Question de corpus

Question de corpus:

Les trois textes qui forment ce corpus appartiennent au genre théâtral. Ils traitent tous de la mort du personnage principal. Le premier texte est extrait de Le roi se meurt  écrit en 1962 par Eugène Ionesco. Dans cet extrait, le roi se sait mourant et veut l’annoncer à son peuple. Le second texte qui met en scène la mort de Caligula, est extrait de la pièce éponyme écrite en 1944 par Albert Camus. Le dernier extrait du corpus est la dernière scène de Phèdre, écrit par Jean Racine en 1677. C'est dans cette scène que nous allons voir la mort de Phèdre. Nous allons comparer les différents choix adoptés dans ces extraits pour représenter la mort. Pour cela, nous commencerons par voir comment la mort est montré dans les discours et les gestes, puis comment elle est représentée sur scène.

        Les extraits de Caligula et de Phèdre constituent tous les deux les fins des pièces et le  dénouement de chacune des histoires. Dans Caligula le personnage principal, celui qui va mourir, est seul au début de la scène, contrairement à Phèdre et à la pièce d'Eugène Ionesco. Caligula se parle, il parle à son double à travers le miroir, il dresse un bilan de sa vie: “quel dégoût, après avoir méprisé les autres de sentir la même lâcheté dans l’âme.” (l.3,4). Phèdre dresse également une sorte de bilan, puisque dans sa tirade elle avoue tout ce qu’il s’est passé avec Hippolyte, “C’est moi qui sur ce fils chaste et respectueux Osai jeter un oeil profane, incestueux.” (vers. 1623-1624). On sent donc que la fin de ces personnages est proche. Dans Caligula juste avant que ne rentrent les conjurés, Caligula jette son tabouret sur son miroir ce qui le détruit, “le miroir se brise” (l, 27), et donc par extension détruit son double, son image. Et nous montre donc sa mort.  Dans le texte de Racine lorsque la mort de Phèdre nous est annoncée on n’utilise pas le mot “mort” mais “elle expire” (vers 1645), c’est plus doux et moins choquant. Dans la pièce Le roi se meurt, nous avons deux visions opposées sur la mort à savoir celle de Marie et celle de Marguerite. Marguerite a une vision beaucoup plus “froide” et réaliste, alors que Marie a beaucoup plus de compassion. Pour Marguerite, nous voyons cela avec les commentaires qu’elle fait sur les actions du roi: “Ce n’est plus un roi, c’est un porc qu’on égorge” (ligne 12), “Il s’imagine qu’il est le premier à mourir” (ligne 32) . Et Marie répond quant à elle avec beaucoup plus de bienveillance pour le roi: “Ce n’est qu’un roi, ce n’est qu’un homme” (ligne 13), “Tout le monde est le premier à mourir” (ligne 33). La mort présente dans ces paroles et ces gestes est également représentée sur scène.

        Dans Phèdre qui est une pièce classique, la mort est représentée sur scène ce qui est contraire à la règle de la bienséance qui par contre avait été respecté lors de la mort d’Hyppolite. Ce non respect de cette règle donne à cet extrait une écriture plus moderne. Caligula meurt lui aussi sur scène. Cependant les morts de Caligula et de Phèdre sont différentes, Phèdre à une mort plus noble, elle s'empoisonne alors que Caligula est poignardé. Cela s’explique par le fait qu'Albert Camus est un auteur contemporain alors que Jean Racine est un auteur classique. L’écriture de Camus est donc beaucoup plus moderne tout comme la façon dont il montre la mort de Caligula par rapport à la mort de Phèdre. Cependant la mort de Phèdre permet a Racine de respecter la catharsis une autre règle du théâtre classique, car la personne qui a péché est punie. L’extrait de Le roi se meurt est différent car le personnage n’y meurt pas mais apprend qu’il va mourir. Cette scène est une scène d’agonie et il n'accepte pas la mort contrairement à Caligula et à Phèdre.

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