Montaigne, Essais, Livre II, 1595, « Au sujet d’un enfant monstrueux »

Lecture analytique

Montaigne, Essais, Livre II, 1595, « Au sujet d’un enfant monstrueux »

Introduction :

Michel de Montaigne né en 1533 et mort en 1592 est un écrivain humaniste de la Renaissance. Parlementaire à Bordeaux, il est engagé dans le dialogue entre catholiques et protestants, Montaigne se retire dans son château en 1570 après la mort de son ami Etienne de La Boétie, auteur notamment connu pour avoir écrit le Discours de la servitude volontaire, afin d’écrire des Essais, textes relatants une pensée ou un jugement personnel vis à vis d’un sujet lambda. Ses trois livres, regroupant tous ses Essais furent publiés entre 1580 et 1588, dont son dernier en post-mortem ( Marie de Gournay). Le texte « Au sujet d’un enfant monstrueux », extrait du Livre II, nous expose une expérience vécue par Montaigne. Montaigne nous décrit sa rencontre avec un enfant siamois, d’abord de manière scientifique puis d’une manière réfléchie. (LECTURE). Comment Montaigne, au travers de la monstruosité de cet enfant, pose une réflexion sur l’Homme et sa définition. Nous verrons tout d’abord que la réflexion sur l’Homme est due à une rencontre avec un enfant qualifié monstrueux puis en quoi cette rencontre permet à Montaigne de pousser le lecteur à reconsidérer sa définition de l'être humain.

I. Une rencontre qui pousse à la réflexion

A. Un essai 

Ce texte est une rétrospective d’une rencontre réelle entre Montaigne et un enfant monstrueux. Montaigne nous évoque les circonstances de cette rencontre, il décrit d’abord l’enfant puis élargi ses pensées et s’ouvre à une réflexion. La dimension autobiographique du récit se fait ressentir notamment grâce au système d’énonciation. En effet, Montaigne emploie au début du texte la première personne du singulier « je », puis inclu le lecteur en glissant, cette fois-ci, sur la première personne du pluriel. C’est donc une réflexion intime que nous livre Montaigne. De plus les temps du passé simple et de l’imparfait mêlés à l’indice temporel « avant-hier » et au discours au présent de l’indicatif, renforcent cette idée d’authenticité. L’expression « Je vis » nous indique à nouveau que le témoignage qui suit est oculaire, vu par Montaigne. Montaigne réfléchi en deux temps dans cet Essai, il commence d’abord par l’analyse de l’enfant pour ensuite se livrer à une réflexion profonde sur l’humanité.

B. Une description scientifique de l’enfant

La description de l’enfant se fait de manière très rigoureuse, on y retrouve presque une démarche scientifique. La description de l’enfant se fait à l’imparfait et en deux plan, un plan large où l’on présente l’entourage de l’enfant, puis un plan centré sur l’enfant. L’enfant nous est décrit au travers des son attitude, il « se soutenait », il « gazouillait », ainsi que par le biais de détails physiques : « pieds », « tête », son âge « quatorze mois tout juste ». Le lecteur se représente la scène à l’aide des différents outils comme les comparaisons (l. 5 et 10), les repères spatiaux « au dessus » mais encore grâce au connecteur logique « car ». Cependant la monstruosité de l’enfant reste présente dans cette description. On retrouve dès le début du texte le sens étymologique du mot monstre, qui provient du latin monstrare et qui signifie « montrer, désigner ». L’enfant est donc exhibé de façon à ce qu’il ramène « quelque sou » à ses parents, Montaigne critique ici la cupidité de l’Homme. La différence de l’enfant nous est directement exprimée par les mots « étrangeté » et « particulier », ces mots viennent à s’opposer avec le mot « ordinaire ». Cette opposition suscite donc la curiosité et l’incompréhension du lecteur. Le description

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