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Les Obsèques de la Lionne, Jean de la Fontaine

Commentaire de texte : Les Obsèques de la Lionne, Jean de la Fontaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  1 831 Mots (8 Pages)  •  902 Vues

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Valles Demonteil                                                                                         1°2

Elina

Devoir type BAC de français

Commentaire

        Nous sommes en présence d'une fable de Jean de La Fontaine, écrivain du XVIIème siècle issu du classicisme. Cherchant à dénoncer les travers de sa société, cet auteur inspiré d’Ésope et de Phèdre publiera deux recueils de fables, en 1768 et 1778. Ses écrits au caractère quelque fois enfantin feront scandale auprès de la cour du roi soleil, mais qui s'en amusera malgré tout et ne mettra, contre toute attente, aucun bâton dans les roues de La Fontaine. Tirée du second recueil, Les Obsèques de la Lionne est une courte fable composée de 55 vers au cours desquels l'action se déploie à grande vitesse. Ainsi, nous en venons à nous demander : comment Jean de La Fontaine illustre-t-il la citation « plaire et instruire » en dénonçant la société du XVIIème siècle par un apologue satirique ? Nous verrons en premier lieu le côté plaisant de ce court récit, pour en venir à s'interroger son sa portée instructive et moralisatrice.

        Si Diderot soutenait qu'il fallait être « bref et un peu salé » pour mériter l’attention de ses lecteurs et leur communiquer le message souhaité, La Fontaine semble partir du même principe. C'est un récit plaisant qu'il nous offre ici, nous ne pouvons le nier. Or en quoi est-il agréable à la lecture ? Tout d'abord, pour le dynamisme qui s'y retrouve. La forte présence de passé simple, dès le début, marque une action soutenue : « mourut, accourut , s'abandonna, résonna, trouva »... Or nous y décelons également du futur « feraient » et du présent de vérité générale « la colère, comme dit Salomon, est terrible, surtout celle du roi lion ». L'alternance des schémas de rimes (embrassées, suivies, alternées) ainsi que de métriques (octosyllabes, alexandrins) participent également à la création d'un récit au ton non-monotone. De plus, de par la brièveté de cet apologue, nous ne pouvons nous lasser d'un texte bien trop long : voici un aspect de plus renforçant le côté plaisant de ce texte.

        Si nous nous penchons à présent sur la structure du texte, nous nous apercevrons bien vite du caractère très théâtral de la fable. En effet, après une brutale entrée en matière, sans introduction préalable « la femme du lion mourut », la situation initiale se met en place. Comme dans une scène d'exposition, quelques personnages sont présentés, ainsi que le cadre spatio-temporel, quoi que très peu défini, avec le parallélisme : « Un tel jour, en tel lieu ». Les quatre vers « aussitôt chacun accourut (...) qui sont surcroit d'affliction » présentent d'ores et déjà un des thèmes principaux : la flatterie hypocrite de la cour. Puis, au vers 16, le fabuliste fait une brève intervention sur laquelle nous reviendrons par la suite, avant d'attaquer les péripéties. Bien développées et équilibrées, elles s'ouvrent par l'élément déclencheur précédé par le connecteur au vers 25 : « Pour revenir à notre affaire ; le cerf ne pleura point ». Le voici subitement disculpé par l'enjambement avec rejet sur : « la reine avait jadis, égorgé sa femme et son fils ». La faute s'efface aux yeux du lecteur, mais pas à ceux d' »un flatteur », qui va le dénoncer. Le pronom indéfini « un » marque ici que cela aurait pu être qui que ce soit. Il amplifie le crime en disant l'« avoir vu rire ». Or voilà que, retournement de situation, le cerf se justifie de la manière la plus habile qu'il soit, et coup de théâtre, et dénouement la litote « bien loin d'être punie » vient corroborer le  fait même qu'il « eut un présent ».

        Maintenant que le dynamisme et l'aspect théâtral de l'apologue ont expliqué son côté plaisant, tâchons de démontrer le troisième élément qui y contribue : la diversité des voix. En effet, une véritable polyphonie est présente au sein de ce texte. Les passages narratifs sont sans arrêt entrecoupés de discours. Ce discours, direct ou narrativisé « un flatteur l'alla dire », donnant une certaine énergie au texte, est parfois interrompu de sous-discours : « ami, m'a-t-elle dit, garde que ce convoi ». Au milieu de cette alternance apparaît un petit paragraphe inhabituel, la parenthèse de l'auteur : « je définis la cour ». Voilà que nous sortons du récit, ni le narrateur ni les protagonistes ne tiennent les rennes, mais le fabuliste lui-même. Son intervention nous fait prendre du recul quant à l'aspect satirique de la fable, comme s'il venait interrompre son argumentation indirecte par une argumentation directe. Plusieurs procédés sont alors mobilisés pour dépeindre cette société d'hypocrisie : le chiasme vers 18 « prêts à tout, à tout indifférents » ; l'apposition antithétique vers 19 et 20 « être/parêtre » et le parallélisme imagé vers 21 « peuple caméléon, peuple singe du maître ». Il finit sa parenthèse en laissant sous entendre comme une absence d'esprit critique, de réflexion personnelle de la part de la cour avec le présent de vérité générale sur la synecdoque : « on dirait qu'un esprit anime mille corps ; c'est bien là que les gens sont de simple ressorts ». Enfin, nous pouvons relever comme quatrième voix un certain effort pour inclure le lecteur dans le récit : « jugez », « notre », « on » . Nous pouvons interpréter cela comme une stratégie du fabuliste pour que le destinataire s'identifie au cerf et que le message à la clef soit transmis dans les règles de l'art.

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