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Thomas Diafoirus : parodie du médecin, parodie de la préciosité

Commentaire de texte : Thomas Diafoirus : parodie du médecin, parodie de la préciosité. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Octobre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 646 Mots (7 Pages)  •  479 Vues

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ET OI 2 : Thomas Diafoirus : parodie du médecin, parodie de la préciosité.

Remise en contexte :

Monsieur Diafoirus, médecin, accompagne son fils Thomas chez Argan. Un mariage est convenu entre Thomas et Angélique.

Les deux pères se parlent tout d’abord. Mais leur « conversation » constitue un véritable dialogue de sourds : aucun personnage n’écoute/ne répond véritablement à l’autre.

Le jeune homme, également médecin, fait ensuite son compliment à Argan. Ce compliment fait ressortir l’aspect ridicule de Thomas – ridicule que Toinette ne manque pas de souligner.

Dans le passage étudié, le jeune médecin doit formuler le second compliment qu’il a préparé. Le spectateur peut se rendre compte que tout a été prévu en amont avec son père. Thomas souhaite donc respecter à tout prix une certaine hiérarchie. Il pense s’adresser à Béline, la femme d’Argan… sans vérifier qui se trouve véritablement devant lui.

Projets de lecture possibles :

  • En quoi cet extrait constitue-t-il un spectacle comique ?
  • En quoi ce passage revêt-il une dimension parodique ?

MOUVEMENT 1 : Un compliment comique qui débute sur un quiproquo : parodie de la figure du médecin.

Texte à commenter

Analyses

ARGAN, à Angélique.— Allons, saluez Monsieur.

  • Argan, en ce début d’extrait, fait figure d’autorité paternelle. On peut le contacter avec les deux verbes à l’impératif qui se succèdent. Le sujet en soit est grave : il s’agit d’un mariage de convenance, qui doit être scellé dans l’intérêt d’Argan avant tout.
  • Il est notoire qu’Angélique ne répond pas à son père. Ce silence est néanmoins révélateur. Il marque le refus de la jeune fille à se conforter au souhait d’Argan. Pour rappel, dans la scène 2 de l’acte 6, elle affirme : "Quand un mariage nous plaît, nous savons fort bien y aller, sans qu'on nous traîne."

THOMAS DIAFOIRUS.— Baiserai-je?

MONSIEUR DIAFOIRUS.— Oui, oui.

  • Thomas (comme c’est déjà le cas lors de ses premières répliques), est extrêmement maladroit. La phrase interrogative, adressée à son père, arrive au mauvais moment : Angélique est sensée l’avoir déjà salué. Il ne sait pas se comporter, n’a aucune connaissance des convenances. Il manque d’assurance, ce qui ne mettra pas les dispositions de la jeune fille en sa faveur.
  • On peut aussi noter le jeu sur le sens du terme "baiser" (embrasser la main ou, dans le langage familier, " faire l'amour"). Ce jeu sur le sens des mots est propre à la farce qui se caractérise par exemple par des coups (bastonnades), un langage plus familier et des propos et actions obscènes.
  • La répétition de « oui » de la part de son père marque l’agacement de ce dernier. Ce « rejet » paternel souligne le ridicule de Thomas.
  • Là encore, le lecteur pourra souligner l’absence de mention concernant les actions d’Angélique. Tend-elle la main ou pas ? Cela pourra dépendre du metteur en scène. Quoiqu’il en soit, cela peut marquer le dégoût de la jeune fille pour son prétendant.

THOMAS DIAFOIRUS, à Angélique.— Madame, c'est avec justice que le Ciel vous a concédé le nom de belle-mère, puisque l'on...

ARGAN.— Ce n'est pas ma femme, c'est ma fille à qui vous parlez.

THOMAS DIAFOIRUS.— Où donc est-elle?

ARGAN.— Elle va venir.

THOMAS DIAFOIRUS.— Attendrai-je, mon père, qu'elle soit venue?

MONSIEUR DIAFOIRUS.— Faites toujours le compliment de Mademoiselle.

  • Le compliment débute sur un comique de situation, un quiproquo : le spectateur pourra lui-même s’en rendre compte, le lecteur quant à lui est aiguillé par la didascalie « à Angélique ». C’est Argan, ensuite, qui souligne la confusion de Thomas. Cette erreur renforce la stupidité de Thomas Diafoirus.
  • Cette stupidité est encore une fois renforcée par les répliques suivantes de Thomas Diafoirus. Il s’agit de deux phrases interrogatives. Loin de s’excuser de son erreur, qui devrait être pourtant bien visible, il demande où se trouve la belle-mère, avant de demander s’il doit attendre. Il est ainsi prêt à formuler son compliment… même dans le cas où la personne à qui il doit s’adresser est absente => aspect comique.
  • Son père lui adresse un ordre (« faites »), se posant lui aussi comme une figure d’autorité. En rattrapant les bévues de son fils, il ne fait qu’accentuer sa bêtise…

  • Ce passage illustre la bêtise de Thomas Diafoirus, qui, par sa qualité de médecin, est sensé se montrer cultivé, intelligent. Ainsi, le dramaturge dresse le portrait d’un homme ridicule. Ce faisant, il établit la parodie du médecin (non seulement avec Thomas, mais aussi avec le personnage du père)

MOUVEMENT 2 : Un compliment parodiant la préciosité.

Texte à commenter

Analyses

THOMAS DIAFOIRUS.— Mademoiselle, ne plus ne moins que la statue de Memnon, rendait un son harmonieux, lorsqu'elle venait à être éclairée des rayons du soleil, tout de même me sens-je animé d'un doux transport à l'apparition du soleil de vos beautés. Et comme les naturalistes remarquent que la fleur nommée héliotrope tourne sans cesse vers cet astre du jour, aussi mon cœur dores-en-avant tournera-t-il toujours vers les astres resplendissants de vos yeux adorables, ainsi que vers son pôle unique. Souffrez donc, Mademoiselle, que j'appende aujourd'hui à l'autel de vos charmes l'offrande de ce cœur, qui ne respire, et n'ambitionne autre gloire, que d'être toute sa vie, Mademoiselle, votre très humble, très obéissant, et très fidèle serviteur, et mari.

  • Thomas prononce une tirade. Cette dernière est parodique : elle détourne des discours rhétoriques écrits et lus par les doctes, le style précieux. Thomas mêle dans cette tirade des références qu’il ne devrait pas mélanger. Ainsi, il débute par une référence antique (« la statue de Memnon »), qu’il va mettre sur le même plan que des références d’ordre scientifique (« les naturalistes », « fleur nommée héliotrope »). Le lecteur spectateur a ainsi l’impression que le jeune homme assemble des formules diverses apprises par cœur. L’ensemble manque à la fois de cohérence et de spontanéité. Cette tirade constitue un échec cuisant pour parvenir à toucher le cœur d’Angélique.
  • Le discours de Thomas est de plus mal construit. S’il débute par une formule d’adresse (avec l’apostrophe « Mademoiselle »), son discours peut s’avérer par la suite maladroit. Par exemple, il répète deux fois cette apostrophe dans sa phrase finale. Cette même phrase est construite sur un rythme ternaire => c’est une formule de politesse qui alourdit le discours, et contraste avec le « bel esprit » que recherchaient les précieuses.
  • Le lecteur spectateur pourra relever des formules relevant du style précieux.

D’abord, la tirade présente de nombreuses hyperboles (superlatif « très », adjectifs hyperboliques comme « resplendissants », « adorables ») => Thomas cherche à dresser un éloge.

Thomas emploie de plus un lexique précieux : il emploie des impératifs de déférence (= marque de respect), comme « souffrez », « acceptez ».

Il emploie des périphrases : ex : « astre du jour » = le soleil.

Le langage profane se mêle à un vocabulaire religieux : ex : expression « autel de vos charmes », « offrande » => Angélique semble ainsi être vénérée par Thomas. Mais cette impression souligne le ridicule de la situation : ils ne se voient en effet que pour la première fois !

Thomas recourt aussi à la métonymie : ainsi, « vos beautés » désigne Angélique, « mon cœur » fait référence au jeune médecin.

  • Le lecteur/spectateur est confronté à une scène de compliments ridicule. Les gestes, les attitudes à adopter par les acteurs ne sont pas indiqués. Ni les costumes ni les accessoires ne sont mentionnés. Le metteur en scène sera dès lors libre de rendre cette scène d’autant plus comique.

NB : La tirade de Thomas peut être lue en miroir avec la première. Les deux compliments sont structurés de façon identique (syntaxe complexe, emploi de périphrases, parallélismes, effets oratoires)

TOINETTE, en le raillant.— Voilà ce que c'est que d'étudier, on apprend à dire de belles choses.

  • Toinette se range du côté d’Angélique, du lecteur/spectateur. Elle fait preuve d’ironie, rabaissant ainsi ouvertement Thomas. Cette ironie est visible avec la didascalie (« en le raillant »), et l’antiphrase (« on apprend à dire de belles choses »).

Séance 5 : ET OI 2 : Thomas Diafoirus : parodie du médecin, parodie de la préciosité.

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