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Parodie du discours galant

Analyse sectorielle : Parodie du discours galant. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Janvier 2015  •  Analyse sectorielle  •  1 214 Mots (5 Pages)  •  1 452 Vues

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Le théâtre de Marivaux a parfois été décrit comme un théâtre de jeux et d’expériences amoureuses, où la nature des sentiments et celle des positions sociales sont interrogées dans le cadre d’utopies sentimentales… ou politiques. C’est le cas ici, avec l’Île des esclaves, où les jeux amoureux sont perturbés par l’inversion des rôles entre le valet et son maître.

• Montrer comment le procédé de la mise en abyme renforce la portée satirique de la scène

• Analyser le couple maître/valet à travers la question du renversement des rôles

1. Parodie du discours galant

1.1. Un jeu de séduction amoureuse

Cléanthis qualifie ici Arlequin de « galant ». Ce terme désigne un idéal amoureux caractérisé par la connaissance et la pratique des règles du monde et le respect dû à la femme aimée. Une conversation et un amour « galants » associent donc l’amour à la civilité. Vu par les valets, le monde des maîtres est donc caractérisé par un usage particulier du langage. Mimant ici une promenade, les deux valets parodient le code de la séduction galante dont ils reprennent les clichés de langage à travers le vocabulaire et la rhétorique précieuse (métaphore du feu et lexique des sentiments), l’emphase et l’élégance de l’expression, l’abus d’exclamations et d’interrogations. Incarnant la fausse pudeur, Cléanthis montre combien elle connaît tous les rites et toutes les règles de comportement d’une jeune mondaine qui cherche à se faire aimer. On retrouve également l’utilisation du pronom neutre « on » qui a pour effet de dépersonnaliser le discours et caractérise la distance aristocratique (« quand on se trouve tête à tête avec vos grâces », « faut-il vous dire qu’on vous aime ? »). En somme, on retrouve tous les stéréotypes des manières du grand monde, dont la codification extrême se trouve ridiculisée, notamment par l’exagération du jeu et le rire d’Arlequin. L’absence de sentiment authentique entre les deux personnages accentue le caractère fictif et parodique de la scène.

1.2. Les comiques de gestes et de mots : les écarts par rapport au code courtois

Dans ce jeu de séduction amoureuse, les écarts par rapport aux codes de la galanterie sont nombreux. Les sauts, les applaudissements, contrastent avec ses phrases et montrent que, chez lui, le langage ne parvient pas à exprimer tout ce qu’il ressent. Chez Cléanthis, l’anticipation de la déclaration amoureuse, « Vous m’allez dire que vous m’aimez, je le vois bien », est tout aussi inhabituelle. Les effets de comique découlent logiquement de ces écarts par rapport à la séduction galante. Le comique de situation tient au fait que Cléanthis et Arlequin jouent ici à représenter leurs maîtres. L’intention de caricaturer est donc évidente chez eux : il s’agit de montrer la « bouffonnerie » des patrons. Le comique de gestes est présent à travers les sauts et les applaudissements d’Arlequin et les allusions qu’il fait aux « grâces » de Cléanthis. Le comique de langage, quant à lui, provient du détournement des termes comme « tendre » ou « grâces », de l’utilisation d’interjections comme « palsambleu » ou de la surenchère de politesses que se font Arlequin et Cléanthis et qui tourne à l’absurde : « Et moi, je vous remercie de vos dispenses. ». La prière qu’Arlequin fait à Cléanthis à la fin de l’extrait est manifestement exagérée et caricaturale : elle produit donc elle aussi un effet burlesque.

1.3. De l’amour galant à l’amour grivois

Arlequin détourne le langage galant : il fait de « tendre », employé dans un sens précieux, un terme légèrement grivois ; il fait allusion aux « grâces » de Cléanthis, le terme, au pluriel, étant pris ici dans son acception physique. La réponse de Cléanthis confirme

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