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Une charogne - Baudelaire / Commentaire

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Par   •  25 Septembre 2021  •  Commentaire de texte  •  2 273 Mots (10 Pages)  •  680 Vues

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Une charogne- CHARLES BAUDELAIRE

       «Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or» sont les mots écrit par Baudelaire dans un épilogue inachevé. Ces mots définissent à eux seuls ce que Baudelaire s'amuse à faire tout au long de son recueil de poèmes Les Fleurs du Mal écrit en 1857: transformer le laid en un objet poétique et le rendre beau. Cette intention de l'auteur est perceptible au poème XXIX «Une charogne» de la première partie du recueil «Spleen et l'idéal». Nous n’étudierons qu’une partie de ce poème puisqu'il a été coupé pour répondre aux exigences du bac. Ainsi nous n'analyserons pas les trois premiers quatrains, nous pouvons néanmoins faire un bref rappel de ce qu'il s'y passe: Baudelaire y raconte ce qu'il vit avec «son âme» (probablement lors d'une promenade amoureuse), un «doux» matin d'été. Il décrit une charogne qu'il aperçu et la compare avec une «une femme lubrique». Nous sommes donc amenés à se demander par quelle alchimie poétique Baudelaire fait d'un sujet morbide et laid une beauté. Nous pouvons par ailleurs constater que le poème peut être coupé en 4 temps. Nous allons donc chercher à les analyser.     TB  

       Tout d'abord, nous pouvons nommer le premier temps d' «une charogne», qui s'étend de la quatrième à la sixième strophe du poème, «la carcasse superbe» qui est en fait le nom que choisi Baudelaire pour décrire cette charogne au vers 13. De plus cela rappelle l'intention de Baudelaire de faire du laid un objet poétique (tu m'as donné ta boue j'en ai fait de l'or) puisqu'une carcasse superbe est un oxymore qui se veut de donner à la carcasse une certaine beauté avec l'adjectif superbe.

       Si l'on s'attarde sur la quatrième strophe du poème nous pouvons remarquer que Baudelaire au delà de l'oxymore carcasse superbe compare cette dernière à une fleur qui s'épanouit: «Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir.» Le poète utilise cette figure de style pour faire ressortir la beauté de la charogne. La carcasse n'est pas seulement superbe, elle est aussi comparable à une fleur (écho au titre du  recueil).  De plus la ponctuation utilisée au vers 15 est intéressante puisqu'elle insiste sur l'odeur pestilentielle de la charogne. En effet une virgule coupe le vers en deux. Celle-ci génère une pause , nous somme amenés à reprendre notre souffle oule souffle de la femme aimée ,, ce qui fait penser à une suffocation due à cette « puanteur si forte » puis ensuite il y a un enjambement il s’ agit plutôt d un contre rejet qui coupe de nouveau la phrase et qui nous ramène à cette idée. Une subordonnée de conséquence appuie également cette idée: «La puanteur était si forte, que sur l'herbe  Vous crûtes vous évanouir», cela signifie que l'animal dégageait une odeur si infecte que les gens qui s'en approchaient avaient l'impression d'en perdre connaissance. Au vers 13 Baudelaire utilise le verbe regarder comme si la Charogne en décomposition était un spectacle. « Et le ciel regardait la carcasse superbe », ce verbe donne l'impression que le ciel est en train d'admirer un animal mort et qui pourri.

        Les deux métaphores de la cinquième strophe appuie sur le fait que l'animal dont il est question est une charogne. «De noirs bataillons» signifie qu'une très grande quantité de larves sortent de son corps, cela fait d'ailleurs penser à une armée, à des soldats. « […] qui coulaient comme un épais liquide  Le long de ces vivants haillons», ici on peut penser que Baudelaire utilise le groupe nominal «vivant haillons» pour parler des bouts de viandes. Ainsi les larves couleraient comme un épais liquide entre la chair de l'animal. De plus les vers 19 et 20 sont construis sur un enjambementou rejet ? qui rappelle justement cet écoulement, le liquide s'écoule le long de la chair de l'animal et la phrase s'écoule uivsur le début du vers suivant deux vers. Dans cette cinquième strophe le poète semble vouloir faire ressortir le côté macabre de la bête qui correspond à la «boue» du parcours.

        La sixième strophe contrairement à la cinquième correspond à l'or. C'est le moment où Baudelaire transforme le laid en beau. L’utilisation de «pétillant» montre parfaitement l'envie du poète de transformer cette charogne en un objet poétique parce qu'il qualifie sa décomposition -qui relève du péjoratif- de «pétillante» qui est un adjectif dit «positif» TB. Nous comprenons une fois de plus l'alchimie de la boue en or que fait Baudelaire au vers 21, lorsqu'il dit: «Tout cela descendait, montait comme une vague». Il est ici en train de comparer le mouvement des larves qui sortent de l'animal à une vague. Les larves sont censées être synonyme de «dégoût» tandis que la «vague» rappelle la mer, la « douceur». Il est donc en train de décrire la décomposition de cette bête comme quelque chose d'admirable et en extrait une certaine beauté. Nous pouvons par ailleurs faire le lien avec le poème de F. Ponge Un morceau de viande, puisque cela rappelle les mots «la vapeur y jaillit» TB. Ces paroles font écho aux larves qui coulent du corps comme un épais liquide. De plus, si nous nous intéressons au rythme de ce poème nous pouvons remarquer que toutes les strophes sont des quatrains alternant alexandrins et octosyllabes. Dans cette sixième strophe un mot fait écho à ce rythme: «la vague» puisque celle-ci monte et descend comme le rythme du poème.TB  Enfin tout au long de ces trois strophes nous avons pu constater deux allitérations marquantes. Le son /s/ est répété à de multiples reprises, certainement pour insister sur «l'épais liquide de larves qui coule» car un liquide qui s'écoule peut être rattaché au son /s/. La deuxième est le son /r/ probablement relatif aux bourdonnements des mouches près de la carcasse. Ces deux allitérations nous permettent de mieux vivre la scène, nous pouvons plus facilement imaginer ce que Baudelaire décrit.

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