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Commentaire de document: Jean- Luc Parodi : « 1965, La Première Estimation électorale De L'AFP »

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Par   •  7 Avril 2014  •  2 875 Mots (12 Pages)  •  1 309 Vues

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Le premier document est un extrait de revue par Jean- Luc Parodi : « 1965, la première estimation électorale de l'AFP », in Aux frontières des attitudes : entre le politique et le religieux. Cela fait partit des textes en hommage à Guy Michelat, édité à Paris par les éditions L’Harmattan en 2002. Jean-Luc Parodi était le directeur de la Revue française de science politique depuis 1991 ; il a enseigné à la Sorbonne puis à l'IEP de Paris, à présent directeur de recherche honoraire au CEVIPOF et conseiller pour les études politiques à l'IFOP depuis 1982. Le deuxième document est un extrait de l’article de Patrick Lehingue, Subunda. Coups de sonde dans l'océan des sondages, Bellecombe-en-bauges, édité par les Éditions du Croquant en 2007. Patrick Lehingue est Professeur de science politique à l'Université de Picardie, Jules Verne. Ses thèmes de recherche sont l’opinion publique et la sociologie des mobilisations électorales. Le troisième document est un extrait de Les primaires socialistes : la fin du parti militant, pp. 35-37 de Rémi Lefebvre, édité par Raisons d’agir éditions en 2011. Rémi Lefebvre est un professeur de sciences politiques à l’université Lille-2 et est chercheur au CERAPS. Le quatrième et dernier document est une mise à jour de Le Monde.fr avec AFP du 5 janvier 2006 à 19h25, sur les têtes de sondages avec Ségolène Royal ; « Pour la première fois, Ségolène Royal est en tête des sondages ». La position politique des citoyens est-elle celle reflété dans les sondages d’opinions ?

Le sondage comme instrument bricolé

Commençons avec le premier document ; à un premier niveau, ce texte est le simple compte-rendu, par l'un de ses protagonistes, de la façon dont une équipe met sur pied l'instrument du sondage. Témoigne de la façon dont cet outil a été créé. Il s'agit d'une opération assez « artisanale » dans laquelle le bricolage est très présent.

• La technique de l'échantillonnage est appliquée mais la qualité de l'échantillon est appréciée non au regard de la conformité de sa composition (mesurée par les quotas par sexe, tranche d'âge, CSP, etc.) avec la moyenne nationale mais de la conformité des résultats qu'il avait fournis auparavant avec les résultats nationaux. En cela, cette opération n'a aucune ambition explicative, c'est l'efficacité prédictive qui est recherchée.

• Les écarts entre l'échantillon et la moyenne nationale lors de l'élection précédente sont reportés afin de « corriger » l'estimation obtenue. La facétieuse équipe qualifie cette opération de « principe de Max Allen » dans un élan où l'esprit potache le dispute à l'effort pour rationaliser a posteriori une pratique douteuse. L'auteur souligne que l'opération est contestable (fin p. 29). Le problème principal réside dans « le postulat selon lequel l'écart entre le résultat local et le résultat national devrait rester analogue sinon même identique, d'une élection à l'autre ». Se pose aussi la question de la mesure des spécificités locales. Là encore, la dimension explicative et fine (que pouvait notamment apporter la géographie électorale) passe au second plan.

Mais ces scrupules n'embarrassent pas trop Parodi et ses collègues, d'humeur décidément badine. Ils tentent donc l'expérience et rencontrent en cela l'intérêt de l'AFP. Ce qu'il convient d'interroger, c'est pourquoi ce « jeu » a été pris au sérieux, ce sont les raisons pour lesquelles l'expérience s'est imposée comme une pratique légitime et incontournable. (Une critique du sondage est proposée à travers une mise en cause des présupposés sur lesquels il repose par le second texte et de ses effets avec le troisième texte).

Du jouet à l'oracle

Il convient dès lors de se pencher sur les conditions historiques, le contexte et les combinaisons d'acteurs, qui ont permis cet essor du sondage. La perspective historique et la comparaison avec l'expérience américaine rendent compte du fait que la généralisation de la pratique du sondage n'avait rien de nécessaire. Elle est d'une part le résultat de la rencontre entre une logique universitaire portée par des chercheurs occupant des places institutionnelles fortes et une logique marchande qu'elle soit le fait d'entreprises privées aux E.U. ou d'une agence de presse en France. Cela tient d'autre part à une conjoncture politique spécifique. C'est donc à une déconstruction de l'invention des sondages que ce texte doit nous inviter. Une opération rendue délicate et peu évidente par le récit qui en est fait ici : le ton hagiographique focalise l'attention sur l'action de quelques personnes et fait oublier le contexte ; le caractère enchanté (« tout commence en 1965 », narration de la success story d'une équipe d'aventuriers audacieux et parés de qualités extraordinaires : cf. le troisième paragraphe sur Trouchard et Goguel) occulte ce que l'évènement doit à une évolution plus longue.

Aux États-Unis, deux groupes d’individus commencent à s’intéresser à la technique des sondages d’opinion dans les années 1930-40 :

• des universitaires (notamment des sociologues) qui trouvent une nouvelle manière d’interroger les individus (ils avaient déjà recours aux sondages, mais uniquement au sein de leurs laboratoires de recherche où ils interrogeaient des étudiants (plus (pré)disposés à répondre « convenablement » aux questions). La véritable innovation tient au fait de sortir le sondage du laboratoire. Exemple de Lazarsfeld en 1940 avec People’s Choice.

• Des entreprises privées qui voient là un nouveau marché possible (dans le champ politique bien sûr, mais surtout vis-à-vis des études de marché des entreprises privées). On assiste donc à la naissance d’instituts de sondages : le premier = l'institut Gallup fondé par George Gallup.

Le sondage s'impose lors des élections présidentielles de 1936 (opposant Roosevelt à Landon). Depuis le 19ème siècle, les journaux américain avaient pour habitude de recourir aux votes de paille (straw votes) pour tenter de « prédire » le résultat de l’élection. Ils font appel à leurs lecteurs (en s’appuyant notamment sur le fichier de leurs abonnés) en leur demandant d’écrire au journal pour leur indiquer leur intention de vote. Le Literary Digest procède donc de la sorte et place Landon en tête sur la base d'une consultation de 2 300 000 voix. Gallup applique le principe de l'échantillonnage

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