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Étude linéaire : « Une charogne » Section : Spleen et Idéal , Les Fleurs du Mal,1857.

Commentaire de texte : Étude linéaire : « Une charogne » Section : Spleen et Idéal , Les Fleurs du Mal,1857.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Octobre 2019  •  Commentaire de texte  •  2 530 Mots (11 Pages)  •  16 192 Vues

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Objet d’étude : La poésie du XIX° au XXI° siècle

Étude linéaire : « Une charogne »  Section : Spleen et Idéal , Les Fleurs du Mal,1857.

Introduction

    Ce poème est extrait des Fleurs du Mal  de Charles Baudelaire, recueil publié en 1861. Recueil censuré pour son inadéquation aux bonnes règles de la morale et de la pudeur, il ose s’attaquer à des motifs peu conventionnels, comme celui de cette « charogne ».

XXIXe poème de la première partie du recueil, intitulée « Spleen et Idéal », il reflète bien cette double tendance du poète à se diriger à la fois vers la fascination mélancolique pour le mal et le laid (le « spleen » ) et à tenter de s’élever plus haut vers une Beauté transcendante, « idéale ». Le titre « Une charogne » produit une rupture.  Il décrit un objet horrible, le plus horrible qu’on puisse imaginer peut-être, et pourtant ce poème est un poème d’amour puisqu’il s’adresse à la femme qu’il aime, Jeanne Duval. Comment expliquer cette étrange manière de s’adresser à l’être aimé?

On peut lire ce poème comme un « carpe diem », formule d’Horace dans les Odes qui défend la philosophie du temps présent où il faut jouir des plaisirs quotidiens. Cela deviendra un propos particulièrement en vogue au XVI° siècle où il s’agissait surtout de séduire la femme en l’incitant à profiter de l’instant présent. De manière ludique autant que polémique, Baudelaire réécrit le célèbre poème de la Renaissance qui appelait à l’amour au nom de l’aspect éphémère de la jeunesse. Il déconstruit le topos poétique en dénonçant son hypocrisie, rappelant les arrière-pensées des poètes « lubriques ». C’est le cas par exemple du « Mignonne, allons voir si la rose… » de Ronsard où la fleur est la métaphore de la beauté de la femme et de sa jeunesse.

Problématiques :

Comment le poète interroge-t-il la modernité poétique en renouvelant la tradition du « carpe diem » ?

Comment Baudelaire , à travers cette évocation de la charogne , renouvelle-t-il le motif du mémento mori en en faisant un manifeste esthétique ?

Comment le poète transforme –t-il l’immonde en objet poétique ?

Mouvement du texte :

Vers 1 à 4  :   Une promenade amoureuse

Vers 5 à 24 :  Un réalisme macabre

Vers 25 à 32 : Une nouvelle inspiration poétique.

Vers 33 à 36 : Anecdote réaliste qui brise la méditation poétique

Vers 37 à 48 : Hommage à la poésie , une réflexion sur la poésie moderne et une autre vision de la beauté.

Ce poème fait le récit d’une promenade amoureuse soudainement interrompue par une vision d’horreur : une charogne en décomposition au milieu du chemin. Au lieu de détourner le regard, le poète, comme fasciné par le cadavre, en fait le sujet premier de son texte.

Strophe 1 :

Baudelaire frappe d’emblée l’imagination du lecteur : le poème est construit comme un petit apologue. Un récit circonstancié avec un complément de temps et de lieu. Vers 1. « Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme», ce vers rappelle la poésie romantique élégiaque, par exemple les vers du poème « Le lac » de Lamartine « Un soir, t’en souvient-il ? Nous voguions en silence ».

Le lecteur est marqué par un jeu d’oppositions, vers.2 « Ce beau matin d’été si doux », précède le vers 3 « une charogne infâme », notons le jeu de rimes qui peut paraître décalé « âme » et infâme ».La chose doit être surprenante puisqu’elle se trouve « au détour d’un sentier »,dramatisation ; les deux promeneurs tombent dessus sans s’y attendre.

Les vers 3+4 sont constitués uniquement de groupes nominaux , ce qui laisse présumer que l’esprit reste en arrêt sans aucune réaction devant ce spectacle répugnant.

Strophe 2

Le vocabulaire utilisé emprunte à la fois à la thématique de l’érotisme et de la pourriture. L’amour idéalisé est donc mis à mal mais l’amour charnel n’est pas nécessairement valorisé pour autant : regardé avec fascination et répulsion ; menace de l’amour physique associé à la charogne. C’est une comparaison étonnante entre un corps mort , informe et une femme vivante animée de désirs .En effet, « les jambes en l’air », « une femme lubrique », « sur un lit », « brûlante », « le ventre putride », ce qui fait penser aux chaleurs ou à la passion –,le poète insiste sur les odeurs, vers 6 « suant les poisons »,vers 8 « plein d’exhalaisons » l'adjectif « nonchalante » qui résonne ici avec sensualité, font penser à une femme qui offre son corps, souligné avec le terme « cynique »,évocation d’une femme immorale et provocante.

Strophe 3

C'est le soleil indispensable à la vie végétale qui vient rayonner sur ce cadavre en décomposition, vers 9 « Le soleil rayonnait/sur cette pourriture », le poète souligne encore l’opposition  .Le processus de décomposition est tel que le poète utilise le mot « centuple » , c’est une périphrase précieuse et solennelle pour désigner la décomposition , vers 11-12 pour indiquer  ici que le corps part en mille morceaux, on a une formulation décalée , grandiloquente (périphrase +assonances en « an »). Un écart tout à fait surprenant, qui devient ironique. De plus, « Le soleil » « comme afin de la cuire à point » , on peut dire que la chaleur est donc très forte, accélérant ainsi le phénomène : le ton est décalé, le terme trivial et terme de cuisine qui associe presque la charogne à un plat appétissant, écœurant.

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