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Lecture analytique, Spleen, IV, Les Fleurs du Mal, Baudelaire, 1861

Commentaire de texte : Lecture analytique, Spleen, IV, Les Fleurs du Mal, Baudelaire, 1861. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Juin 2017  •  Commentaire de texte  •  1 409 Mots (6 Pages)  •  8 453 Vues

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Charles Baudelaire, “Spleen”, IV, Les Fleurs du Mal, 1861

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,

Et que de l’horizon embrassant tout le cercle

II nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

5 Quand la terre est changée en un cachot humide,

Où l’Espérance, comme une chauve-souris,

S’en va battant les murs de son aile timide

Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées

10 D’une vaste prison imite les barreaux,

Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées

Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie

Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,

15 Ainsi que des esprits errants et sans patrie

Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,

Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,

Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,

20 Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Introduction :

Baudelaire est un poète du XIX ème siècle, caractérisé par un mal de vivre qui peut faire de lui un auteur romantique, mais dont l’écriture fondamentalement moderne fait un avant-gardiste, précurseur du symbolisme. Ce poème est le dernier de la section “Spleen et Idéal” des Fleurs du Mal, publié dans sa version finale en 1861. Il achève une oscillation, un dualisme, inspiré par Platon, entre l’état de Spleen, littéralement la rate, qui désigne un état dépressif profond, et un Idéal qui concentre la perfection platonicienne du bien, du bon, du juste et du beau, et que le poète évoque à travers quelques poèmes du recueil. Ici, il est bien question de dépeindre le spleen à travers cinq quatrains, allant jusqu’à évoquer une crise irrémédiable qui laisse le lecteur sans espoir à la fin du poème.

Problématique : En quoi ce poème sublime-t-il le mal de Baudelaire ?

I. Un mal-être existentiel

A. Un monde sans issue

B. Une âme en souffrance

C. La progression vers l’abîme

II. L’état de crise

A. La rupture

B. Omniprésence de la mort

C. La sublimation allégorique

Ce poème nous fait part du mal-être existentiel du poète en nous révélant son sentiment d’enfermement, traduit par un vocabulaire carcéral ne reflétant pas pour autant une réalité concrète : les termes “cachot”v.5, “murs”v.7, “plafonds”v.7, “prison”v.10, “barreaux”v.10, “filet”v.12 évoquent en effet explicitement un emprisonnement. On observe néanmoins que cette claustration concerne exclusivement l’esprit du poète, comme il nous l’indique au v. 2 avec la personnification de “l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis”, renforcée par les allégories de “l’Espérance”v.6, de “l’Espoir”v.18 et de “l’Angoisse”v.19.

révélant par là même la mise à mal de son psychisme, que l’on sait dûe à son mal du siècle, illustré par les “longs ennuis” qui font de lui sa “proie”.

Les analogies qui commencent chaque quatrain, reprises de manière anaphorique aux vers 1, 5 et 9, soulignent l’étouffement du poète pour qui le ciel est apparenté à un “couvercle” tant il est “bas et lourd”, la terre à un “cachot”, la pluie aux “barreaux” d’une “prison.” Ces comparaisons et métaphores transforment donc le monde et son extériorité, comme l’indiquent les éléments météorologiques, en un endroit clos qui enserre l’esprit, où qu’il aille.

En faisant du “ciel” un “couvercle”, de “la terre” un “cachot” et de “la pluie” des “barreaux”, le poète marque une claustration tant verticale qu’horizontale, reprise au vers 3 par “l’horizon embrassant tout le cercle”, qui souligne l’illusion de l’infini, cantonné à une figure géométrique close : le cercle. Les correspondances horizontales et verticales se révèlent impossibles, et l’âme du poète ne peut définitivement pas s’élever vers l’Idéal : elle est contrainte à la souffrance et au spleen.

b) “pèse sur l’esprit” V12 -->métaphore

“gémissant” V2 participe présent → long ennui → adjectif qualificatif

“espérance(...) se cognant la têteV6-8 → allégorie

“infâmes araignées au fond de nos cerveaux” V11-12→ métaphore

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