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Question de corpus sur l'ennui

Cours : Question de corpus sur l'ennui. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Décembre 2017  •  Cours  •  830 Mots (4 Pages)  •  2 056 Vues

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Question de corpus rédigée :

        Le corpus rassemble quatre extraits de romans d'époques diverses. Le premier est issu du roman de François Mauriac, Thérèse Desqueyroux (1927) : il nous présente le désespoir de l'héroïne qui achève son voyage de noces. Le deuxième, extrait du roman réaliste, Une Vie (1883) de Maupassant, fait état de l'ennui qui ronge Jeanne dès le début de son mariage. Enfin, le dernier extrait, qui provient du roman naturaliste Thérèse Raquin (1887), évoque l'oisiveté et le dégoût de son héroïne éponyme, lors des soirées du jeudi où le couple invite ses amis.

        Chaque extrait met en relief l'ennui de l'héroïne, personnage insatisfait de son mariage et en proie à de nombreuses désillusions. Bien que les textes proviennent d'auteurs et de mouvements littéraires différents, les héroïnes Thérèse Desqueyroux, Jeanne et Thérèse Raquin partagent ici de nombreux points communs.

        Tout d'abord, les trois extraits se caractérisent par un point de vue interne qui permet d'exprimer au mieux les sentiments des héroïnes. Celles-ci sont toutes en proie à l'ennui. En effet, Thérèse Desqueyroux est complètement oisive, comme le montre l'énumération suivante qui se caractérise par une gradation : le personnage est  frappé par « l'ennui, l'absence de toute tâche haute, de tout devoir supérieur, l'impossibilité de rien attendre que les basses habitudes quotidiennes – un isolement sans consolation » (l. 31-33). Chez Maupassant, on relève la même insistance dans cette évocation de l'ennui de Jeanne qui « n'avait plus rien à faire, plus jamais rien à faire » (l.1). Enfin, le lecteur découvre chez Zola que les soirées du jeudi sont « un supplice » (l. 3) pour Thérèse. Nous pouvons aussi remarquer que les héroïnes de Mauriac et Zola éprouvent du dégoût. Thérèse Desqueyroux se révèle écoeurée par son époux qui est désigné péjorativement par les groupes nominaux « cet homme » et « ce corps ». Chez Zola, nous apprenons que Thérèse ressent « des dégoûts profonds » (l. 8). Ainsi, chez Mauriac, le lecteur est-il sensible à l'exaspération, le rejet et la haine de Thérèse qui souhaite « L'écarter une fois pour toutes et à jamais ! Le précipiter hors du lit, dans les ténèbres ! ». Maupassant, quant à lui, insiste sur les sentiments de désillusion et d'ennui de Jeanne qui « s'aperçut qu'elle n'avait plus rien à faire, plus jamais rien à faire ». Jeanne est en proie « à une certaine désillusion, à un affaissement de ses rêves ». Enfin, dans Thérèse Raquin, les sentiments de dégoût et d'indifférence prédominent dans les pensées de l'héroïne envers son mari et leurs amis puisque l'on peut lire que « Toutes ces têtes-là l'exaspéraient. Elle allait de l'une à l'autre avec des dégoûts profonds, des irritations sourdes ». Il s'avère également que la perception que les héroïnes ont de leur environnement est révélateur de leur ennui et leur désespoir ; elle sont comme prisonnières de leur rôle d'observatrice. Nous remarquons, en effet, l’importance de la description dans les trois extraits avec l'emploi de l'imparfait descriptif et la référence aux perceptions auditives, visuelles et olfactives. Par exemple, la périphrase péjorative « cette petite idiote » (l. 29) montre tout le mépris de Thérèse Desqueyroux à l'égard de sa belle-soeur Anne qui « cro[it] le bonheur possible » (l. 29-30). De même, chez Zola, le lecteur est frappé par les descriptions dépréciatives des invités : l'un a « les lèvres minces d'un crétin » (l. 10),  tandis que le visage d'Olivier est caractérisé par une hyperbole péjorative « dont les os perçaient les joues » (l. 10). Enfin, chez Maupassant, nous relevons dans les deux derniers paragraphes de l'extrait une forte opposition entre le souvenir du printemps et la présence pénétrante de l'automne, c'est-à-dire de la mort de la nature, qui symbolise la mort des illusions de Jeanne. La métaphore filée de l'automne du dernier paragraphe avec les personnifications des « peupliers presque nus » (l. 20) et de la pluie « incessante et triste » (l. 23) renvoie implicitement aux sentiments de l'héroïne en proie à l'ennui et au désespoir. Face à leur désarroi, nous observons que les héroïnes songent chacune à la mort à leur façon. Thérèse Desqueyroux y songe furtivement mais « elle ne souhaitait pas de mourir » (l. 28), Jeanne associe son paysage intérieur à l'extérieur automnal qu'elle perçoit. Enfin, chez Zola, la métaphore des marionnettes qui s'applique aux invités présentés comme des « cadavres mécaniques » (l.15) et la mention du caveau renvoient plus encore à la réalité de la mort mais la mort non pas de l'héroïne mais des autres, ce qui ne nous laisse présager rien de bon, quant à la suite et au dénouement du récit. En conclusion, Mauriac, Maupassant et Zola nous peignent ici trois héroïnes, des femmes mariées qui ne connaissent ni le bonheur ni l'amour, en proie à la désillusion et au désespoir.

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