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Sonnet IX, 1578 - Sonnets pour Hélène, Pierre de Ronsard

Commentaire de texte : Sonnet IX, 1578 - Sonnets pour Hélène, Pierre de Ronsard. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Avril 2018  •  Commentaire de texte  •  2 425 Mots (10 Pages)  •  3 726 Vues

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Commentaire n°1 : Sonnet IX, 1578 - Sonnets pour Hélène, Pierre de Ronsard

Introduction :

        Le mouvement humaniste connaît son essor au XVIème siècle. Mais c’est d’abord au XVème siècle qu’il se développe avec l’arrivée de l’italien François Pétrarque, considéré comme le premier humaniste : ce poète dans l’âme marque son temps en créant le pétrarquisme. Découlant de l’humanisme, le poète change un amour asymétrique et donc platonique. Pétrarque s’inspire des chansons des troubadours et des trouvères puisqu’il reprend le thème de l’amour courtois afin de sublimer l’amante littéraire. Cette femme divinisée a tout pouvoir sur le poète notamment celui de mettre fin à sa vie. On observe dans le pétrarquisme un grand nombre de références mythologiques puisque Pétrarque est un humaniste ainsi que des comparaisons, des métaphores, des hyperboles. Pierre de Ronsard, poète humaniste du XVIème siècle s’inscrit dans le continuum littéraire de Pétrarque en publiant  en 1578, sous commande de Catherine de Médicis, les Sonnets pour Hélène. On retrouve donc dans des conceptions pétrarquistes plus particulièrement dans le sonnet IX qui est le témoin de la rencontre amoureuse entre Ronsard et Hélène.  Mais par quels procédés le poète parvient-il à sublimer le thème pétrarquiste  de l’Innamoramento ? C’est ce que nous allons étudier. Dans une première partie, nous traiterons la rencontre amoureuse entre l’amante et le poète puis nous parlerons de la sublimation de la femme et enfin nous conclurons sur l’au-delà du pétrarquisme du poème.

Plan :

I/La rencontre amoureuse

  1. La Présentation de la rencontre
  2. Le double jeu de regard et de contact
  3. Les effets de l’amour sur le poète

II/La sublimation de la femme

  1. La question du temps
  2. L’ambiguïté des deux Hélènes
  3. Hélène : fin ou moyen ?

III/Un poème au-delà du pétrarquisme

  1. L’amour platonique
  2. Le fin’amor
  3. Un renouveau de la poésie ?

Commentaire :

         Le poète présente tout d’abord le thème de l’Innamoramento et proposant une rencontre amoureuse.

En premier lieu, la rencontre se fait sous la forme d’un sonnet qui est un poème noble, dédié à l’amour. En effet, Ronsard s’inscrit dans le continuum littéraire de Pétrarque, sublimer l’amour avec son amante littéraire Hélène avec un sonnet. Puis, on a la mise en place d’un cadre par le C.C.temps « l’autre jour » et l’imparfait « j’étais » et le C.C.lieu « sur le haut d’un degré » : on a une première impression du lieu de la rencontre. De plus, le nom « degré » significatif du début de la rencontre : Ronsard se trouve en haut des escaliers et la femme est en dessous de lui par l’aspect physique mais également par l’aspect moral puisque le degré désigne son niveau de science dont le savant supérieur qu’il est par rapport à la femme. L’allitération en m du premier quatrain symbolise l’amour naissant de Ronsard pour Hélène. Et le début de la rencontre est centralisé sur le premier quatrain : le mot « rencontre » situé à la fin du dernier alexandrin du quatrain marque la thématique centrale du poème et ainsi la fin de « la rencontre » proprement dite.

En second lieu, Ronsard met en scène une rencontre amoureuse par un double jeu de regard et de contact. En effet, dès le début de la rencontre, le champ lexical de la vue « yeux,vue » nous fait comprendre que l’on assiste à un topos de la rencontre amoureuse qui se fait par le regard. Puis, l’énonciation du mot « regard » deux fois dans le deuxième quatrain participe encore à ce regard qui devient le miroir de l’âme des deux protagonistes. On remarque que les deux premiers quatrains sont centrés sur l’amour par le regard ce qui n’est pas le cas de la deuxième partie, on passe d’un contact visuel à un contact physique : ce passage de la vue à la main est développé dans le vers 8 par la métaphore « poignant regard » : poignant devient programmatique puisque c’est dans les deux tercets qui suivent qu’on retrouve la redondance du mot « main ». Bien entendu, le contact n’est pas réellement physique, le poète ne touche jamais la main de la femme.

Enfin, la rencontre est précisée par les effets de l’amour sur le poète. En effet, la contemplation est exprimée  grâce à l’enjambement vers 4 et le verbe pronominal « me voir » traduit la forte émotion du poète puisqu’il se voit en plein émoi dans les yeux de la femme aimée. Plus loin, au deuxième quatrain, l’émotion se renforce : la construction en parallélisme « dans le cœur, dans le sang » avec la césure à l’hémistiche montre que le coup de foudre est entier pour le poète. Et pour exprimer encore plus ses sentiments, le poète utilise l’hyperbate « m’est entré » pour créer un effet de surprise ; ce verbe symbolise l’allégorie de l’amour pour désigner les flèches de Cupidon ce qui est un trope (motif récurrent) de l’amour. On voit bien que la rencontre touche profondément le poète : les hyperboles comme « tant j’avais l’âme émue » traduisent l’obnubilation du poète pour la femme et on a une référence à Platon puisqu’on a une séparation du corps et de l’âme, ici Ronsard est en train de quitter son corps. Une autre hyperbole « fièvre continue » désigne l’amour comme une maladie le poète passe par tous ses symptômes, il n’est que chaos émotionnel : en effet, on peut même aller plus loin en voyant une paronomase de l’amor et de la mort par l’hyperbole « regard mortellement outré », les deux sentiments se confondent. Ce chaos est tel qu’on a une dimension irréelle par le subjonctif « je fusse mort », la femme lui fait tourner la tête.

Puis, le poète rappelle le thème de l’Innamoramento en sublimant la figure de l’amante littéraire.

En premier lieu, la sublimation se fait d’abord par une question du temps. En effet, le temps ne se déroule pas de la même manière pour les deux protagonistes ; par les nombreuses élisions comme « alors »v.1, »par »v.4, exprime une furtivité du mouvement ; cette furtivité est ressentie par la femme puisque pendant la rencontre, la femme ne fait que passer devant le poète et lui faire un signe de la main. Les deux participes passés « tournant, passant » au v.2  et le C.C. manière « en sursaut » au vers 4 traduisent aussi cette furtivité, fluidité. On remarque que avant le vers 9, on assiste à une construction en parataxe (élisions, aucun connecteur logique) donc la fugacité mais on sait que le 9 est symbolique chez Ronsard c’est donc une renaissance dans les vers qui suivent. Par ailleurs, pour le poète, cela est tout autre puisque pour lui l’action se déroule très lentement : on a une opposition entre l’inaccompli de l’imparfait « j’étais, j’avais » du poète et la rupture brutale de l’accompli avec la passé simple « m’avisas ». Cette opposition est retrouvée plus loin au vers 7 ou on a de nouveau l’inaccompli «  continue » et l’accompli « j’eus ». Pour le poète, on assiste à une suspension du temps par la comparaison du « regard » à « l’éclat de foudre » : ce thème du coup de foudre est symbolique de l’Innamoramento, l’amour naissant de Pétrarque car il symbolise l’acmé, le paroxysme de l’amour du poète pour la femme.

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