à une crise du crédit provoquant la fermeture de nombreuses banques. Ainsi, nous nous rendons compte que, dès sa naissance, la Seconde République doit faire face aux répercussions de ces crises. D'une part, un manque de moyens : ce dernier poussera la République à adopter l'impôt des 45 centimes. Celui-ci fera gronder les provinces et provoquera le ralliement des paysans au parti le plus conservateur : le Parti de l'Ordre, souhaitant faire chuter la République et remettre en place une monarchie. D'autre part, le chômage de masse des ouvriers poussera à la création les Ateliers Nationaux. Ces derniers seront finalement un échec et une cause de la brèche idéologique entre républicains, celle qui mènera, en partie, la Seconde République à sa perte.  
De plus, la République subit les reliquats de l'empreinte traditionaliste des populations, notamment rurales. En effet, les campagnes sont surpeuplées et souvent miséreuses. Ainsi, celles-ci sont plus enclines à la propagande des partis plus extrêmes : socialiste, dans une moindre mesure, et surtout conservateurs (notamment en Vendée). Ces derniers sont attachés au système monarchique essentiellement à travers sa dimension catholique, en plus d'être influencés par les notables de province. D'autant plus que diverses mesures ont été mises en place pour renforcer leur adhésion au Parti de l'Ordre. Nous pensons à certaines lois sur la presse visant à réduire la diffusion des idées républicaines. Ou encore la loi Falloux qui remet l'enseignement catholique au centre du système scolaire. Sans omettre l'attachement invétérée à Napoléon 1er qui ne cesse d'agiter les campagnes, abreuvées de la "légende dorée". Ces craintes des paysans semblent justifiées : les urbains concentrent l'attention et les ruraux se sentent oubliés par les réformes. Et en effet, Karl Max l'avait pressenti : pour lui, les élections seraient le coup d'État des paysans prenant leur revanche sur Paris, et finalement, sur la Seconde République. Finalement, la France profonde, plus facilement manipulable, sera également celle qui fera chuter cette Seconde République

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