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Purgation des passions

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Par   •  3 Décembre 2015  •  Guide pratique  •  2 045 Mots (9 Pages)  •  1 680 Vues

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Aspect esthétique de la carthasis dans Andromaque

La catharsis est considérée, selon les auteurs, comme une "purgation" ou comme une "purification". La purgation est la façon dont l'âme est débarrassée de ses émotions excessives par le spectacle (catharsis dionysiaque), tandis que pour la purification, les émotions sont épurées à l'intérieur de l'âme par le moyen du spectacle (catharsis apollinienne).                                                                 

«  Katharsis », «  mimêsis » et plaisir :                                                                                                                                                                                  • Le sens homéopathique de la catharsis est maintenu dans la Poétique : « en représentant la pitié et la frayeur,  la tragédie réalise une épuration (katharsin [κάθαρσιν]) de ce genre de passions ». Il s'agit d'une épuration du même par le même, ou plutôt par la représentation du même. Les passions sont alors purifiées par le regard du spectateur qui assiste à la représentation, et cela dans la mesure où le poète lui donne à voir des objets eux-mêmes épurés, transformés par la mimêsis: « Il faut agencer l'histoire de façon qu'en écoutant les choses arriver on frissonne et on soit pris de pitié […] ce que le poète doit procurer, c'est le plaisir qui par la représentation provient de la pitié et de la frayeur ».    L'épuration, c'est-à-dire la représentation d'épures au moyen d'une œuvre musicale ou poétique, substitue le plaisir à la peine. C'est au fond le plaisir qui purifie les passions, les allège, leur enlève leur caractère excessif et envahissant, les remet à leur place dans un point d'équilibre.  La connaissance des passions par le spectacle les rend moins terrifiantes, et même plaisantes par le bonheur des personnages de la tragédie à leurs débuts. Mais, la mise en scène de la cruauté, de l'ambition et de la violence libère les spectateurs de ces mêmes tendances chez eux.                  Aristote nous dit de la catharsis : « en représentant la pitié et la frayeur, elle réalise une épuration de ce genre d’action. ». La catharsis est opérée par l’intrigue puisque c’est de l’intrigue que naît le plaisir esthétique et elle vient comme une conséquence de ce plaisir.

• Lors de la catharsis, le spectateur s'interroge le plus souvent sur le déroulement du destin du héro et éprouve de la pitié à assister à la tragédie qu'endure cet autre humain.

Par exemple, dans ses Confessions, Saint Augustin raconte une anecdote où son camarade Alypius a été invité par ses amis à voir un spectacle de gladiateurs. Au début, Alypius refusait de regarder le massacre du gladiateur, mais sa curiosité l'emporta sur sa sagesse et il est écrit : “il ouvrit les yeux et il fut blessé dans son âme plus grièvement que ne l'était dans son corps celui qu'il contemplait avec avidité; il tomba et sa chute fut plus misérable que celle du gladiateur...”. On remarque qu'Alypius se met à la place du gladiateur et ressent sa douleur, il éprouve donc de la pitié. Ses passions sont ainsi purgées mais, d'un autre côté, il est devenu l'égal des spectateurs du combat et prend désormais du plaisir, comme eux, à contempler cette cruauté. Il en est de même dans Andromaque lorsque le lecteur suit les destins tragiques des différents personnages de la pièce. Ces émotions, de pitié, de frayeur, supposent alors une identification. L’intrigue est construite sur la noblesse ou la bassesse des caractères, le bonheur ou le malheur des évènements. Il y a un sens de l’humain dans ces passions, de la fragilité de l’existence, sens qui est partageable par tout homme. Elle éveille donc un « sens de l’humain ». Nous vivons en représentation les passions qui sont celles de l’homme soumis au bonheur puis au malheur (donc on passe d’un extrême à l’autre de la condition humaine). Le fait de les vivre en représentation nous libère du fait de délibérer sur ce qu’il faut faire, nous pouvons simplement contempler. Nous n’avons pas à rationaliser nos passions puisque nous ne devons pas agir mais nous pouvons les vivre à titre théorique. Il y a donc une épuration : au sens où les passions sont vue comme ce que l’on subit, elles sont contemplées et non vécues puisque que quand on les vit, il est difficile de les connaître.


 Aujourd'hui, certains considèrent que la katharsis n'a pas un enjeu moral, mais seulement esthétique. Le spectateur ne se purge pas de ses émotions en voyant des exemples édifiants, mais c'est plutôt le dispositif scénique, le mode de la représentation, qui purge le spectateur de ses émotions. L'homme peut « prendre plaisir aux représentations » :
« nous prenons plaisir à contempler les images les plus exactes de choses dont la vue nous est pénible dans la réalité, comme les formes d'animaux les plus méprisés et des cadavres » (Aristote, Poétique).

Ainsi, par exemple, le spectateur serait horrifié en voyant une mère massacrer ses enfants, mais il peut assister, sans bouger de son siège, à une tragédie sur Médée : c'est que le dispositif théâtral « suffit à le purger » des émotions qu'il éprouverait hors de ce dispositif. La catharsis fait donc intervenir une représentation d'un acte réprimé (par la morale, voire par la Loi), et c'est cette représentation qui permet au spectateur de se « défouler » et ainsi de se libérer de certaines de ses passions.

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